Extrait des "Institutione regia" - Jonas d'Orléans.

Phrase d'accroche : « Un roi juste est l'ombre de Dieu sur la terre ». Ce proverbe arabe montre véritablement que le roi qui est bon représente la volonté de Dieu sur la terre. Le roi est le repréntant de dieu et doit agir selon les ordres dicté par le tout puissant.

Présentation du texte : L'extrait commenté provient des « Institutione regia » de Jonas d'Orléans. Jonas naquis vers 760 en Aquitaine, ou il passa les premières années de sa vie. D'après les dernières recherches, il fut poète à la cour de Charlemagne. A la mort de ce dernier, il fut élevé à l'épiscopat par Louis Le Pieux, jusque là roi d'Aquitaine. Jonas succéda à l'espagnol Théodulphe sur le siège d'Orléans. Dans son diocèse, il dépliya son activité d'évêque de diverses manières. Il réforma et encouragea la vie monastique. Il fut mis à contribution par l'empereur pour résoudre des problèmes touchant aux domaines religieux et politiques. Dans l'institution royale, il définit la royauté comme un ministère.   A l'époque carolingienne, l'évêque Jonas d'Orléans entreprend d'écrire au roi d'Aquitaine Pépin Ier un petit traité sur le métier de roi dont la portée va bien au-delà d'un manuel d'éducation des princes. Jonas se fait ici le représentant de l'épiscopat pour rappeler à un roi, au bord de la sédition, ses devoirs envers son père et le peuple chrétien. À la suite de l'« Admonition au roi Pépin » qui ouvre le traité, l'« Opuscule de la charge royale » commence par distinguer cette charge de celle des évêques. La collaboration harmonieuse du roi et des évêques permet de mettre en œuvre, dans la société, les exigences concrètes du message chrétien. Mais Jonas envisage plus que la fonction politique. Après avoir traité du gouvernement royal, il donne une charte des devoirs du roi a l'égard des autres hommes. Cela fait de ce manuel un guide pour la vie des chrétiens, le roi n'étant que le premier d'entre eux.

Contexte historique : Un redressement va s’opérer grâce aux efforts conjugués d’un moine (saint Boniface), d’un pape et d’une famille soucieuse du bien commun, celle des maires du palais d’Austrasie. Tous ces acteurs ont à cœur de réaliser un projet grandiose élaboré dans les monastères : l’unité de l’Occident dans le christianisme par une union étroite du pape et du roi.
Avec les Carolingiens, la légitimité théologique trouve un plein épanouissement.

En novembre 751, Pépin est élu roi des Francs par les grands du royaume (aristocratie comtale). Pépin se dit que sa prise de pouvoir s’apparente à un coup d’État, il décide donc de faire légitimer sa prise de pouvoir. Il va alors utiliser la tradition biblique. Dans la Bible, les conseillers de Pépin trouvent l’institution du sacre qui va lui permettre d’asseoir son autorité. Il va donc se faire sacrer par les évêques gaulois. C’est la première fois dans l’Histoire qu’un roi Franc est sacré. Pépin va inaugurer une tradition qui va durer plus de dix siècles et qui illustre l’alliance du trône et de l’autel. Mais ce sacre de 751 n’a été administré que par les évêques de Gaule. En 754, Pépin est sacré de nouveau par le Pape Étienne II. Pépin va en profiter pour assurer la transmission dynastique du pouvoir en faisant sacrer ses deux fils Carloman et Charles. Les trois princes sont appelés « rois des Francs, patrices des Romains ». Le pape menace d’excommunication ceux qui prendraient le trône des Francs sans être de la lignée de Pépin. Le sacre bénéficie autant à la royauté carolingienne qu’à la papauté. Il offre une légitimité nouvelle à la royauté, le Carolingien devient « lieutenant de Dieu sur Terre ».  Les descendants de Pépin le Bref sont imprégnés des paroles de saint Isidore de Séville, c'est à dire que la fidèlité des princes devant Dieu et l'Eglise est essentielle et obligatoire pour promouvoir la paix. Par la cérémonie du sacre ils reconnaîssent que la royauté vient de Dieu et qu’ils Lui doivent des comptes sur le salut du peuple qui lui a été confié. Leurs personne devient sacrée. Le roi est le protecteur actif de l’Église, il chasse l’hérésie, au besoin il convoque et préside même un concile. Dans l’ordre de la légitimité naturelle, les Carolingiens font leur le principe résumé par l’évêque saint Jonas d’Orléans dans son traité surl’Institution royale (De institutione regia).  La fonction royale est de gouverner et régir le peuple de Dieu avec équité et justice, pour qu’il puisse conserver la paix et la concorde. L’unité de l’Occident et son redressement sont réalisés par Charlemagne à la faveur d’un long règne. Cette époque est marqué par la renaissance carolingienne. L'administration  est centralisée et efficace, le royaume est divisé en provinces à la tête desquelles le roi désigne un comte qui est son représentant. Il y aussi un renouveau intellectuel et religieux. On redécouvre le latin et le grec, on débarrasse les écritures saintes des ajouts et des fautes de traduction des copistes. De nombreuses écoles sont ouvertes auprès des évêchés et des monastères destinées à fournir un clergé compétent et des administrateurs convenablement instruits. Les ordres sont à nouveau formulés par écrit par les capitulaires.

Intéret du sujet : L'intérêt du texte est de monter la collaboration de la papauté et du pouvoir royal. Puis la naissance du gouvernment divin, du gouvernement de Dieu.

Problématique :  

Annonce du plan : Dans ce traité adressé à Pépin le Bref, Jonas se fait représentant de l’épiscopat pour rappeler au Roi ses devoirs, son rôle et ses responsabilités envers le peuple chrétien (I). Puis la naissance du gouvernement divin (II).

I/ Le roi : Un individu humble

        Il convient d'introduire cette première partie dans la qualification du roi (A). Puis par la suite d'étudier ses responsabilités envers son peuple (B).

A/ La désignation du roi

        Le roi est à la tête de l'administation royal en plus d'être le vicaire du christ, il doit être un individu en qui le peuple peut avoir confiance, de bonne volonté et de bonne croyance s'il veut maintenir l'unité de son royaume.

« Le nom de Roi (…) s'il gouverne avec piété, justice et miséricorde »

Le nom de « roi » est par définition celui qui exerce la royauté. Cependant Jonas se fait ici le représentant de l'épiscopat pour rappeler à un roi, au bout de la sédition, ses devoirs envers son père « le pape » et le peuple chrétien. Pour portez le nom de roi, il faut gouverner avec amour, être impartiale et clément.

...