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L'Etat providence

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Par   •  2 Février 2022  •  Dissertation  •  1 826 Mots (8 Pages)  •  850 Vues

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L’Etat-providence est-il un concept vieilli ?

L’Etat providence remplit une double fonction :

- prémunir les individus contre les risques (maladie, chômage, accidents)

- redistribuer les richesses en vue de répondre à un principe de justice.

Son fondement philosophique est le principe de solidarité, qui énonce que la société a une dette envers les individus.

En France, l’EP s’est matérialisé dans la mise en place de la sécurité sociale après la Libération, en 1945.

A partir de la fin des années 70, on assisté à une crise du financement de l’EP : les dépenses de prestations sociales explosaient dans un contexte de ralentissement de la croissance. Parallèlement, le triomphe du libéralisme a porté un coup idéologique à la notion d’Etat-providence considéré comme contre-productif. On a vu ressurgir tout un discours sur les dangers d’un Etat qui déresponsabilise l’individu et le met dans un Etat de paresse.

La critique de l’Etat-providence est entrée aujourd’hui dans une nouvelle phase, car ce sont les fondements philosophiques mêmes du concept d’Etat providence qui sont remis en cause. Il s’en trouve par là-même considérablement vieilli.

On peut donc se demander si

L’effritement des principes philosophiques qui sont au fondement du concept d’Etat providence, entraînent son vieillissement définitif ? On est ensuite amené à s’interroger sur la possibilité d’un cadre alternatif à l’EP pour remplir un objectif de justice sociale ?

  1. Les fondements philosophiques du concept d’Etat-providence

  1. Le concept est vieilli car les principes philosophiques qui le fondent -la notion d’égalité et le principe de solidarité- sont en crise.
  1. Peut-on penser la justice sociale en dehors de l’EP? Pour voir les limites d’une approche exclusivement libérale.

I] Les fondements philosophiques de l’Etat providence

II] L’effritement des fondements philosophiques de l’Etat providence

  1. La crise de l’égalité

  1. La désagrégation du principe de solidarité

La crise du concept d’Etat-providence tient en second lieu à l’effritement du principe de solidarité. La première cause en est que la solidarité est vivifiée en temps de guerre mais s’essouffle en temps de paix La seconde tient à ce que Rosanvallon appelle la « déchirure du voile d’ignorance ».

  • La guerre

L’histoire moderne de la sécurité sociale est inséparable du renforcement du lien civique provoqué par les deux guerres mondiales. C’est parce que les individus sont prêts à mourir pour la patrie que celle-ci a une dette à leur égard.

Le propre de la guerre est d’assurer un principe d’équivalence radicale : chaque vie pèse d’un même poids. Surtout, la guerre radicalise le cours des existences et fortifie le lien social. C’est pour cela que la mise en place de l’EP tient en grande partie à la reformulation du contrat social qui a suivi la seconde guerre mondiale. L’exposé de l’ordonnance de 1945, portant sur l’organisation de la sécurité sociale, parle ainsi de « l’élan de fraternité et de rapprochement des classes qui marque la fin de la guerre ».

  • Ensuite, la solidarité s’effrite à cause de la « déchirure du voile d’ignorance »

L’Etat-providence suppose que les individus soient égaux devant les différents risques sociaux qui les menacent (accident, chômage, maladie). L’opacité du social est condition implicite du sentiment d’équité. C’est ce que Rawls appelle le « voile d’ignorance ».

Mais aujourd’hui , le social est moins opaque. Et la meilleure connaissance que la société a de ses différences tend à modifier la perception du juste et de l’injuste.

Par exemple, avec les progrès de la science en matière génétique, on est capable dès l’examen de l’embryon, de savoir si le sujet développera ou non certaines maladies. La notion de risque, qui est à la base du système assurantiel, change de nature : il devient prévisible, et donc plus individualisé. Cette connaissances accrue des différences entre individus met à l’épreuve les fondements du contrat social. Si les hommes sont naturellement solidaires face à un destin qu’ils ignorent, ceux qui savent qu’ils seront épargnés par telle maladie très coûteuse, n’accepteront pas forcément de payer les mêmes cotisations que ceux qui sont condamnés à développer cette affection. Inversement, si je sais que je profiterai statistiquement moins longtemps de ma retraite que d’autres il n’est pas sûr que j’accepte de cotiser au même taux qu’eux. Je considérerai qu’il soit juste de tenir compte de cette disparité. On peut dire que l’information est source de différenciation.

Lorsque les informations disponibles sur les individus se multiplient, on assiste à est un mouvement de désolidarisation.

Le concept d’Etat-providence est donc incontestablement vieilli. On est alors amené à s’interroger sur les possibilités d’atteindre un objectif de justice sociale en dehors du cadre de l’Etat providence.

III] Quel cadre alternatif à l’Etat providence pour penser  la justice sociale ?

1/ Conceptions libérales de la justice.

La pensée libérale dans son ensemble rejette l’existence d’un Etat redistributeur. L’Etat doit se cantonner à ses fonctions régaliennes. Néanmoins, pour légitimer sa critique de l’Etat providence, la pensée libérale tente de démontrer que le modèle qu’elle propose est compatible avec la justice sociale.

  • Pour Smith, le Marché remplit parfaitement cette fonction de justice commutative. La justice commutative correspond à la maxime « à chacun selon son mérite » tandis que la justice distributive :  « à chacun selon ses besoins ».

Le marché repose pour Smith sur le principe d’un échange équilibré –valeur contre valeur- mutuellement avantageux. Il est en ce sens à la fois efficace et équitable. Il écrira dans la Richesse Des Nations que le marché représente « l’accord admirable de l’intérêt et de la justice ».

Dans cette perspective, le développement d’inégalités peut être rigoureusement compatible avec le principe de l’échange équitable. Les inégalités sont comprises comme le résultat de l’usage différent que les individus choisissent de faire de leur liberté. Elles peuvent provenir du fait que les individus peuvent décider de travailler moins ou de prendre moins de risques que d’autres. Ces inégalités sont donc justes. Elles traduisent des différences librement désirées et non pas des injustices subies. Il n’y a donc pas lieu de les corriger ou de les combattre.

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