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« Jeunesse » et « engagement » : synonymes ou antonymes ?

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Par   •  31 Octobre 2019  •  Dissertation  •  1 961 Mots (8 Pages)  •  593 Vues

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« Jeunesse » et « engagement » : synonymes ou antonymes ?

En cette année 2018, le monde entier a fêté le cinquantenaire de l’année 1968, symbole-même

de l’engagement de la jeunesse.

Mais, peut-on comparer l’état d’esprit de la jeunesse en 1968 et en 2018 ? Selon le sociologue

Camille Peugny, les jeunes de 2018 sont « dépossédés des leviers de changement social ». En

effet, la jeunesse de 2018 souffrirait d’une non-représentation politique. D’après le

sociologue, on comptait dans les années 1980 à l’Assemblée Nationale autant de trentenaires

que de sexagénaires ; ces derniers sont huit fois plus nombreux de nos jours. Pourtant, il

existe d’autres ressorts : les parents des jeunes de 2018 ont grandi dans la crise. Dans une

période de croissance faible, l’angoisse d’être déclassé socialement a remplacé le désir des

soixante-huitards de briller socialement. En interrogeant des adultes qui ont vécu mai 68, on

s’aperçoit rapidement que les jeunes de cette époque étaient alors plus indépendants du

consumérisme, c’est-à-dire de la volonté de consommer. Selon le journal numérique Slate.fr

« la société numérique et consumériste nous infantilise » : la société serait « peuplée

d'adultes qui ressemblent à des enfants », n’ayant plus la capacité de se révolter contre les

principes et normes qui encadrent la société, particulièrement celles imposées par les firmes

« GAFA » telles que Google, Amazon, Facebook ou Apple. Le journal Libération décrit en

2018 notre société comme étant « bienveillante et geek, vegan et réseauteuse, édifiante et

décroissante ».

Ainsi, qu’elle a été l’évolution de l’engagement de la jeunesse dans la société ? Pourquoi les

jeunes d’aujourd’hui semblent-ils moins engagés que leurs ainés dans les années 1960 ?

Pour bien cibler les enjeux de l’engagement de la jeunesse, il faut prendre du recul sur

l’actualité. Comprendre l’actualité au travers de l’Histoire, telle est la vocation de cette vidéo.

I) Baby-boom, consumérisme et engagement politique (1945-1975)

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1950, le taux de natalité dépasse 20

naissances pour 1000 habitants, contre moins de 14 pour 1000 habitants en 1940. En France, le

taux de natalité n’a jamais été aussi fort auparavant : on parle alors de « baby-boom », pour

qualifier la génération de bébés, nés entre 1945 et 1965. Dans tous les pays occidentaux, on

observe d’ailleurs ce même phénomène. En quelques années, la population rajeunit

considérablement. C’est pour cela qu’à la fin des années 1960, 32% des français sont des

jeunes, contre moins de 25% de nos jours.

Grâce à leur poids démographique important, la jeunesse française s’affirme comme une

catégorie sociale, avec laquelle il faut compter. En effet, la jeunesse parvient dans les années

1960 à imposer sa culture, contrairement aux générations précédentes. Avec l’émergence de

la société de consommation dans les pays du Bloc occidental, les jeunes européens et

américains ont accès à de nombreux loisirs. La démocratisation des communications et des

médias permet la mise en lumière de véritables icônes de la jeunesse d’après-guerre : des

chanteurs comme les Beatles ou les Rollin ‘Stones, ou des acteurs de cinéma tels que James

Dean. Grâce à cette importante médiatisation, les jeunes consomment de produits comme les

disques vinyles de rock ou de yéyé, les radios ou les guitares, qui sont généralement associés

à leurs loisirs d’adolescents. On assiste en outre à une uniformisation des goûts des jeunes et de leur style vestimentaire. Pour la première fois dans l’Histoire, une « culture jeune » est

fondée, rassemblant toute une génération autour de valeurs communes.

Par ailleurs, la jeunesse rejette les valeurs de la France gaullienne des années 1960, car les

« baby-boomers » ne se reconnaissent pas dans les valeurs traditionnelles de la France de

Gaulle, tout comme la rigidité des normes sociales de l’époque. En effet, les jeunes filles sont

enfermées dans le rôle d’épouse et de mère au foyer, tandis que les jeunes garçons sont

préoccupés par le service militaire ainsi que le travail. Durant les années 1960, le poids du

pouvoir sur les médias est très important : l’ORTF a le monopole sur l’information en France.

C’est pourquoi la liberté d’expression est toujours contrôlée en Occident, au même titre que

les mœurs, puisque par exemple l’avortement est illégal et les femmes ne peuvent pas encore

demander le divorce. En 1966, seuls 12% des jeunes, provenant des catégories sociales les

plus aisées, passent leur baccalauréat. Ainsi, la société française est en décalage avec les

aspirations de la jeunesse du « Baby-boom ».

Ce décalage débouche en 1968 sur la montée en puissance d’un mouvement contestataire,

revendiquant en autres l’accès à

...

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