Alain, "penser c'est dire non"
Dissertation : Alain, "penser c'est dire non". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar louloudu77 • 31 Mars 2017 • Dissertation • 2 129 Mots (9 Pages) • 7 968 Vues
« penser c’est dire non » Alain
Intro : Penser est le propre de l’Homme puisqu’il est synonyme de conscience mais également de réflexion, c’est-a-dire d’une remise en question rationnelle de soi même. Alain nous invite à une réflexion sur l’action de penser en analysant ses composants dans son œuvre Propos sur les pouvoirs de 1924. Qu’appelle Alain « penser » ? Nous analyserons la définition de « penser » avec l’idée de « penser c’est dire non » puis le devoir de penser selon Alain.
I-Penser c’est dire non ?
A] Dire oui et non
Alain commence par établir une analogie entre l’action de penser et celle de dire non. Ainsi il définit penser comme une négation d’une pensée ou d’une idée antérieure. Alain ouvre son texte sur un paradoxe puisque penser pourrait signifier mettre en valeur et affirmer une idée, alors pour quelles raisons penser serait dire non ? L’auteur note que l’action de penser est un processus qui commence par une négation de l’idée à laquelle on pense. Une pensée est unique et donc chaque nouvelle pensée est une remise en question de la précédente. Alain propose la thèse suivante « penser c’est dire non », ainsi il affirme que l’exercice de penser est une remise en question infinie de ses pensées et par conséquent de soi-même. Alain expose ensuite une analogie entre « dire oui » et « un homme qui s’endort ». Il y a une similitude entre le corps qui s’endort et l’affirmation. Un corps endormi conduit vers le domaine de l’inconscient, c’est-a-dire le contraire d’une pensée rationnelle. Selon Alain, dire oui est acquiescer sans réflexion sur la rationalité du propos auquel on adhère. Il définit peut-être alors la pensée endormie. En effet, peut-on penser même lorsqu’on dit oui ? Il s’agirait peut-être d’une pensée non rationnelle et non consciente, qui ne serait pas issue d’une réflexion logique. C’est pour cela qu’Alain oppose dire « oui » à « non ». Il établit l’analogie entre dire non et l’acte de se réveiller. « Le réveil secoue la tête », il secoue physiquement la tête, mais dans un second sens, le réveil fait « ouvrir les yeux » sur la Vérité, il permet d’organiser et d’établir une réflexion. Pour Alain, penser c’est être éveillé. C’est d’ailleurs une thèse que Platon explicite dans son livre L’Apologie de Socrate. En effet, Socrate est comparé à un taon qui réveille le cheval qu’est Athènes. Le taon Socrate, grâce à ses réflexions, ses pensées, ses analyses continues sur Athènes, essaie d’ouvrir les yeux de cette ville sur la Vérité et le Bien. Ainsi avec la philosophie et l’exercice de penser, chacun peut se « réveiller » et entrevoir la Vérité. Alain explicite ainsi sa définition de penser dans la première partie du texte.
B] Dire non à quoi à qui pourquoi ?
Dans une deuxième partie, Alain soulève de nouvelles questions : à qui ou quoi dire non ? Faut-il dire non à tout ? Alain se demande s’il faut dire non « au monde ». Dire « non au monde » signifierait rejeter toutes pensées étrangères à la sienne et permettrait peut-être d’avoir sa pensée strictement personnelle. Pour autant cela semble impossible tellement les pensées de chacun sont entremêlées avec celles des autres. Dire non au tyran semblerait plus raisonnable, c’est-a-dire dire non à une personne excessivement autoritaire qui abuse de tous les pouvoirs qui lui sont conférés. Rejeter les pensées et les actions d’un tyran contre l’oppression qu’il établit semble juste, mais comment le tyran a pu recevoir ses pouvoirs si ce n’est que par l’acquiescement général de son peuple ? Cela repose sur la réflexion d’Etienne de la Boétie sur la Servitude Volontaire, puisqu’il démontre dans son œuvre la part de responsabilité du peuple soumis au tyran. Continuant sa réflexion, Alain propose de « dire non au prêcheur », un individu qui aime faire la morale et qui propose une certaine idéologie. Lui dire non pourrait aboutir à une remise en question du prêcheur lui-même mais ne serait-ce pas remettre en question une certaine morale ? Comment respecter les pensées et les opinions des autres tout en disant non à toutes ? Alain décrète que dire non à quelqu’un ou à quelque chose n’est qu’une apparence puisque la véritable négation doit être faite à sa propre pensée personnelle. En effet, penser est synonyme de réfléchir, de réfuter toutes les opinions et les pensées antérieures, et donc de re-penser. Une pensée est unique et figée dans le temps aussi l’acte de penser est une « re-reflexion » sur une pensée antérieure. Avec les trois exemples que donne Alain à savoir dire non au monde, au tyran, au prêcheur, « dire non » à un moment donné signifie que l’on a eu une opinion antérieure différente de l’actuelle pensée qui dit non. Ainsi avant de dire non, il a forcément fallu « dire oui » c’est-a-dire simplement subir ou croire. Alors dire non est un acte nouveau, de soi même et de sa pensée, dire non à sa propre pensée. Alain associe une forme de bonheur avec l’acquiescement. Il se réfère surement à l’évitement de contrainte lié au « oui ». En effet, penser différemment, réfléchir sur des questions politiques (le tyran), sociales (le monde) ou morales (le prêcheur) peut être dérangeant voire dangereux alors qu’avoir une croyance du même ordre que celles qui dominent, est plus facile à vivre. Cette sécurité que procure le « oui » peut être source de bonheur subjectif. Pour autant, Alain nuance cette idée avec le mot « rompt » qui invite à penser qu’il y a un certain accord rompu entre l’individu qui dit non et l’autre partie. Cette idée revient avec le mot « séparation » qui évoque une pensée originelle qui aurait été divisée en deux. La pensée qui dit non se sépare de sa pensée originelle, c’est-a-dire la pensée qui dit oui. Alain évoque ici l’idée que l’origine de chaque pensée est le oui c’est-a-dire l’option la plus facile comme expliqué précédemment. Après l’idée de rompre, se séparer, vient l’idée, du même registre, de combattre. L’image d’une pensée qui combat contre elle même permet à Alain d’illustrer l’idée d’opposition nette entre deux pensées ; la pensée antérieure et l’actuelle pensée. Il y a donc une certaine lutte entre la première pensée, la pensée non réfléchie, la pensée qui a pu être introduit par un facteur extérieur (le tyran, le prêcheur, le monde ?), et la pensée
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