Écrit d'invention (Sophronie et Melinde)
Dissertation : Écrit d'invention (Sophronie et Melinde). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar enzofromlux • 22 Avril 2017 • Dissertation • 977 Mots (4 Pages) • 670 Vues
-MELINDE : Sophronie, vous qui étiez pourtant si attachée à Eraste votre amant, vous décidez maintenant de vous marier à Ariste ; ne pensez-vous pas que faire ce choix de vous refuser à celui que vous aimez revient à vous imposer une souffrance ? Et que votre mariage avec Eraste n’est autre que votre destin ?
-SOPHRONIE : Non, je ne crois plus en la destinée des hommes, ni en celle des femmes. Je vois la destinée comme une forme de fainéantise et non comme un prétexte immuable ; les penseurs forgent leur destinée et ne laissent pas d’autres personnes la choisir à leur place. Ainsi, je ne peux plus longtemps envisager un mariage avec Eraste, qui ne me considère guère et me voit comme une « femme » et non comme un homme. Oui cette phrase peut vous sembler absurde, car je suis effectivement un humain du sexe féminin : que l’on peut alors qualifier de « femme » ; mais aux yeux d’Eraste nous ne serons jamais égaux. Ariste lui me considère plus, et sa raison, éclairée par une idéologie émancipatoire m’attire.
-MELINDE : Vous abandonnez donc un homme jeune, bien fait, aimable et riche pour Ariste ? Sophronie, vous n’êtes sans savoir que la conclusion d’un mariage presse. Enfin ! Quel homme voudra marier une femme qui a rejeté Eraste ? Quel avenir vous réservez vous ?
-SOPHRONIE : Ariste voudra. Mais savez-vous réellement ce qu’est le mariage ?
-MELINDE : Le mariage représente l’union de deux individus qui vivront les évènements futurs ensemble. Votre mari vous logera, vous nourrira, et vous aimera tel un père qui veille sur vous. Ne voulez-vous pas vous mettre à l’abri de tout tracas?
-SOPHRONIE : Votre vision du mariage me semble bien rétrograde et il m’est impossible d’envisager ma vie telle une assistée à la charge de son mari. Non, si je veux exister dans le mariage, ce ne peut être en tant que personne à charge. Eraste a la même vision du mariage que vous, et cela alimente ma crainte. Souvenez-vous des paroles de St Paul ; « femmes soyez soumises à vos maris ». Comment pouvons-nous tolérer d’être soumises à qui que ce soit ? La dépendance que vous me décrivez ne peut que conduire à la soumission.
-MELINDE : Personne ne vous demande de vivre de la sorte, et Eraste est un honnête homme qui a été éduqué dans les mœurs de la société.
-SOPHRONIE : C’est bien là ce qui me tyrannise : « Les mœurs de la société », sont dictatrices de nos règles de vie et Eraste les as apprises comme tous les jeunes hommes de notre temps. Ceux-ci éduqués par l’influence d’écrits religieux et de leçons de vie en société, profitent des temps où les femmes n’ont pas eu leur mot à dire, et c’est sur une base inégalitaire que les hommes prennent l’ascendant sur notre indépendance.
-MELINDE : Il est blasphématoire d’accuser notre éducation religieuse. Et les femmes ne se laissent pas influencer par des hommes si aisément.
-SOPHRONIE : Il est si facile de se laisser inculquer les mœurs de la société par des sœurs dans les couvents ; d’apprendre à être des esclaves, des Amphitryon. Car comme le disait Molière : « le véritable Amphitryon est l'Amphitryon où l'on dîne ». Ainsi on nous éduque à nous comporter comme les parfaites servantes de nos maris, voire même des
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