Ubu roi scène d'exposition
Commentaire de texte : Ubu roi scène d'exposition. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lilly63 • 20 Février 2016 • Commentaire de texte • 1 982 Mots (8 Pages) • 8 548 Vues
Ubu roi (1896) d’Alfred Jarry
Introduction:
(Amorce) Alfred Jarry (1873-1907) avait écrit une première version de sa pièce à l’âge de quinze ans, en s’inspirant de son professeur de physique, le père Heb (Hébert). La version définitive est représentée pour la première fois en 1896 où elle fait scandale, mettant en scène l’incarnation de la bourgeoisie bornée et prétentieuse : Ubu, personnage que l’on retrouvera dans d’autres pièces. Ubu enchainé, Ubu coque dont le cycle rappel celui d’Œdipe de Sophocle
Situation du texte Ubu roi est une parodie de Macbeth de Shakespeare. Dans la dédicace de la pièce « Adonc le père ubu hoscha la poire, dont fut depuis nommé par les anglais shakespeare et avez de lui sous ce nom maintes belles tragédies par escript. » Jarry invente même l’origine de Shakespeare tout en parodiant Gargantua de Rabelais. « shake the pear » / « quel grant tu as »
Présentation du passage L’extrait proposé est la scène d’exposition de la pièce la plus célèbre de Jarry. Ubu est un bourgeois qui va accéder au trône de Pologne en assassinant son prédécesseur et tous ces descendants sous l’influence de sa femme. Son règne va être de courte durée et il tente d’assassiner son peuple (noble et magistrat). Mais le fils du roi de Pologne, rescapé de la tuerie va reconquérir son trone et chasser Ubu en France.
Comment Jarry introduit-il la parodie dès la scène d’exposition ?
Plan. On dégage quatre mouvements au texte : 1ère-9ème réplique : une parodie des codes classique ; 10ème-17ème répliques : la dispute du couple ; 18ème-20ème répliques : Ubu envisage son avenir de roi ; 21ème réplique - fin : qui se propose comme un retournement de situation
- La parodie des codes classiques
La scène commence « in media res ». La première réplique, courte par le personnage éponyme de la pièce, donne le ton de la pièce. La provocation de Jarry attire l’attention. L’interjection et épenthèse « merdre ! » détruit alors les codes classiques de la bienséance. En effet, le redoublement du phonème « r » entraine une distorsion du mot merde originelle et donc un effet comique. C’est donc à la fois une insulte scatologique et un aliment. La deuxième réplique attribuée à sa femme « Oh! Voilà du joli, Père Ubu, vous estes un fort grand voyou. » permet d’ancrer la pièce dans un registre comique. Mère Ubu par l’interjection et le présentatif « voilà du joli » « un fort grand voyou » infantilise son époux et rend ainsi le personnage masculin ridicule. « vous estes un fort grand voyou » présente un archaïsme que Jarry utilisera tout au long de la pièce. Cet archaïsme se présente comme une parodie de Rabelais (ex de la dédicace) et rappel par un langage sortis d’usage la langue originelle de la farce. A la suite de cela, Ubu utilise un ton belliqueux propre à la farce « assom’je ».
La deuxième réplique de la Mère Ubu fait rentrer le spectateur dans le sujet même de la pièce. (Un meurtre) le rythme ternaire marque alors le sérieux du personnage mais la délégation « ce n’est pas moi » l’ancre définitivement dans le genre de la farce. La connotation phallique de la réplique suivante « De par ma chandelle verte » accentue cet effet farcesque. De plus il nous montre l’absurdité du personnage renforcé par « je ne comprends pas ». La question rhétorique de la Mère Ubu essaie de faire réfléchir sur la condition sociale de son époux qui ne semble pas lui convenir. La reprise du terme « de par ma chandelle verte » montre à la fois la volonté d’assoir sa position de force mais celle-ci s’avère ridicule par l’adjonction du terme « merdre » et d’un niveau de langue élevé « certes, oui, madame ». De plus l’énumération des titres pompeux ne fait qu’accroitre l’absurdité du personnage. « Capitaine des dragons » les dragons sont des soldats de cavalerie « officier de confiance du roi Venceslas » on a la première apparition du chef de l’état, l’expansion du nom « de confiance » indique qu’Ubu possède une position sociale élevé, ce que son discours ne montrait pas. Il est donc aussi proche de la famille royale. « Décoré de l’ordre de l’aigle rouge de Pologne » parodie d’un vrai titre honorifique de Pologne « aigle blanc » il permet d’ancrer la scène dans un lieu précis et connu de ces contemporains même si à cette époque, la Pologne en tant que pays a disparus par le congrès de vienne (1814-1815) où elle est partagé et ne retrouve son indépendance qu’en 1918. Mais la conscience nationale reste. « Ancien roi d’Aragon, que voulez-vous de mieux ? ». À la fois une marque de noblesse pour le personnage qui a été roi donc fait partie de la plus haute place dans la société et le manque d’ambition d’Ubu cette réplique permet véritablement d’ancrer Ubu dans le burlesque.
« Comment ! » l’interjection sous la forme d’un pronom interrogatif témoigne d’un langage populaire. Mère Ubu montre à la fois le peu d’ambition de son époux qui a été évoqué précédemment et sa propre ambition démesurée. L’utilisation d’un lexique péjoratif en reprenant les titres honorifiques de son mari. « une cinquante d’estafiers armés de coupe-choux » les estafiers sont des laquais armés et les coupe-choux (lexique péjoratif) sont des sabres courts. La proposition subordonnée circonstancielle temporelle sous forme d’une question rhétorique montre la volonté « quand vous pourriez faire succéder sur votre fiole la couronne de Pologne à celle d’Aragon » de manipulation de Mère Ubu. (cf. Macbeth de Shakespeare)
- La dispute
La dispute commence avec la 9ème réplique, qui marque une distorsion du ton. Même si avant le ton reste familier, le changement de personne (vous => tu). Les stichomythies des deux répliques montrent encore une fois l’absurdité du personnage masculin et le rapport de force entre les deux personnages. En effet, Mère Ubu semble être la tête pensante du couple. Le comique de situation par le réemploi de la formule d’Ubu « de par ma chandelle verte » viens ici par un emploi causal, assoir le problème de l’acte I (assassinat du roi Venceslas) « le roi Venceslas est encore bien vivant » l’adverbe de temps « encore » adjoint avec l’acceptation « bien vivant » et indique la situation de la pièce. C’est la fonction informative d’une scène d’exposition. Le sujet de la pièce est ici typique de la tragédie comme Britannicus ou encore Macbeth. « Et en admettant qu’il meure, n’a-t-il pas des légions d’enfants ? » L’hyperbole « des légions d’enfants » marque un des problèmes de la pièce, la descendance du roi. Mais en utilisant le participe présent en fonction hypothétique, Ubu se place déjà dans la situation que sa femme voudrait (être roi). La reprise de la P5 dans la 13ème réplique indique un changement de ton (tragédie) qui est tout de suite parodié par l’utilisation d’un lexique farcesque « passer par la casserole ». Le lexique s’ancre vraiment dans une scène de ménage propre à la comédie et plus particulièrement à la farce « tes fonds de culotte », « cul ». On notera que la réplique commence avec la dévalorisation claire d’Ubu « pauvre malheureux ». La rhétorique de sa femme passe alors par la persuasion qui passe par l’utilisation de la 2ème personne du singulier. « ta place » qui se place « je voudrais ». La superposition d’un lexique haut « manger fort » et farcesque « ce cul » ou « un trône. »
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