Analyse de Document "Les mémoires de la 2GM"
Analyse sectorielle : Analyse de Document "Les mémoires de la 2GM". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Christian Zeballos • 17 Avril 2017 • Analyse sectorielle • 1 533 Mots (7 Pages) • 2 632 Vues
Analyse de documents : mémoires
Rarement des événements ont traumatisé des sociétés comme ceux vécus entre 1940 et 1945, la société française n’échappe pas à cela. Traumatisme d’autant plus fort que cette société fut profondément divisée par des choix idéologiques et des milliers d’assassinats.
Ainsi après avoir présenté les documents, nous les confronterons en expliquant que leurs intentions différentes s’expliquent par leur contexte historique. Puis nous montrerons en quoi ils témoignent d’une évolution importante de la société.
Nous sommes en présence de deux textes, le premier est un discours prononcé à Paris par Charles de Gaulle le 14 octobre 1944 et publié par l’édition Plon en 1970. Le général de Gaulle connu comme le pilier de la résistance durant la seconde guerre mondiale fut par la suite instigateur de la Ve République fondée en 1958, et le premier à occuper la magistrature suprême sous cette Cinquième République. Le second document est un article de Françoise Giroud (1916-2003) paru le 3 mai 1971 dans le journal L’Express à propos du film vérité « le chagrin et la pitié » de Marcel Ophuls. Françoise Giroud, femme de renom du XX ème siècle, aura toute sa vie menée de nombreux combats. Elle a aussi bien participé à la Résistance (arrêté par la Gestapo au printemps 1944), que diriger la rédaction du magazine féministe ELLE, ou être la cofondatrice du magazine L’Express mais aussi ministre sous la présidence de Giscard d’Estaing.
Le 14 octobre 1944, Charles de Gaulle prononce son discours dans un contexte instable, une partie du pays se trouve toujours sous occupation allemande, par exemple Montbéliard libéré un mois après (le 19/11/1944), une guerre pas finie (8 mai en Europe et 2 septembre 1945 en Asie), un pays en ruines (bombardements), misère (pillage lié aux conventions de l'armistice). Et surtout la nécessité par une épuration judiciaire de contrôler les excès de l'épuration extrajudiciaire (été-septembre 1944).
Le message qu’il va essayer de transmettre est directement attaché au contexte historique. « Nous devons nous unir » est l’objectif principal du Général de Gaulle, une union nationale. Mais cet objectif est entachée de nombreuses scissions dans la société, « des malheurs que nous venons de traverser et qui nous ont blessés et opposés les uns aux autres », c’est une référence directe aux pétainistes, aux résistants et au peuple. Pour éviter cette opposition, il va donner une image du français, trompé, abusé par Vichy « certains ont pu céder à l'illusion ou au découragement quand le désastre et le mensonge avaient submergé notre pays. ». Le français est donc pardonnable « l’immense majorité d’entre nous furent et sont des français de bonne foi. », mais ceux qui auront directement collaboré avec le régime nazi ne seront pas graciés « poignée de misérables et d'indignes, dont l’État fait et fera justice ». C’est un moyen pour arrêter les massacres de l’épuration sauvage extrajudiciaire qui a fait environ 9000 morts. Et mettre en place de vrais procès qui ont notamment conduit à l’exécution de plusieurs chefs du régime de Vichy par exemple Pierre Laval, condamné à mort pour Haute trahison et fusillé le 15 octobre 1945. Dans son discours de Gaulle fait référence aux résistants « ceux qui s'opposèrent vaillamment à l'ennemi », toutefois son principal but n’est pas que de leur rendre hommage. Non, il va diffuser le message que la France a besoin à cette époque, « La France est formée de tous les Français. Elle a besoin de leur union […] mais de leur union réelle, sincère, fraternelle. », d'une union par-delà les différences, de l'unité nationale.
Lors de la sortie en 1971 du film « le chagrin et la pitié de Marcel Ophuls, on se trouve dans une période de rupture permis par plusieurs événements. En effet la mort du Général de Gaulle en 1970 permet une libération des discours, une nouvelle génération née après la guerre arrive à l’âge adulte et réalise que les multiples histoires familiales ne collent que rarement au discours officiel ; mai 1968, la jeunesse remet en cause la société d’après-guerre, les tabous sautent. Une nouvelle recherche historique voit le jour. C’est sur ce dernier point que s’intéresse les ouvrages les plus marquants des années 70, l’exemple le plus célèbre est le livre de l’historien américain Robert Paxton en 1973 « la France de Vichy ».
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