Épigraphe pour un livre condamné
Commentaire de texte : Épigraphe pour un livre condamné. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar NicoFouck • 4 Mai 2020 • Commentaire de texte • 2 173 Mots (9 Pages) • 3 812 Vues
Explication linéaire 71
Charles Baudelaire
(1821-1867)
Épigraphe2 pour un livre condamné
CXXXIII
Entre le formalisme, le classicisme et le romantisme, Baudelaire invente une troisième voie,
celle de la modernité3. Celle-ci se caractérise par de nouveaux rapports entre l’émotion et le
langage. À sa parution, le livre intitulé Les Fleurs du Mal, est jugé « scandaleux » et
« révolutionnaire ». Les thèmes abordés sont nombreux : corruption de la nature, malédiction du
génie, force de la révolte, l’imaginaire, etc. Le titre antithétique du recueil le plus célèbre de Charles
Baudelaire, sonne comme une provocation lors de sa première publication en 1857. Le poète y
décrit sa descente aux enfers et son tiraillement entre le spleen et l’Idéal, le sublime et le sordide.
« Épigraphe pour un livre condamné » est un sonnet en octosyllabes, genre bien représenté
dans le recueil, qui apparaît dans l'édition de 1868, il devient le premier poème de la section Fleurs
du Mal. Il est publié dans une édition définitive, à titre posthume chez Michel Lévy. Á l'intérieur du
poème, se succèdent quatre thématiques, quatre parties correspondant aux quatre strophes (il s'agit
des mouvements du texte) puisque l'on constate tout d'abord une impossibilité de compréhension et de
partage poétique, devenue au fil du sonnet requête de compassion mais au dernier ressort celui-ci
révèle l'attitude cruelle du poète contre son lecteur – sa malédiction.
questions envisageables à l'oral . retenez bien qu'il ne s 'agit que de pistes, de propositions ; n'oubliez pas non plus
que celle-ci doit orienter votre analyse et doit rendre compte de vos impressions de lecteur.
•
Comment le poète annonce-t-il, au lecteur, l'influence du Mal sur son oeuvre ?
•
En quoi le poète est-il une figure du Mal voire le Mal lui-même ?
•
Comment le poète présente-t-il, au lecteur, son intention d'extraire le beau du Mal ?
Le poème s'ouvre sur une adresse au « lecteur », individu nageant dans le bonheur, dans une
plénitude totale. Il est en paix, tranquille et « bucolique ». Ce dernier terme renvoie à la pastorale,
poésie classique qu'il s'agisse en effet du bouvier – personnage récurrent dans ce genre-ou encore
de l'églogue4. Cette référence est augmentée par les deux adjectifs suivants « sobre » et « naïf » qui
en rappellent le style et évoquent l'opinion de Baudelaire sur cette littérature. Pour ce dernier, celui
qui apprécie ce type de littérature est nécessairement un « homme de bien » donc un homme riche,
ayant des possessions mais aussi et, dans une certaine mesure, le bien pensant, le bon. Le chiasme,
présent dans les deux premiers vers, met en exergue5 cette idée. Cet homme, par nature, semble
s'opposer au poète qualifié, lui, d'homme du mal par ses détracteurs.
Le troisième vers débute par une injonction, un conseil directement adressée à ce lecteur et souligne
l'impossibilité de compréhension de la part de celui-ci. Ce « jette », répété mais suivi d'une
ponctuation différente au vers 7 constitue une anaphore, une insistance sur ce manque. « Ce livre »,
non nommé est bel et bien le recueil, celui qui a été « condamné ». Les trois adjectifs épithètes
« saturnien »6, « orgiaque » et «mélancolique » le définissent or les deux premières n'apparaissent
pas dans les Fleurs du Mal.
1 https://commentairecompose.fr/les-fleurs-du-mal/les-fleurs-du-mal-analyse/
2 Épigraphe : nom féminin. Dans le titre du sonnet, le mot, est un emprunt savant au grec qui signifie littérairement « écrit sur », donc
« inscripotion », « maxime ». Il indique une inscription sur un édifice, contenant des informations comme sa date de construction et sa
destination, etc.
3 Modernité : C’est une forme de romantisme maîtrisé, ancré dans le présent de l’Histoire. Elle est aussi une manière de mettre les pouvoirs de l’art
au service de l’inspiration. Il s’agit aussi d’une poétique de l’imagination : c’est l’imagination qui, au coeur du langage, permet l’expression de la
modernité.
4 Églogue : Poème de style classique consacré à un sujet pastoral. Les poèmes de ce genre littéraire sont parfois qualifiés de « bucoliques ».
5 Exergue : Inscription en tête d'un ouvrage, en bas d'une médaille.
Synonyme : inscription
6 Saturnien : l'épithète inscrit l'ouvrage sous l'emprise de Saturne, tutélaire de la mélancolie.
Dans cette première strophe Baudelaire annonce les thèmes, registres que contiennent son recueil
mais aussi, il fait référence à deux courants bien distincts mais desquels il s'est revendiqué à savoir
le
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