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Voyage au bout de la nuit, Céline

Commentaire de texte : Voyage au bout de la nuit, Céline. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  28 Mars 2021  •  Commentaire de texte  •  2 024 Mots (9 Pages)  •  665 Vues

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COMMENTAIRE

Voyage au bout de la nuit, Céline

    Un des plus grands novateurs de la littérature du XXème siècle, Louis Ferdinand Destouches. Connu généralement sous le nom de Céline, cet écrivain et docteur français possède une unique manière de voir le monde. La guerre lui servira notamment à écrire et à y découvrir toutes ses horreurs. Entre autres, sa manière de voir, son style elliptique et son langage font de lui un écrivain particulier exprimant toutes ces idées peu importe l’avis des gens et les conséquences endurées. C’est grâce à la rencontre de la « femme de sa vie » en 1926 qu’il écrit 6 ans après son roman, Voyage au bout de la nuit. Dédié à sa femme (avant qu’elle ne le trompe en 1932, soit la date de publication) son histoire rencontre un énorme succès et obtient le prix Renaudot, en revanche son langage familier fait scandale. Entre tous ses autres romans, Mort à crédit (1936) ou Nord (1960), Voyage au bout de la nuit est le plus célèbre de tous ses romans. Nous pouvons le présenter tel un roman autobiographique, où Céline fait le récit de sa propre vie. Ce roman initiatique où Bardamu, premièrement engagé dans la première guerre mondiale, va ensuite connaître l’Afrique coloniale puis l’Amérique du Taylorisme pour finalement échouer à Détroit où il va apprendre misère de la vie, vide de l’existence et chaos. Il réussit à nous faire plonger dans l’atmosphère ouvrière en utilisant l’hypotypose et provoque l’émotion de cette vision tragique sur les conditions humaines. Nous nous demanderons pourquoi le personnage principal voit l’usine tel un enfer et quels effets les conditions de travails ont sur les ouvriers. Premièrement nous verrons dans cet extrait que Bardamu nous confie ses pensées et se rapproche du lecteur. En deuxième temps, nous verrons comment l’auteur décrit une vision extrêmement négative de l’usine et de ses conditions de travail, vu comme un réel enfer et finir par voir la déshumanisation des ouvriers par la dépossession d’eux-mêmes.

      Le récit est écrit d’un point de vue interne. Nous voyons ce qu’il se passe jusqu’à même l’entendre. Les pensées du personnage sont aussi à notre portée grâce à l’imparfait de l’indicatif « se passait » (l-1) ; « défilions » (l-1) ; « je tenais » (l-17) … L’utilisation du pronom personnel singulier « je » cherche à créer une sorte de vision meilleure pour le lecteur mais aussi à l’aider à parvenir dans la scène afin de mieux la visualiser « J’ai senti » (l-10) ; « Je tenais » (l-17) Le passé composé ainsi que le présent de l’indicatif aide le lecteur à imaginer la scène en temps réel, ces temps envahissent l’espace romanesque comme si le narrateur écrivait à l’instant.

L’auteur emploi deux sortes de langages différent. Premièrement, nous remarquons un langage soutenu et maitrisé par le passé simple de l’indicatif « nous fûmes » (l-18) ou le passé composé « J’ai senti » ; « j’ai répondu » (l-8) ; « j’ai entrepris » (l-8). En revanche un langage familier est aussi repéré. Il met la scène plus confortable notamment visa vis de l’atmosphère pesante de celle-ci. Le lecteur se sent attiré, de sortes que le narrateur lui exprime ses ressentis les plus profonds. L’auteur utilise des mots familiers comme « comment vous êtes foutu ! » (l-6); « je venais de gaffer »(l-10) et insère surtout des exclamations afin de rendre l’ambiance plus joyeuse « ! » l-6 ;12 ;15 ;31 ;34 Plusieurs groupes de mots sont écrits de manière familière, « mais ça fait rien » (l-2)( le « ne » est manquant), « La visite ça se passait » (l-1)( la visite se passait) L’auteur semble nous parler.

  Nous comprenons déjà au début où la scène se passe et ses conditions très bruyantes, elle est décrite par les groupes nominaux « immense édifice » (l-20), « usine » (l-14), « infinie boite aux aciers » (l-30) … Cette dernière métaphore qui est hyperbolique, rajoute un désespoir profond sur une grandeur interminable grâce à l’adjectif « infinie ». L’auteur essaye par ces périphrases de nous donner une vision autre que l’usine que chacun voit pareil tout en exagérant comme avec l’adjectif hyperbolique « immense ». Plusieurs champs lexicaux mettent en valeurs l’endroit où se passe la scène, premièrement le champ lexical de l’anatomie, « pieds » l-20 ; « oreilles » l-20 ; « tête » l-23 ; « cœur » l-29 ; « tympans » l-39 ; « cerveau » l-57.  Nous remarquons un crescendo des endroits du corps de l’extérieur à l’intérieur montrant l’intensité du bruit de l’usine. Un bruit dont « on emporte le bruit dans sa tête » (l-56), cette mélodie fracassante est à jamais et sans-arrêt dans leurs pensées.

Le bruit dans cette usine revient très souvent, le thème du crescendo joue aussi sur ce champ lexical, « tremblement » l-20, « secousses » l-21, premièrement des bruits forts et métalliques faisant vibrer tout le corps « de toute sa viande encore tremblante dans ce bruit de rage énorme » l.22. Le bruit est maintenant violent, « des bruits qui s’écrasent contre les autres » l-32 d’où le verbe « s’écraser » renvoyant au rabaissement et même à la mort. Le bruit est maintenant à son maximum, ils ne pouvaient « ni ne se parler ni s’entendre » (l.26), « continuité fracassante des mille et milles instruments » l-55. Ce dernier groupe nominal est métaphoré par les instruments de musiques. Ayant pour but de produire de belles mélodies, ici le bruit représente des milliers d’instruments jouant en continuité, soit sans-arrêt donc une cacophonie insupportable. Logiquement, tous ces bruits ne proviennent pas seulement des machines et outils, ils proviennent aussi des centaines de personnes y travaillant nuits et jours. Le grand nombre de personnes nous est montré par la phrase « nous fûmes repartis en files traînardes, par groupes » (l-18) Les ouvriers sont donc plusieurs à travailler ensemble. L’auteur va jusqu’à dire que c’est comme à la guerre, les soldats combattent ensemble et sont toujours groupés, ici, l’auteur fait référence à la guerre par son parallélisme de construction suivit d’une comparaison « On cède au bruit comme on cède à la guerre » l-40, l’intensité du bruit est à son maximum.  

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