Étude linéaire : La princesse de Clèves scène du pavillon
Commentaire de texte : Étude linéaire : La princesse de Clèves scène du pavillon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar loulou_ • 16 Mars 2022 • Commentaire de texte • 1 688 Mots (7 Pages) • 2 046 Vues
Étude linéaire n°3 La scène du pavillon
Contextualisation Etude Linéaire 1 :
Situation :
Afin d’échapper à sa passion coupable pour le duc de Nemours, la princesse de Clèves, fidèle
en cela aux préceptes de sa mère « Ayez de la force et du courage ma fille, retirez-vous de la Cour », ainsi, Mme de Clèves se retire à Coulommiers. Le duc décide de s’y rendre, suivi à son insu par un espion de Monsieur de Clèves, il s’introduit en pleine nuit dans la propriété afin de voir la princesse.
Extrait :
La scène se déroule la nuit, dans la forêt, un cadre spatio-temporel qui laisse toute sa place à l’inconscient et ses désirs. Dans l’extrait, la princesse, contemplant un portrait de Nemours, est observé dans son intimité par le duc de Nemours, lui-même observé par un espion de Monsieur de Clèves : chacun regarde l’autre sans savoir être espionné. L’absence de réciprocité des regards traduit l’impossibilité de la passion.
Problématique :
Comment Mme de La Fayette, par la mise en scène et le jeu des regards construit-elle une scène d’amour indirecte qui donne à voir l’intensité de la passion des personnages ?
Composition de l’extrait :
• Ambivalence du lieu et du chevalier (l. 1-7) « Les palissades...que faisait Mme de
Clèves. »
• La Princesse dans un tableau (l. 7 à 15) « Il vit... à M. de Nemours. »
• Une passion silencieuse (l. 15-23) « Après qu’elle eut... nul autre amant. »
I – Ambivalence du lieu et du chevalier
L’amant passionné et chevaleresque ose transgresser l’interdit pour approcher dans un lieu
ouvert/fermé celle qu’il aime.
A – L’épreuve du lieu
M. de Nemours apparaît comme un chevalier mis à l’épreuve pour rejoindre sa belle : il
franchit les « palissades », terme répété à deux reprises sans nul doute une métaphore pour symboliser les remparts de la passion interdite.
L’adverbe et l’adjectif précisent « fort hautes », placées ainsi pour « empêcher qu’on ne pût entrer ». La démarche, même courtoise, reste transgressive.
Paradoxalement et logiquement dans cet espace à la fois fermé et ouvert, une antithèse signale que Nemours parvient à se faire un « passage », les frontières qui séparent les deux amants sont poreuses.
Le parcours est qualifié de « difficile », l’intrusion est sur le point d’échouer mais l’adverbe « néanmoins » qui accompagne « en vint à bout » signale la pugnacité du duc.
Ce topos de la scène de rencontre dans un jardin est le décor propice à l’éclosion du sentiment amoureux, l’endroit est éclairé poétiquement avec le contraste de la nuit et des lumières dont Mme de Clèves semble auréolée, éblouissement causé par sa vue. Ces obstacles surmontés, accéder à Madame de Clèves semble une invitation.
B – Amant courtois ou voyeur énamouré ?
Le personnage s’inscrit ainsi dans la tradition de l’amour courtois ; ses qualités de courage et d’endurance, lui permettent de vaincre les obstacles et se rattachent à un héroïsme chevaleresque en lien avec la littérature précieuse.
La conquête que va entreprendre M. de Nemours montre d’abord un homme aux prises avec la passion. L’allitération en « t » pourrait évoquer les battements de cœur du duc de Nemours ou le suspense qui découle de son attente.
En effet, tout concourt à une scène équivoque « en se glissant le long, il s’en approcha, il se rangea derrière », ses remarques prouvent l’intrusion illicite, il admire à une distance respectueuse. On réalise « le trouble et l’émotion », dont la force sémantique désigne pour l’un le sentiment amoureux, pour l’autre le trouble sensuel cependant « la porte » de dresse toujours devant lui.
Pour finir, la mention du statut marital de la princesse qui achève la phrase « Mme de Clèves » signale un dernier interdit et l’obstacle majeur.
II - La Princesse dans un tableau (l. 7 à 15)
En effet, la quête chevaleresque de M. de Nemours se teinte discrètement d’érotisme. Jouant avec la bienséance, le narrateur dévoile et cache à la fois la nudité de la princesse. Il la met en scène dans un étrange tableau.
A – Une scène voluptueuse
La vérité de la passion est pourtant sans équivoque, la mention du « lit de repos » et la posture alanguie de la Princesse contribuent à l’érotisme diffus qui parcourt toute la scène : « il faisait chaud », « elle n’avait rien ». C’est donc l’été, saison culminante pour les passions. Le
changement de point de vue contribue à rendre l’effet plus prégnant, puisqu’il s’agit de celui de Nemours en focalisation interne.
Cette première vision par Nemours, de la Princesse, légèrement vêtue et sans apprêts, elle n’a « rien sur sa tête et sur sa gorge », et « ses cheveux » sont « confusément rattachés », dévoile une certaine sensualité. C’est la périphrase « maître du transport » qui définit l’élan amoureux de M.
de Nemours, empêché malgré tout de rejoindre Mme de Clèves.
La
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