La conférence de Berlin et le partage colonial de l'Afrique
Cours : La conférence de Berlin et le partage colonial de l'Afrique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Louka Kowalczyk • 18 Mai 2021 • Cours • 1 523 Mots (7 Pages) • 1 233 Vues
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Des frontières pour se partager des territoires : la Conférence de Berlin (1884-1885) et le partage colonial de l’Afrique
Dans le cadre de la colonisation de l’Afrique, les Européens s’imposent des règles du jeu, destinées à réguler l’appropriation des territoires ; l’établissement de frontières est plus complexe que ce qui est habituellement admis.
L’exploration et la conquête 🕮 p.203 n°2 - carte
En 1850, l’Afrique est largement inconnue aux Européens, où la présence européenne est encore rare. Elle se limite à des comptoirs (portugais, espagnols, français, anglais) sur le littoral, héritage du premier âge colonial (XVe-XVIIIe s.) fondé sur la traite négrière.
De 1850 à 1880, c’est le temps des explorations : les explorateurs, partant des côtes et remontant les fleuves, permettent aux géographes de dresser les 1ères cartes du continent, correctes pour les côtes, lacunaires pour l’intérieur. A partir de 1880, c’est le temps de l’armée et de la fièvre coloniale. Les pouvoirs publics prennent en charge la colonisation, le partage de l’Afrique étant déclenché par le déclin de l’empire ottoman (« la question d’orient ») qui attise les convoitises des Etats européens en proie à « la fièvre coloniale », y compris de nouveaux pays, Belgique, Italie, Allemagne : ils se sont lancés dans la compétition pour les colonies, la « course au clocher » ou « scramble ».
C’est l’armée qui dirige les missions d’exploration et ce sont des militaires qui sont ensuite à la tête de vastes régions (Gallieni à Madagascar, Kitchener au Soudan, Lyautey au Maroc).
Des règles de bonne conduite et des accords de partage, qui n’empêchent pas les crises
Pour fixer les règles de la compétition entre eux, accorder leurs intérêts économiques et éviter les conflits armés qui pourraient en découler, les pays européens cherchent à s’entendre alors même que l’intérieur du continent du continent encore très largement inconnu. 🕮 p.202 n°1 - carte
La conférence de Berlin (nov 1884 - fév 1885) réunit 15 Etats (Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, États-Unis, France, Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Portugal, Russie, Suède, Empire ottoman).
Les signataires s’engagent à 🕮 p.204 n°2 et 3-schéma
- d’un point de vue humanitaire : « désenclaver l’Afrique afin qu’elle puisse bénéficier des bienfaits de la civilisation», interdire l’esclavage (pratiqué sous une forme domestique et, à une autre échelle, en Angola et dans les iles)
- d’un point de vue économique et libéral, admettre la liberté du commerce sur les fleuves Niger et Congo.
- d’un point de vue politique, respecter quelques règles de reconnaissance pour les occupations nouvelles de la côte : pour proclamer une de ses colonies africaines, l’État européen concerné (Empire ottoman inclus) devait en assurer l’occupation
La conférence accélère la prise de possession des terres puisqu’elle dispose que tout territoire nouvellement occupé par une puissance coloniale lui appartient désormais, sous réserve du respect des règles, sans qu’une autre puissance coloniale ne puisse s’opposer.
Parallèlement, les accords de partage se multiplient :
- Royaume-Uni et Allemagne signent un traité 1890 : en échange de vagues zones d'influences en Afrique, mais surtout d’un îlot stratégique en mer du Nord, l'Empire allemand permet une extension de la présence britannique sur la côte africaine de l’océan indien.
- France et Royaume-Uni s’entendent : "en un mot nous vous donnons l'Egypte en échange du Maroc" aurait-dit Paul Cambon, l’ambassadeur de France à Londres pendant les négociations (1904)
- Allemagne et France négocient : la France cède un peu de Soudan pour avoir le Maroc (1911)
- France, Royaume-Uni et Belgique se partagent ses colonies après la défaite de l’empire allemand en 1918
Ils se traduisent par des échanges de territoires et dans le tracé, parfois rectiligne, des frontières. 🕮 p.205 n°1 carte + 2 et 4
Malgré ces compromis, les tensions entre pays colonisateurs, nées des rivalités impérialistes et des ambitions géopolitiques 🕮 p.203 n°3 - cartes, n’évitent pas les crises telles que 🕮 p.205 n°3 - carte
- la guerre des Boers - en fait 2 conflits (1880 -1881 et 1899 - 1902) entre le Royaume-Uni et les colons hollandais, allemands, français
- la crise de Fachoda, qui oppose la France au Royaume-Uni (1898)
- les crises de Tanger et d’Agadir (1905-1906, 1911), le Maroc étant disputé entre la France et l’Allemagne
Au total, en 1914, toute l’Afrique, à l’exception de 2 territoires, est colonisée.
- Frontières imposées, frontières en procès
L’appropriation des territoires africains par les pays européens s’est accompagnée de l’imposition de frontières linéaires, qui marquent la limite de leur souveraineté respective. Cette projection de leurs propres cadres conceptuel et territorial s’explique par l’enjeu : renforcer la puissance de la métropole, en exaltant sa grandeur (en hommes, en territoires, en bienfaits) et en accroissant sa richesse (en ressources naturelles et en débouchés pour les capitaux et certains biens et équipements). Ce sont d’abord des frontières de chancellerie, dites aussi « frontières de papier », fixées par les diplomates, dessinées à la hâte sur des fragments de cartes approximatives et inscrites dans des documents diplomatiques, considérées comme provisoires, dans l’attente d’une meilleure connaissance de terrain. Les missions militaires de reconnaissance et d’occupation se succèdent sur de longues années pour la fixer concrètement. Il est cependant arrivé que l’on s’en contente.
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