VICTOR HUGO , Les Misérables
Commentaire de texte : VICTOR HUGO , Les Misérables. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Harajuku . • 19 Avril 2017 • Commentaire de texte • 1 403 Mots (6 Pages) • 1 145 Vues
Introduction
[Amorce] La fin d’un roman coïncide souvent avec la mort du protagoniste, qui donne son sens à l’œuvre : par exemple, Manon Lescaut à la fin du roman de l’abbé Prévost. [Présentation du texte] Au xixe siècle, Victor Hugo clôt Les Misérables par le récit de l’agonie de l’ancien forçat racheté, Jean Valjean, qui adresse ses dernières paroles à Cosette, sa fille adoptive, et à son mari. [Annonce des axes] Cette scène d’adieu est chargée d’émotions et de grandeur [I]. Derrière le portrait de son héros mourant, véritable modèle d’humanité, Hugo transmet au lecteur sa vision du monde [II].
I. Une scène chargée d’émotions
1. Le décor et les personnages
Le lecteur est plongé dans une chambre mortuaire familiale et intime. Cette intimité est soulignée par les contrastes avec les autres décors mentionnés dans ses souvenirs (« le bois », « les ruisseaux », « les forêts », « les arbres ») et la perspective du « ciel ». Hugo joue sur des effets de luminosité pour créer une atmosphère émouvante : la « lueur des deux chandeliers » (l. 40), « dans l’ombre » (l. 44), « nuit sans étoiles et profondément obscure » (l. 43).
Les attitudes des personnages prennent aussi une valeur symbolique : « mets-toi à genoux » (l. 22), « tombèrent à genoux » (l. 37), « couvrir ses mains de baisers » (l. 42), « têtes bien-aimées, que je mette mes mains dessus » (l. 36). Les gros plans sur les « mains augustes », la « face blanche » et les visages « étouffés de larmes » du jeune couple ont un fort pouvoir émotif. Ce sentiment est accentué par les oppositions entre la jeunesse du couple et la vieillesse et l’agonie du héros, entre malheur et bonheur, entre passé et présent, symbolisés par les « mains rouges » de Cosette enfant et les « mains blanches » de Cosette adulte.
La scène baigne dans une atmosphère religieuse : elle est dominée par la figure tutélaire de Dieu qui « est là-haut ». Le champ lexical et les éléments de la religion parcourent tout le texte : « bénis » (l. 34), « tombèrent à genoux » (l. 37) ; les « chandeliers » sont un rappel des chandeliers que Jean Valjean a reçus de l’évêque qui l’a hébergé à sa sortie du bagne au début du roman ; l’« ange » et la mention de « l’âme » terminent le roman sur une note mystique.
2. Le discours testament d’un mourant
La situation d’énonciation contribue à créer l’émotion : Jean Valjean implique ses « enfants » par des indices personnels répétés (du « tu » au « vous » appuyé d’un respectueux et amusé « mademoiselle »). Il les apostrophe en utilisant des appellations chargées d’affection : adjectifs possessifs (« mes enfants », « ma Cosette »), métonymies (« chères têtes aimées »), un diminutif tendre pour désigner Cosette enfant (« pauvre petite main »), la métaphore religieuse « mon doux ange ». Le lyrisme s’exprime à travers les exclamations et les interjections (« Ô ma Cosette », « Ah ! »), les adverbes intensifs (« tu avais bien peur », l. 5 ; « elle était si froide », l. 7 ; « bien blanches », l. 8) et l’abondance de termes affectifs.
Le moment prend une solennité plus grande encore avec les révélations sur le nom et le passé de la mère de Cosette, sur la raison de l’absence de Jean Valjean et ce qu’ont été « tous ces temps-ci » (l. 29). Jean Valjean y dévoile sa souffrance, restée secrète pour épargner ses proches, et sa déception soulignée par la constatation désabusée : « je m’étais imaginé » (l. 18).
Ainsi, la progression de l’agonie est vécue en direct. Jean Valjean exprime lui-même ses sensations physiques et morales : « voici que je ne vois plus très clair » (l. 32), « je ne sais pas ce que j’ai » (l. 34), « je vois de la lumière » (l. 34). Quand le personnage ne peut plus parler, c’est le narrateur qui poursuit avec la sécheresse d’une constatation irrévocable : « il était mort » (l. 42).
3. Le rappel nostalgique du passé
Le jeu sur le temps structure le discours de Jean Valjean.
Il effectue un retour en arrière qui rappelle les moments-clés : tout un passé resurgit à partir de l’anaphore lyrique « te rappelles-tu ? » destinée à faire revivre ces temps heureux.
L’évocation du bonheur passé rend le présent encore plus pathétique. Hugo joue sur les temps verbaux à travers l’imparfait qui fait revivre dans la durée les souvenirs mais les renvoie dans le passé, et le passé composé de « c’est fini » marqué du sceau de l’inéluctable. Cette situation de non-retour poignante est confirmée par : « ce sont là des choses du passé »
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