Le socialisme: discours de Karl Liebknecht et extrait du livre des mémoires de Philipp Scheidemann, « L’effondrement »
Commentaire de texte : Le socialisme: discours de Karl Liebknecht et extrait du livre des mémoires de Philipp Scheidemann, « L’effondrement ». Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tatacaco • 12 Avril 2017 • Commentaire de texte • 1 409 Mots (6 Pages) • 2 259 Vues
L’économie allemande connait des difficultés et des pénuries à cause de la durée de la guerre plus longue que prévue et au blocus. Les classes dirigeantes accepteraient la possibilité d'une défaite. Ebert, (SPD) est nommé pour négocier au mieux une défaite honorable et éviter un soulèvement social après l'abdication de Guillaume II (9 novembre 1918). L’Allemagne voit le régime impérial en place disparaître.
Une fracture apparaît alors chez les militants socialistes, qui vont chercher à s’emparer du pouvoir. D’un coté il y a le SPD qui veut mettre en place un régime parlementaire et arriver au pouvoir par la voie légale des urnes ; et de l’autre coté, les militants de l’USPD qui veulent prendre pour modèle les évènements de Russie, qui ont amené la chute du tsar et mis en place un régime communiste. Les membres de l’USPD les plus durs, les spartakistes, veulent profiter de l’occasion pour faire changer les choses.
L’opposition entre les 2 conceptions du socialisme va se terminer par un conflit sanglant. La séparation totale a lieu lorsque le premier parti communiste est fondé en 1919 avec pour leaders, Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht qui préparent un soulèvement. En même temps, ils ne reconnaissent pas la légitimité de la République de Weimar qui se créée avec à sa tête Ebert, membre SPD. C’est d’ailleurs Ebert qui sera chargé de la répression contre les spartakistes lors de la Semaine Sanglante
Ces deux documents montrent le point de vue de deux militants socialistes appartenant à des branches différentes. Comment comprendre les divisions au sein du monde ouvrier allemand et de quelles manières se sont-elles séparée ? Nous verrons d’abord le projet de Liebknecht puis nous le comparerons à celui de Scheidemann. Notre troisième partie montrera que cette rupture amènera nécessairement à l’affrontement, provoquant la fracture irrémédiable entre les deux branches du socialisme allemand.
Le document 1 est un extrait du discours de Karl Liebknecht, datant du 9 novembre 1918. C’est l’un des dirigeants de la Ligue Spartakiste, le Spartakusbund, association marxiste, du courant révolutionnaire. Il effectue ce discours devant le Palais royal à Berlin et y proclame l’avènement de « la République socialiste libre d’Allemagne » le jour de l’abdication de l’Empereur Guillaume II et que la ville est plongée dans le chaos de l’insurrection.
Karl Liebknecht, leader avec Rosa Luxemburg du mouvement spartakiste, appartient à la branche gauche du socialisme allemand. Le modèle bolchévique en place en Russie depuis 1917, lui plait et il aimerait le reproduire en Allemagne. Il espère en tant qu’internationaliste « rassembler tous les peuples », lutter contre le « capitalisme qui a transformé l’Europe en un champ de cadavres ». Un mouvement insurrectionnel éclate à Berlin le 9 novembre 1918 afin de reprendre le pouvoir. L'armée rejoint les insurgés qui affluent en masse vers le centre. Liebknecht fait hisser le drapeau rouge sur le château royal et fait proclamer sans aucune légitimité pour le faire la « république socialiste libre d’Allemagne ».
Il ne reconnait pas la République de Weimar qui vient de naître. C’est cette non-reconnaissance de la République de Weimar qui sera la cause de la rupture entre les sociaux-démocrates et les révolutionnaires.
Dans ce discours, il rappelle les sacrifices que le mouvement ouvrier a connu sous l’Empire depuis 1871. Il emploie un vocabulaire fort, un registre tragique : « ces millions de victimes de la tyrannie…) ces crânes brisés baignant dans leur sang(…) ces millions de femmes et d’enfants morts de chagrin et misère ». Puis, il parle du sacrifice de La Première Guerre Mondiale voulue par les capitalistes et dont il dénonçait avec Rosa Luxemburg l’inutilité.
Liebknecht veut que « ces esclaves du capitalisme » se libèrent de l’idéologie nationale et profiter de l’opportunité du moment. Il faut poursuivre et terminer la « révolution mondiale » qui a commencée en Russie et qui est suivi par des mouvements d’insurrection à Kiel qui s’étendent à d’autres villes d’Allemagne.
En fait son objectif est clair. Il s’agit d’imposer « une République socialiste libre d’Allemagne » sur le modèle communiste. On retrouve des termes de dictature du prolétariat : « Le gouvernement des ouvriers et des soldats », « le nouvel ordre étatique du prolétariat ».
Aussi, Liebknecht, leader spartakiste refuse tout compromis avec le SPD, Philipp Scheidemann qui, quelques heures plus tôt, devant
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