La connaissance, l'exemple d'Emmanuelle Charpentier
Étude de cas : La connaissance, l'exemple d'Emmanuelle Charpentier. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar apolline-coupeau • 6 Février 2021 • Étude de cas • 1 831 Mots (8 Pages) • 772 Vues
Rigueur, persévérance et créativité sont les principales qualités attendues d’un scientifique. Cependant, pour les femmes exerçant ce métier, les attendus semblent changer. C’est le cas d’Emmanuelle Charpentier, qui sera l’objet de notre étude. Elle est avant tout une femme française, chercheuse et ayant reçu le Prix Nobel de chimie en 2020, qui est une très haute distinction internationale car un seul prix est décerné par an et par discipline. Pourtant, ses collègues la décrivent avant tout comme une « belle » femme.
Dans cet article du 13 janvier 2021, le journal 1 Hebdo aborde ce sujet. Ce journal souhaite offrir chaque semaine une analyse singulière, éclairant les questions clés de notre époque, dans un esprit d’ouverture et de partage. Dans une vision plus large, il diffuse la connaissance. On entend par « la connaissance » l’ensemble des résultats, des découvertes faites, acquises et transmises par l’homme.
Dans quelle mesure ce document montre-t-il qu’Emmanuelle Charpentier illustre les enjeux actuels de la connaissance ?
Emmanuelle Charpentier illustre les enjeux de la connaissance à divers titres, que ce soit au niveau de sa formation, de son métier en tant que tel, ou de la diffusion du savoir.
De prime abord, Emmanuelle Charpentier n’est pas issue d’une famille de chercheurs ou d’une catégorie socio-professionnelle particulièrement élevée. Elle est née en banlieue parisienne, son père est « responsable d’espaces verts » et sa mère « cadre d’un service hospitalier ». Ses origines ne la distinguent donc pas particulièrement des autres Français. Pourtant, très jeune, elle a démontré un intérêt très fort pour les sciences fondamentales, et a décidé qu’elle voulait « passer sa vie à étudier ». C’est par sa volonté, sa curiosité, son intelligence et son goût de la science et de la connaissance qu’elle va se lancer dans des études scientifiques, qu’elle va d’ailleurs brillamment réussir, malgré le fait qu’être une femme dans ce milieu professionnel peut parfois s’apparenter à un handicap. Elle a refusé de se plier aux attendus que l’on avait des femmes il n’y a pas si longtemps, c’est a dire de leur administrer seulement un savoir limité. Cela est la plupart du temps dû à des barrières socio-culturelles et économiques, ou aux préjugés sexistes, qui sont encore bien trop présents dans nos sociétés actuelles. Il est possible de déduire de ce parcours que l’ascenseur social français, s’il est parfois décrié, fonctionne encore : des jeunes que rien ne distingue particulièrement peuvent accéder à de très hautes études par leur seule ténacité, qu’il s’agisse de garçons ou de filles, même s’il apparaît dans ce portrait que le fait d’être une fille dans le milieu scientifique représente une difficulté de plus. Elle a en effet dû « se battre encore plus pour être prise au sérieux », car pour certains il est difficile d’imaginer qu’une femme puisse être intelligente et belle.
Dans d’autres pays, notamment anglo-saxons, le coût des études est tel qu’il peut décourager des jeunes d’origine modeste de se lancer dans de longues études, à moins d’être prêt à s’endetter durant de longues années. Il y a une sélection par l’argent qui n’existe quasiment pas en France.
Emmanuelle Charpentier passe donc toutes ses années universitaires en France et devient une chercheuse particulièrement brillante et reconnue au niveau mondial : on peut donc en conclure que le système universitaire français est excellent et qu’il est à même de former des scientifiques de haut vol. Il assure un accès direct à la connaissance. Cette assertion se confirme par le fait que de nombreux jeunes étrangers viennent étudier et se former dans notre pays, en dépit de certaines lois qui ont tenté de ralentir l’afflux de ces étudiants, et des conditions d’accueil pas toujours favorables, notamment pour ce qui est des logements étudiants.
Le système français de formation des scientifiques est de très bon niveau, reconnu comme tel dans le monde, notamment grâce au fait que son élitisme ne repose pas sur la capacité financière des étudiants. Il contribue ainsi à la construction de la connaissance.
Une fois ses études achevées, Emmanuelle Charpentier commence ses recherches en France, à l’Institut Pasteur. Elle révèle des capacités hors du commun, selon les collègues qui l’ont approchée. Pourtant, l’Institut n’arrivera pas à conserver au sein de ses équipes cette jeune femme.
En effet, à 28 ans, elle s’expatrie au États-Unis, puis dans d’autres pays où elle va poursuivre ses recherches fondamentales. Les scientifiques l’ayant rencontré à cette époque la décrivent comme une femme très indépendante, qui « savait où elle voulait aller », ayant un projet bien défini. Ce parcours révèle les faiblesses de la France en matière d’opportunités offertes à ses chercheurs. La France sait former ses chercheurs, mais semble ne pas savoir les retenir.
Plusieurs raisons permettent d’expliquer cela. Tout d’abord, la France dispose de structures à la gouvernance obsolète : dans le texte, il apparaît que l’Institut Pasteur est dirigé de façon médiocre. De plus, les chercheurs français sont mal payés par rapport à l’étranger, et connaissent des conditions de travail non optimales, comme par exemple des laboratoires sous-équipés. En outre, les scientifiques font face à des lourdeurs administratives telles qu’ils se plaignent de passer une bonne partie de leur temps à remplir des dossiers et à tenter de trouver des financements plutôt qu’à exercer leur métier, à savoir chercher.
Les recherches sont également entravées par des réglementations strictes. Ainsi, la loi bioéthique actuellement examinée par le Parlement encadre étroitement la recherche sur les embryons et sur les cellules souches pluripotentes, demande aux chercheurs de dire exactement quel est le but de leurs travaux, alors que d’autres pays laissent une beaucoup plus grande liberté
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