Les Etats-Unis et le monde depuis 1945

Thème 2 : Grande puissance et conflit dans le monde depuis 1945 :

Chapitre 1: Les États-Unis et le monde depuis 1945 :

Introduction:

C'est la Seconde Guerre Mondiale qui entraîne les États-Unis à s'affirmer à nouveau dans le monde: Le 7 décembre 1941, lorsque l’armée japonaise attaque par surprise la base américaine de Hawaï, Pearl Harbor (dans le Pacifique), les États-Unis décident d’entrer dans la Seconde Guerre mondiale, qui a débuté en 1937 en Asie et en 1939 en Europe. Ils rompent ainsi avec la politique isolationniste qu'ils avaient adoptée après la première guerre mondiale , ils ne voulaient pas intervenir dans les affaires du monde, sauf si c'était leur intérêt, ce qu'on peut résumer en "America first!".

En 1945, quand la guerre se termine, ils font figure de superpuissance mondiale: ils sont, avec l’URSS, l’un des deux vainqueurs du conflit mais eux, ils n’ont subi aucun dommage. La rivalité qui s’installe avec l’URSS entraîne chacun d'eux à constituer son propre "bloc", composé d'alliés indéfectibles durant ce qu'on va appeler la Guerre froide , conflit idéologique et militaire indirect entre les États-Unis et l’URSS de 1947 à 1991. Les États-Unis restent la seule puissance en 1991, lorsque l’URSS vole en éclats. À partir de cette date, ils font  figure d’unique superpuissance mondiale mais celle-ci est contestée et concurrencée.

Problématique : Pour quelles raisons les États-Unis n'ont-ils pas réussi à imposer totalement leur superpuissance depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ?

I- Comment les États-Unis s'imposent-ils comme une grande puissance en 1945?

A- Un des deux grands vainqueurs de la guerre

En 1945, l’armée américaine est engagée dans des combats en Europe de l’Ouest  contre l’Allemagne et en Asie Pacifique contre le Japon. Les États-Unis se sont mobilisés en masse pour le conflit : 12 millions de G.I. (nom donné aux soldats américains, venant du sigle « government issue ») sont partis combattre et l’économie américaine est entrée au service de la guerre : ils sont devenus, selon l’expression du président Franklin D. Roosevelt, "l’arsenal des démocraties" (expression datant de 1940, où il promettait de fournir des armes au Royaume-Uni contre l’Allemagne, sans entrer en guerre). Dès 1941, les États-Unis fournissent des armes à tous les Alliés.

Le 8 mai 1945, les États-Unis obtiennent avec le Royaume Uni, la France et l’URSS la capitulation de l’Allemagne nazie. Pour le Japon, les États-Unis ont recouru à la bombe atomique qu’ils ont lancée sur Hiroshima le 6 août et sur Nagasaki le 9 août plutôt que d'attendre l'aide promise par Staline. Ainsi, les États-Unis obtiennent seuls la capitulation du Japon le 2 septembre 1945, sans rien devoir aux Soviétiques.

B- Les États-Unis, un État prestigieux et puissant :

En Europe de l’Ouest, où les troupes américaines ont débarqué en Italie en 1943 et en France en 1944, les États-Unis jouissent d’un grand prestige : lesG.I. sont perçus par la majorité de la population civile comme des héros et des libérateurs. De nombreuses photos montrent des femmes se jetant au cou des G.I. pour les embrasser quand ils libèrent les villes. C’est à cette occasion qu’ils font connaître des produits américains : le chewing-gum, les cigarettes Lucky Strike ou encore le célèbre Coca-Cola.

En Allemagne et au Japon, les troupes américaines sont perçues tout autrement. En Allemagne, où les G.I. pénètrent en février 1945, la population civile est effrayée et craint des représailles qui n’ont d’ailleurs pas lieu. Au Japon, la propagande développe une haine des États-Unis : l’armée américaine renonce alors à un débarquement et Truman choisit d’utiliser la bombe atomique pour épargner la vie de nombreux G.I. (soldats américains).

Quoi qu'il en soit, à l’issue de la guerre, les États-Unis dominent l’économie mondiale : ils détiennent 80% des stocks d’or mondiaux et représentent 50% de la production industrielle. Cette domination s’explique par le fait que les combats ont épargné le sol des États-Unis et par l’économie de guerre(réorientation de tous les secteurs d’une économie nationale afin de soutenir l’effort de guerre) qu’ils ont mise au service des autres Alliés.

C- Un acteur moteur de la reconstruction et de la paix

En juillet 1944, les États-Unis accueillent la conférence de Bretton Woods, qui met en place le système monétaire international (nouveau système de convertibilité monétaire où toutes les monnaies sont définies par rapport au dollar, seule monnaie convertible en or). A l’issue de la conférence, deux institutions, implantées à Washington, voient le jour : le Fonds monétaire international dont la fonction est d’assurer la stabilité financière et de gérer les crises financières et monétaires et la Banque mondiale dont la vocation est d’assurer la reconstruction et de lutter contre la pauvreté. Le FMI et la banque mondiale sont par la suite intégrés dans les organismes de l'ONU.

En juin 1945, les États-Unis accueillent aussi la conférence de San Francisco, qui donne naissance à l’ONU, dont le siège est à installé New York. Les États-Unis, aux côtés des quatre autres vainqueurs de la guerre (URSS, Royaume-Uni, France et Chine) obtiennent un fauteuil permanent au Conseil de Sécurité avec droit de veto (possibilité pour un État de bloquer toute décision, quel que soit l’avis des autres membres du Conseil de Sécurité) et sont les seuls alors à détenir l’arme nucléaire.

En octobre 1947, ils sont à l'origine des accords du Gatt (General agreement on tariffs and trade ) dont le but est d'obtenir une liberté des échanges généralisées par l'abaissement des droits de douane. Ainsi, si un pays signait un accord particulier avec un autre pays, il devait accorder les mêmes avantages à tous les autres pays. Ces accords s'inscrivent dans une logique libérale (// "libéralisme économique").

II- De 1945 à 1991, les États-Unis assument leur statut de puissance mondiale

A- Les États-Unis forment et dominent le bloc de l'Ouest :

Très vite, les relations entre les États-Unis et l’URSS se dégradent. Staline refuse que ceux- ci dominent seuls la planète. Il veut diffuser le communisme en Europe de l’Est, dans tous les États que l’Armée rouge a libérés et en Asie de l’Est.

En mars 1947, le président Harry Truman définit sa stratégie d’opposition à l’URSS. Il oppose deux camps : celui de la démocratie et des libertés (le camp occidental, mené par les États-Unis) à celui de la dictature, de la terreur et de la censure (le camp oriental, mené par l’URSS). Il s’agit, pour Truman de bloquer l’extension du communisme dans le monde : c’est la politique du "containment " ("endiguement du communisme")

Dès lors, les États-Unis nouent des alliances avec de nombreux États pour former leur camp : l’OEA (Organisation des États américains) en 1948 ; l’OTAN (Pacte Atlantique) en 1949 ; l’ANZUS en 1951 ; l’OTASE (États de l'Asie du Sud-est) en 1954 et le pacte de Bagdad en 1955. Les États-Unis dominent donc des alliances en Amérique, en Europe de l’Ouest, en Afrique du Sud, en Asie du Sud et en Océanie. Leur puissance s'exerce dans ce qu'ils appellent "le monde libre"

Parallèlement, les États-Unis interviennent militairement pour contrecarrer l’expansion du communisme : entre 1950 et 1953, ils s’engagent aux côtés de l’ONU pour éviter  que la Corée du Sud ne tombe aux mains de la Corée du Nord, communiste. En 1962, à Cuba, ils contraignent l’URSS à retirer ses fusées de l’île de Cuba.

B- Une domination contestée (années 1960 et 1970) :

La diplomatie des États-Unis vis-à-vis du monde communiste s’assouplit après la crise de Cuba, où le monde a craint une guerre nucléaire : c’est la  "détente"  (apaisement des relations américano-soviétiques entre 1962 et 1975). En 1972, Nixon signe un accord de désarmement avec Brejnev (SALT =" Strategic Armements Limitation Talks". Les accords SALT concernent l'armement nucléaire) et, en 1978, Carter reconnaît la Chine communiste.

Dans ces deux décennies, les États-Unis connaissent  des difficultés. Entre 1964 et 1975, ils sont engagés dans la guerre du Vietnam (pour éviter que le Sud-Vietnam ne tombe aux mains du Nord-Vietnam, communiste). Mais c’est un échec militaire pour eux et l’opinion publique mondiale conteste fortement l’engagement américain dans ce conflit : Les manifestants américains – représentants du mouvement « hippie » – dénoncent le fait que de nombreux jeunes gens meurent pour une cause qui ne concerne pas directement les États-Unis. Les médias diffusent des photographies choquantes du  conflit et même dans les pays alliés le prestige des États-Unis est en berne.

De plus, la guerre du Vietnam fait littéralement fondre les réserves en or du pays. Comme il n'est plus possible d’assurer la convertibilité du dollar en or, Nixon la suspend en 1971. La puissance économique est elle  aussi atteinte et pas seulement l'image renvoyée par le pays.

C- Les États-Unis finalement grands vainqueurs de la Guerre froide :

En 1979, les États-Unis sont en perte de vitesse, avec la révolution iranienne qui chasse le Shah d'Iran qu'ils avaient contribué à mettre en place à la tête du pays. L'ambassade américaine est prise par les étudiants révolutionnaires et son personnel reste  otage  durant 444 jours sans que le président américain de l'époque, le démocrate Jimmy Carter, puisse les exfiltrer. Lorsque les Soviétiques interviennent en Afghanistan en 1979, il ordonne le boycott des Jeux Olympiques qui, en 1980, se déroulaient à Moscou. Mais les Américains ont l'impression que leur pays s'est affaibli. Leur choix se porte sur le républicain Ronald Reagan, aux élections présidentielles qui suivent.

Au début des années 1980, les États-Unis connaissent un regain de puissance. Le nouveau président, Reagan, se montre intransigeant vis-à-vis de l’URSS. En 1983, il lance une politique de réarmement appelée " initiative de défense stratégique "  (bouclier anti-missiles) afin d’essouffler économiquement l’URSS (qui réarme elle- aussi). En 1987, Gorbatchev, le nouveau dirigeant soviétique, accepte de signer le traité de Washington, qui supprime les missiles nucléaires en Europe.

L’affaiblissement économique de l’URSS et la politique de Gorbatchev (fondée sur la non-ingérence dans les affaires des États du bloc de l’Est et sur le refus d’interventions armées) conduisent à l’effondrement des régimes communistes en Europe et à l’implosion de l’URSS entre 1989 et 1991. En décembre 1991, Gorbatchev, dans un discours, annonce la fin de l'URSS et son remplacement par une CEI (Communauté d' États indépendants). La Guerre froide se termine donc par la victoire des États-Unis, dans la mesure où leur concurrent a disparu.

III- Les États-Unis ont-ils le monopole de la puissance mondiale depuis 1991?

A- Seule superpuissance: la tentation de l'unilatéralisme :

Dans le discours qu’il prononce devant le Congrès en janvier 1992, le président George H. Bush présente sa vision du monde pour l’après Guerre froide : c’est le "nouvel ordre mondial" . C’est un monde pacifié puisque la Guerre froide a pris fin avec la fin du communisme. C’est aussi un monde uni puisque la logique bipolaire a cessé d’exister. A la tête de ce monde, on ne trouve plus qu’une seule superpuissance : les États-Unis. Dans ces conditions, ils sont tentés de faire preuve d’unilatéralisme.Par conséquent, certains ont même parlé, à propos des États-Unis, d’"hyperpuissance ".

Dans les faits, le monde d’après Guerre froide est toujours marqué par des conflits. La guerre du Golfe, qui a lieu au début de 1991 (avant l'acte de décès de l'URSS), en est l’illustration: Toute la communauté internationale se soude derrière l’ONU et les États-Unis (y compris l’URSS) pour empêcher l’invasion du Koweït par l’Irak. D’autres conflits violents ont lieu pendant les années 1990 : les guerres en Yougoslavie où l’action de la communauté internationale est inefficace (UE et ONU). Les États-Unis, dans le cadre del’OTAN, interviennent pour neutraliser les forces serbes en 1995, ce qui met fin à cette guerre. 

...