L' Afrique, les défis du développement
Cours : L' Afrique, les défis du développement. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Kadaugann • 19 Novembre 2017 • Cours • 3 236 Mots (13 Pages) • 747 Vues
L'Afrique : les défis du développement 2 sujets de composition sont envisageables : - Le Sahara, ressources et conflits - Le continent africain face au développement et à la mondialisation 1 croquis peut être demandé : - L’Afrique dans la mondialisation Introduction L'Afrique est un continent en pleine expansion, avec une population jeune et de nombreux États en développement. Marqués par la pauvreté et la guerre, ces États cherchent aujourd'hui à tirer leur épingle du jeu de la mondialisation. Peuplé de plus d'un milliard d'êtres humains, le continent est aujourd'hui l'objet de convoitises internationales. Le Sahara est un espace de ressources mais aussi de conflits, dont les événements ont une résonance globale. Le continent dans son ensemble doit faire face au problème du développement et de la mondialisation. I] Le Sahara, ressources et conflits A. Une région contraignante mais riche en ressources du sous-sol Un vaste espace désertique ... Le Sahara est une large bande désertique qui s'étend sur environ 8,5 km², de l'océan Atlantique à la mer Rouge (5 000 km) et du Sahel à l'Afrique du nord (2 000 km). Un puissant anticyclone y limite les précipitations à 100 mm/an au nord (limite méridionale de l'olivier) et 200 mm/an au sud (limite septentrionale du cram-cram); les zones les plus sèches reçoivent moins de 0,5 mm d'eau par an en moyenne et les températures peuvent atteindre les 50 degrés. De vastes étendues planes (les regs) aux paysages banals et monotones forment l'essentiel du Sahara central. Ils sont séparés les uns des autres par des ensembles dunaires, les ergs (le sable ne couvrant que 20% de la surface du Sahara). On y trouve également d'immenses hauts plateaux (comme le tassili N'Ajjer au sud-est de l'Algérie) et quelques massifs montagneux, souvent d'origine volcanique, comme le Hoggar (Algérie), l'Aïr (Niger) ou le Tibesti (Tchad et Libye) dont le plus haut sommet (l'Emi Koussi) culmine à 3415 m d'altitude. Ces massifs, plus arrosés, ont longtemps constitué des espaces privilégiés d'implantation pour les populations sahariennes (le terme Tibesti signifie d'ailleurs « lieu où vivent les habitants des montagnes »). … Peu densément peuplé ... Le Sahara est aujourd'hui peuplé d'environ 7 millions d'habitants (surtout sur ses marges), pour une densité de population moyenne de moins d'un habitant/km². L'espace saharien est partagé entre 4 principaux groupes de population: les Maures (Maroc, Mauritanie, Sénégal), les Touaregs (1.5 millions de personnes réparties entre 5 pays: Algérie, Libye, Niger, Mali et Burkina Faso), les Toubous (Tchad, Libye et Niger) et les Zaghawas (Soudan, Tchad, Libye). Ces populations, traditionnellement nomades (pasteurs, commerçants), sont aujourd'hui largement sédentaires et urbaines (80% de la population). Elles se concentrent ainsi dans les oasis et surtout dans les villes qui ont émergé depuis quelques décennies du fait de l'explosion démographique, de la modernisation des moyens de transports, des activités commerciales et des actions des différents gouvernements pour sédentariser les populations sahariennes (comme la scolarisation obligatoire) et mieux contrôler leur territoire. Les principales villes sont Nouakchott (capitale de la Mauritanie) Adrar, Agadès, Tamanrasset, Sebha, Djanet ou encore Koufra. … Mais riche en ressources du sous-sol Le sous-sol saharien est extrêmement riche en ressources diverses. On y trouve tout d'abord des minerais: le Sahara occidental produit des phosphates, le Niger et le Mali de l'uranium, la Mauritanie du fer, le Maroc et le Mali de l'or. Ces gisements génèrent des activités économiques et des rentes financières nécessaires à la mise en œuvre de politiques de développement mais attisent aussi la convoitise des FTN des pays industrialisés comme celle des responsables politiques locaux et des groupes armées. De plus, le sous-sol du Sahara renferme d'importantes réserves de pétrole et de gaz, découverte dans les années 1950 par des géologues français, en particulier au Algérie (où les hydrocarbures représentent près de 90% des revenus liés aux exportations et 40% de son PIB), en Libye et dans une moindre mesure au Sahara occidental, au Tchad, en Mauritanie et au Niger. Ces gisements sont exploités par des sociétés nationales, comme en Libye (deuxième producteur de pétrole brut du continent après le Nigeria et plus grandes réserves d'Afrique, estimées à 46,4 milliards de barils) où l'industrie pétrolière est gérée par l'entreprise publique National Oil Corporation. Le pétrole libyen est de qualité, peu cher à produire et proche des centres de consommation; il fournit 93% des recettes du pays et 95% de ses exportations (selon des chiffres de 2005, qui ne sont donc plus d'actualité) mais il a surtout profité au dictateur Mouammar Kadhafi. Enfin, le sous-sol saharien abrite de vastes nappes aquifères (formation géologique poreuse et/ou fissurée et perméable qui peut stocker l'eau), constituées il y a plus de 10 000 ans lorsque le climat de la région était plus humide. Les aquifères du Sahara septentrional, qui occupent plus d'un million de km² principalement en l'Algérie et en Libye, recèlent environ 31 000 milliards de mètres cubes d'eau. L'exploitation de ces ressources constitue un enjeux majeur en terme de développement (usage domestique, agricole, touristique...) mais aussi d'environnement. En effet, l'eau de ces nappes permet d'alimenter les villes et les activités littorales (industrie, tourisme, agriculture) en la pompant puis en la dérivant, comme en Tunisie, ou en Libye avec la création de la « grande rivière artificielle ». Il s'agit d'un gigantesque aménagement hydraulique qui permet de pomper l'eau dans les nappes sahariennes (480 puits, entre 500 et 800 m de profondeur) et de la répartir sur le parcours d'une « rivière artificielle » (en réalité une canalisation souterraine géante) qui traverse le pays du nord au sud sur plus de 3000 km. Des périmètres agricoles irrigués ont ainsi pu être développés en plein désert, comme dans la région de Koufra. Toutefois, ces nappes se rechargent très lentement et le niveau des eaux s'est abaissé de 25 à 50 mètres selon les endroits entre 1950 et 2000. De nombreuses sources naturelles, autour desquelles se sont développées des oasis traditionnelles, ont ainsi tendance à se tarir et la qualité des eaux et des sols se dégrade rapidement (salinisation/minéralisation des eaux). B. Un espace de flux et d'échanges : le Sahara, une interface africaine Un espace d'échanges ancien Loin d'être une « barrière » infranchissable, le Sahara constitue en réalité une interface active entre l'Afrique subsaharienne au sud et les pays méditerranéens au nord. Cette vaste mer continentale est en effet sillonnée de multiples flux tant humains que matériels, licites qu'illicites, et ce depuis plusieurs siècles. Malgré les contraintes et les difficultés pour le traverser, les disparités de ressources entre des régions aux climats contrastés ont constitué un grand attrait pour le commerce. Dés le IX siècle avant notre ère, des échanges transsahariens se développent, animés par les phéniciens puis par les grecs et les romains (qui importaient notamment de l'ivoire et des esclaves). A partir du Moyen-Age (et jusqu'au XIXème siècle), le commerce saharien devient caravanier et repose sur l'utilisation du dromadaire. Les « pays noirs » du sud fournissent de l'ambre, de la noix de kola, du poivre de Guinée, des peaux et surtout de l'or et des esclaves ; l'Afrique du nord et l'Égypte vendent des bijoux, des chevaux, du tissu, des dattes et du blé alors que le Sahara approvisionne les autres régions en sel. Ce commerce entraîne la prospérité des transporteurs/marchands nomades comme des États du sud du Sahara (Mali, Ghana...). En partie interrompu par la colonisation européenne, le commerce transsaharien renait dans les années 1960, les camions ayant largement remplacé les dromadaires. Un espace d'échanges difficilement contrôlable De nombreux flux commerciaux traversent aujourd'hui le Sahara. La région est tout d'abord un fournisseur de matières premières minérales et énergétiques, principalement à destination des puissances industrielles du nord et d'Asie (85% du pétrole libyen est par exemple exporté vers l'Europe). Des oléoducs/gazoducs conduisent les ressources issues des gisements sahariens vers les littoraux où se concentrent raffineries, pôles industriels et infrastructures portuaires (Arzew et Skikda en Algérie, Syrte en Libye, Port-Soudan au Soudan). En outre, un projet de gazoduc transsaharien (le « Trans-Saharan Gas Pipeline ») devrait permettre d'acheminer les ressources gazières du Nigeria vers les ports algériens (puis vers l'Europe) via le Niger. Long de 4 300 kilomètres (pour un coût de plus de 21 milliards de dollars), il devrait transporter annuellement entre 20 et 30 milliards de mètres cubes de gaz naturel et devrait être doublé d’une autoroute Alger-Abuja ou Alger-Lagos, ainsi que d’une ligne de fibres optiques. La réalisation du projet est toutefois aujourd'hui ralentie/menacée par l'insécurité qui règne au Nigeria et dans l'espace saharien. Par ailleurs, les biens agricoles et manufacturés circulent de plus en plus à travers le désert : du sel, du bétail, de l'arachide et du henné venant du sud, des pâtes alimentaires, de la semoule, des produits électroménagers, des téléphones mobiles ou encore du carburant en provenance du nord. Ce commerce se développe grâce aux routes et voies ferrées construites par les États de la région pour désenclaver le Sahara, l'intégrer au reste du territoire national et donc accroitre leur contrôle sur les zones désertiques. Les villes, dynamisées par ces infrastructures jouent le rôle de carrefour commerciaux, de nœuds dans des réseaux de communication en densification. Ces échanges sont en partie légaux et en partie liés à la contrebande. En effet, en raison de la difficile surveillance des territoires sahariens, de la porosité des frontières et du niveau élevé de corruption des responsables politiques comme des forces de l'ordre, le Sahara est devenu depuis quelques décennies un vaste espace de contrebande et de trafic de produits licites mais aussi illicite : armes (depuis la Libye et le MoyenOrient, notamment depuis la chute du régime de Kadhafi), drogues (notamment la cocaïne en provenance d'Amérique latine qui transite par le désert pour arriver au marché de consommation européen), êtres humains, biens de consommation courante, cigarettes, médicaments... Les recettes de ce trafic alimentent les caisses de bandes armés, de groupes terroristes et de familles commerçantes. Un espace de transit et de migration Si les peuples nomades du Sahara sont aujourd'hui largement sédentarisés, le désert demeure un vaste espace de circulation pour des milliers de migrants, le plus souvent clandestins. Originaires d'Afrique subsaharienne, cherchant à fuir la pauvreté ou les conflits (Afrique de l'est, Mali...) et à rejoindre l'Europe et ses richesses, les migrants tentent de traverser le vide saharien pour rejoindre l'Afrique du nord (la Libye, le Maroc et l'Algérie principalement) avant d'embarquer pour la traversée de la Méditerranée. Si le drame humain que constitue cette dernière est aujourd'hui largement médiatisé, le voyage transsaharien occasionne lui aussi bien souvent périls et souffrances. Il est généralement fait en plusieurs étapes et peut prendre plusieurs années. En route, les migrants s'installent souvent temporairement dans des carrefours migratoires (comme Tamanrasset ou Agadès) pour travailler et épargner suffisamment d'argent pour la prochaine étape. Les migrants dépensent plusieurs centaines de dollars pour satisfaire leurs besoins quotidiens, payer les pots-de-vin aux autorités, les passeurs et les trajets (qui se font en camions ou en pick-up). Lors du voyage, il arrive que les migrants soient abandonnés par les passeurs (comme ce fut le cas en mai 2014 où l'armée soudanaise a secouru plus de 600 Érythréens) et même parfois kidnappés et brutalisés (torturés) pour obtenir des rançons (c'est particulièrement le cas pour les Érythréens). Le drame humain de l'immigration est également saharien. C. Un espace de tensions et de conflits : le Sahara convoité Les tensions frontalières 10 États indépendants se partagent l'espace saharien : Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Soudan. Si l'immensité du désert rend parfois difficilement contrôlable les frontières, celles-ci sont toutefois connues et clairement tracées. Malgré tout, certaines limites d'États sont encore discutées (comme entre le Maroc et l'Algérie dans le Sahara occidental) ou non reconnues comme c'est le cas pour le Sahara occidental. Ce territoire de 266 000 km² sans statut juridique définitif depuis le départ des espagnols en 1976 est revendiqué à la fois par le Maroc et par la République Arabe Sahraouie Démocratique (proclamée par le mouvement politique et armé du Front Polisario en 1976 qui cherche à obtenir l'indépendance totale de la région). Depuis le cessez-le-feu de 1991, le Maroc contrôle et administre environ 80% du territoire, tandis que le Front Polisario en contrôle 20%, laissés par le Maroc derrière une longue ceinture de sécurité (le « mur marocain »). Les ressources en phosphate ainsi que les gisement de pétrole au large du Sahara occidental expliquent en partie la convoitise de ces acteurs. L'ONU est toujours présente dans la région pour maintenir la paix. Les conflits internes Certains États sahariens sont également déstabilisés par des tensions internes, comme entre sédentaires et nomades, entre agriculteurs et éleveurs pour l'utilisation des ressources en eau, entre différents groupes ethniques (comme avec les Touaregs au Mali) ou encore entre une partie de la population et le pouvoir central comme lors des « Printemps Arabes ». Débuté en 2010 en Tunisie avant de toucher l'Égypte et la Libye, ces mouvements révolutionnaires spontanés ont amené à la destitution de dictateurs en place depuis plusieurs décennies (Hosni Moubarak en Egypte, Ben Ali en Tunisie et Mouammar Kadhafi en Libye). C'est d'ailleurs dans ce pays que les affrontements ont été les plus violents et ont abouti à une véritable guerre civile opposant les troupes de M. Khadafi aux insurgés du Conseil National de Transition. La répression sanglante des opposants, ainsi que des intérêts économiques et politiques, ont amené l'ONU à adopter la résolution 1973 mettant en place une zone d'exclusion aérienne et autorisant les frappes militaires contre les troupes loyalistes afin de protéger les populations civiles. Les opérations ont été menées par des forces françaises et par celles l'OTAN entre mars et octobre 2011 (mort de Khadafi et proclamation à Benghazi de la « libération » de la Libye par le président du CNT). Malgré la chute du dictateur, le retour à la paix n'a pas eu lieu et depuis 2014 un conflit oppose deux gouvernements rivaux (celui internationalement reconnu de la Chambre des Représentants et son rival islamiste du Congrès Général National) ainsi que plusieurs groupes djihadistes (dont certains affiliés à Daesh). Les différents enjeux économiques (pétrole), idéologiques (islamisme) et nationaliste (Berbères, Toubous et Touaregs) sont ainsi en passe de faire imploser le pays. En outre, ils témoignent de l'intégration de la région à des enjeux géopolitiques globaux. Le Mali et le Niger sont également secoués par des troubles civiles, notamment liés aux différentes « rebellions Touaregs » débutées en 1916. En 2012, des combats ont ainsi opposé l'armée malienne aux rebelles du Mouvement National pour la Libération de l'Azawad (MNLA) qui revendique l'autodétermination et l'indépendance de la région. Ce conflit engendre des difficultés alimentaires pour les populations de la région dont une partie se réfugie dans les pays voisins. Si les considérations ethniques/nationalistes sont à prendre en compte dans la compréhension de ce conflit, la volonté de s'approprier les ressources minières et les revenus qu'elles génèrent constituent également un facteur essentiel d'explication. En outre, l'entrée en jeu de groupes islamistes (notamment AQMI) dans le conflit rend encore plus complexe et chaotique la situation du Mali Une région connectée à des enjeux géopolitiques mondiaux Depuis 2007, le groupe terroriste salafiste « Al Qaïda au Maghreb Islamique » (AQMI), né de l'intégration de l'organisation terroriste algérienne du « Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat » (GSPC) à la mouvance AlQaïda, est particulièrement actif dans la zone saharienne. Celle-ci est en effet propice au camouflage de petits groupes mobiles, offre une multitude de refuges et rend donc difficile les actions de repérage et les interventions militaires. Le groupe, qui a l'origine cherchait à prendre le pouvoir en Algérie, participe à présent au djihad mondial: entre 2003 et 2010, il multiplie les rapts dans la zone Sahara-Sahel (de touristes, de membres d'ONG, de salariés des FTN occidentales...) et demande des rançons pour leur libération (ce qui leur aurait permis d’accumuler près 70 millions d’euros) ou assassine leurs otages. A partir de 2009, la région devient une « forteresse de la guerre sainte » vouée à accueillir et à entraîner les djihadistes du Maghreb et des pays subsahariens limitrophes. L'ambition est, comme le souhaitait Oussama Ben Laden, de créer un « nouvel Afghanistan » aux portes de l’Europe, une « base » à partir de laquelle préparer l’assaut contre le littoral maghrébin et le sud de l’Europe. AQMI participe également aux différents trafics qui s'organisent dans la région (produits de consommation courante, véhicules, cigarettes, vrais ou faux médicaments, armes, drogue, émigrants clandestins...) afin de financer leurs activités et l'achat de leurs armes (qui viennent principalement de Libye depuis la chute de Kadhafi en 2011). L'organisation s'est ainsi rapprochée des groupes rebelles Touaregs présents dans la région (dont l'Islam est pourtant bien éloigné du salafisme) qui, grâce à leur connaissance des routes de contrebande, servent d'intermédiaires à tous les réseaux désireux de transiter par le Sahara (AQMI mais aussi les narcotrafiquants de Colombie et du Mexique, du Moyen-Orient et du Maghreb). La criminalisation économique du Sahara est donc en train d'évoluer vers une criminalité politico-religieuse pour laquelle la contrebande constitue un moyen de financement. Les Touaregs revendent également des otages aux djihadistes et les aident parfois dans leurs actions en échange de leur protection et de leur appui. C'est ainsi que les salafistes ont soutenu les indépendantistes du MNLA lors de leur attaque au nord du Mali en 2012, avant de poursuivre seul l'offensive dans la région de Mopti début 2013. Ce conflit provoqua l'entrée en guerre de la France (opération Serval) et de pays membres de Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui parvinrent à repousser les djihadistes. Un cessez-le-feu a été signé en juin 2013, mais la région est encore loin d'avoir retrouvée sa stabilité. Comme le souligne l'historien et géopoliticien Patrice Gourdin, « tout concourt à faire de l’espace saharo-sahélien la plus vaste zone d’instabilité et de non-droit de la planète : la géographie, la paupérisation persistante sinon organisée des Touaregs, les convoitises étrangères, l’extrémisme politico-religieux et les mafias ». L'intervention de puissances extérieurs témoignent en effet de l'importance géo-stratégique et géo-économique de la région: défense des intérêts économiques (accès aux matières premières, recherche de débouchés commerciaux, ventes d’armements), protection des ressortissants nationaux, lutte contre le trafic de produits illicites et contre le terrorisme international, limitation de l'immigration clandestine (l'amalgame étant d'ailleurs souvent fait entre terrorisme et clandestins), recherche d'États alliés... Autant d'enjeux qui font du rétablissement de l'ordre et de la sécurité au Sahara un impératif pour de nombreux États, parmi lesquelles la France, la Chine et les États-Unis. Pour ces derniers, le Sahara est désormais un « front de guerre contre le terrorisme » dans la mesure où ils jugent que leur propre sécurité dépend du succès dans la lutte qui les oppose aux islamistes. Les intérêts américains ne se limitent toutefois pas à cet aspect. Les États-Unis cherchent en effet également à affirmer leur présence dans cette région (et plus généralement sur l'ensemble du continent africain) à la fois pour contrer l'implantation croissante des chinois, diversifier leurs sources d'approvisionnement en hydrocarbures et se procurer des matières premières. Ils ont ainsi largement contribué à l'aide au développement dans la région, multiplié les investissements et augmenté de manière significative leur coopération et leur présence militaires (en 2005, ils mirent par exemple en place la Trans-Saharan Counterterrorism Initiative avec l’Algérie, le Burkina-Faso, la Libye, le Maroc, la Tunisie, le Tchad, le Mali, le Mauritanie, le Niger, le Nigeria et le Sénégal et ont créé en 2007 un commandement militaire régional spécial, l’AFRICOM).
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