Un Poète, d'Emile Nelligan

Le symbolisme est un mouvement littéraire du XIXe siècle. Il découle du Parnasse, mais veut rompre avec les certitudes matérialistes et scientifiques. Ce mouvement a fortement influencé la poésie d'Émile Nelligan, un poète québécois. Ce dernier a été interné à 20 ans pour schizophrénie dans un hôpital psychiatrique. Il y passera le reste de sa vie.  Durant toute sa vie, il a été marqué par la solitude. C’est dans ce contexte qu'Émile Nelligan compose le poème « Un poète ». Il fait partie du recueil « Poésies complètes ». Ce poème vise à nous faire comprendre les ressentis du poète envers la société et le monde qui l’entoure. Cette œuvre est injonctive. Elle nous parle du poète en général, pas uniquement de son auteur. Nous pouvons donc nous demander comment ce poème parvient-il à montrer au lecteur l’importance du poète pour la société tout en exprimant ses ressentis. Nous allons commencer par analyser l’idolâtrie du poète et de son œuvre puis nous étudierons les ressentis du poète, enfin nous verrons que l’auteur a construit une argumentation solide pour convaincre le lecteur de l’utilité du poète et de son travail.

Premièrement, le poète est comparé à Dieu tout au long du poème. Nous pouvons remarquer en effet le champ lexical de la religion représenté par « âme » v.3, « angélique » v.3, « céleste » v.8 et « bon Dieu » v.13. Le poète va même comparer son âme à un ange. Cette comparaison est mise en évidence par une métaphore au vers 3 : « c'est [le poète] une âme angélique ». Dans le vers 13, il va plus loin. Il affirme implicitement que le poète ira forcément au paradis,  avec une périphrase : “dans le pays où le bon Dieu demeure”. Le poète est également comparé à une étoile, implicitement, par une personnification de l’étoile “l’étoile la comprend, l’étoile qui s’endort” v.7. Cette personnification méliorative montre bien que le poète se voit supérieur au commun des mortels. Il se compare en effet à l'astre, ce qui montre bien que, selon lui, le poète est comme un Dieu, qu’il est au-dessus du monde. Ce poème nous montre ainsi qu’Émile Nelligan, en tant que poète, est intimement persuadé de sa supériorité.

Par ailleurs, la poésie est représentée ici comme extrêmement précieuse. En effet, nous avons vu précédemment que le poète est comparé à une étoile. L'étoile est ainsi la seule à comprendre la poésie. Nous pouvons en déduire que, pour l’auteur, la seule personne qui peut comprendre la poésie est le poète tellement elle est une œuvre complexe. Émile Nelligan évoque la richesse et la préciosité de la poésie. Cette valeur de la poésie est mise en évidence par l’hyperbole “qui s’élève de lui dans un tourbillon d’or” v.6. Pour l’auteur, la poésie est  ”aussi triste que pure” v.5. Ce qui montre bien que la poésie est un art qui crée de nombreux sentiments chez le lecteur. Il prouve ainsi aux yeux du public, sa perception très positive de la poésie. 

Après avoir analysé cette idolâtrie du poète et de son œuvre, nous allons maintenant étudier les différents ressentis du poète envers la société.

Le poète exprime, tout d’abord, un fort besoin de liberté. Cette demande est renforcée par le champ lexical de l’espace avec “espace” v.3, “ciel” v.4, “ étoile “ v.7. Cette utilisation d’un champ lexical qui connote l’infini et la liberté est très importante. L'expression ironique : “c’est un rêveur qui passe” v.2 montre ainsi les besoins de liberté du poète. Ce besoin est aussi démontré dès le premier hémistiche du vers 2 “laissez-le s’en aller”. Cette demande d’une liberté de mouvement est bien la preuve que ce poème est une demande particulièrement forte du poète pour la liberté.

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