Écriture d'invention, le Mal du Siècle

Écriture d'invention traitant du Mal du siècle

Le mal du siècle dans tous ses états

Un mal qui frappe les Romantiques

        Première moitié du XIXème siècle sur le Vieux Continent, les régimes politiques se succèdent, les progrès intellectuels des Lumières laissent place à un vide spirituel, la révolution industrielle transforme l'Europe et les bourgeois règnent en maîtres. Face à tous ces changements la jeunesse européenne éprouve un malaise existentiel, le Mal du Siècle. Tous ses espoirs de liberté sont déçus par le retour de la monarchie suite à la défaite de Napoléon à Waterloo. Elle se sent perdue par rapports aux bouleversement politiques, en marge de la société. Les jeunes du siècle ne comprennent plus les anciens et l'esprit matérialiste. Éternellement insatisfaits, ils sont en proie à la mélancolie et au pessimisme. Ils portent en eux la dualité. Paradoxalement ils souhaitent apaiser leur souffrance mais celle-ci étant source d'inspiration, ils l’entretiennent. Les enthousiasmes les animent autant que les chagrins, ils subissent des vagues de passions. Un fatalité intérieur est présente dans leurs choix et leur caractère. Une citation de Chateaubriand dans Mémoires d’Outre-tombe en 1848 résume bien cette situation : « Maison prend pour des conspirations ce qui n’est que le malaise de tous, produit du siècle, la lutte de l’ancienne société avec la nouvelle, le combat de la décrépitude des vieilles institutions contre l’énergie des jeunes générations. » Cette jeune génération ce fait appelée Romantique.

        Pour lutter contre le mal-être qui les frappe les romantiques sont à la recherche d'un ailleurs pour s'échapper de leur époque. Cet ailleurs peut être une Nature sauvage, des pays ou époques lointaines, un monde imaginaire, ou, plus radicalement, la mort. Ils utilisent l'art pour exorciser le malaise dont ils sont en proie et s'engagent politiquement pour rendre leur monde meilleur.

        La Nature constitue un refuge pour les artistes du XIXème siècle. Elle est source de méditation et peut entraîner la solitude et un repli sur soi-même. Son aspect vierge de toute activité humaine les séduit mais également sa force capable de tout détruire qui inspire le respect. La toile de Caspar David Friedrich, Le moine au bord de la mer, peinte entre 1808 et 1810 est représentative de tous ces caractéristiques de la Nature. On y trouve l'absence de trace humaine, son côté spirituel avec le religieux immobile en pure contemplation, mais aussi son visage menaçant avec une mer un et ciel sombre.

Les contrées lointaines et les époques passées, en particulier le Moyen-âge en opposition à l'Antiquité appréciée par les auteurs classiques, sont des thèmes récurrents chez les romantiques. Ils sont présents dans l'architecture. Ainsi, après un incendie en 1834, le Palais de Westminister, a été reconstruit par Charles Barry dans un style néogothique. Quelques années auparavant Josn Nash redessine le Brighton Pavilion avec des influences principalement indiennes mais aussi chinoises et mongoles.

Les artistes de cette époque quittent la réalité pour des mondes imaginaires à l'aide des rêves. Le poète Alfred de Musset écrit donc dans l'un de ses premiers poèmes « Ah ! si la rêverie était toujours possible ! ». Mais ces rêves sont souvent sombres comme le montre la toile intitulée Le cauchemar, peinte par Johann Heinrich Füssli. Ce tableau est en effet très noir et les créatures qui hantent les songes de la femme sont terrifiantes.

Enfin la mort est la solution la plus radical pour en finir avec le Mal du Siècle. De nombreux héros romantiques se donnent la mort. Dans Les souffrances du jeune Wether de Gothe paru en 1774, le personnage principal met fin à ces jours pour échapper à ses tourments. Ce personnage est le prototype du héros romantique et inspirera de nombreux auteur tel que Chateaubriand avec René ou Victor Hugo avec Ruy Blas.

        Afin d’exorciser leurs souffrances et plus généralement leurs émotions la jeunesse du XIXème siècle a recourt à l'art. En peinture par exemple la représentation de paysage, considérée auparavant comme un art mineur, prend une place importante à cette époque. Ces paysages ont une fonction symbolique et cathartique car il sont le reflet du l'âme du peintre. Ainsi les imposantes montagnes face au minuscule clocher du Paysage de Riesenburger de Friedrich rappellent à la fois le sentiment de petitesse de l'Homme face à la Nature et offrent une impression de sérénité.

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