Séance 5 : Quelle est l’image donnée de Médée par Corneille ?

Tout au long de la pièce, Corneille fait ressortir l’image de la sorcière ou de la magicienne chez Médée. On relève de longs monologues incantatoires, d’impressionnants sortilèges, la spectaculaire libération d’Egée et de son anneau d’invisibilité ou encore la façon dont Médée fuit à la fin de la pièce : sur un char tiré par des dragons. Sur un char tiré par des créatures maléfiques, tel Hadès, dieu des ténèbres s'enfonçant dans les profondeurs des enfers.

Médée est emplie d’une colère qui la ronge et qui la mène à sa destruction. Sa vengeance meurtrière ponctuée de fuites sème la tristesse et le désespoir. De plus, ce n’est pas la première fois que Médée tombe dans un état de démence par amour pour Jason et celle-ci le rappelle ligne 230-234 « S’il a manqué d’amour, manque-t-il de mémoire ? Me peut-il bien quitter après tant de bienfaits ? M’ose-t-il bien quitter après tant de forfaits ? Sachant ce que je puis, ayant vu ce que j’ose, crois-t-il que m’offenser soit si peu de chose ? ». Sous l’impulsion de la rancœur et de la haine Médée promet des crimes qui vont à l’encontre des lois morales et religieuses. C'est une femme bafouée, trahie et humiliée qui cède à une folle vengeance.

Médée déplore sa solitude, elle est dépourvue de terres, de biens, d’amis, et même de famille puisque elle a trahi la sienne pour Jason et qu’elle est haïe par le pays de son mari. Médée use de menace et de propos injurieux envers Jason, elle est furieuse mais n’abandonnera pas. Elle ne se laisse pas abattre malgré la situation et succombe à une noire colère, ligne 322 « Oui, tu vois en moi seule et le fer et la flamme, et la terre, et la mer, et l’enfer, et les cieux, et le sceptre des rois, et la foudre des dieux. » Cette phrase met en avant l’orgueil de Médée qui se compare aux dieux.

Médée plus indomptable et audacieuse que jamais, remet en cause les crimes dont on la juge seule coupable, car après tout, si elle a salit ses mains c’était au profit de Jason. Encore une fois, sa solitude est très présente, elle est seule contre tous à cause de ses crimes passés.

A l’approche de la fin de la pièce, Médée est plus déçut qu’énervée, mais elle sait que sa vengeance s’accomplira prochainement et cela la rend supérieure, confiante et plus orgueilleuse encore. Après avoir délivré Egée, le monarque lui propose son aide pour sa vengeance mais Médée refuse par fierté, elle veut se venger de sa main parce qu’après tout, rien ni personne ne peut la surpasser.

L’avant dernière scène montre les adieux de Médée à Jason avec une pointe d’humour noir et de question rhétorique et l’annonce de la mort des enfants de manière tragique, terrifiante et sarcastique.

Corneille nous offre une Médée passionnée et orgueilleuse mais aussi terriblement cruelle et indomptable. Un peu à l’image d’Antigone, de la pièce de théâtre du même nom, Médée s’oppose à l’ordre du monde. Corneille nous montre différentes facettes de Médée, elle est détruite par son amour passionné et condamnée à la solitude. Corneille nous dresse un tableau de la folie de Médée: cruauté, audace, orgueil, fureur et crimes…

Médée est une femme brisée par un amour déraisonné et fou qui la mènera à commettre un crime abjecte: l’infanticide.

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