Spleen de Charles Baudelaire
Dissertation : Spleen de Charles Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tritri6969 • 9 Mars 2022 • Dissertation • 1 328 Mots (6 Pages) • 1 128 Vues
COMMENTAIRE LINÉAIRE : « SPLEEN » (62) DE CHARLES BAUDELAIRE
Définition de « spleen » (inspiré de Wikipedia) :
Baudelaire invente une forme de désespoir radicalement nouveau, de mélancolie qui ne ressemble à aucune autre et qui est la source d’inspiration de sa poésie : le spleen. Le mot spleen a pour origine le mot anglais spleen (du grec ancien σπλήν : splēn) qui signifie « rate » ou « mauvaise humeur ». En effet les Grecs, dans le cadre de la théorie des humeurs, pensaient que la rate déversait un fluide noir dans le corps : la bile noire, responsable de la mélancolie. = tristesse vague, dont on ne connaît pas les causes. Bien que cette théorie ait été infirmée depuis longtemps, l'idée qu'un dysfonctionnement de la rate affecte le caractère est passée dans le langage courant, comme l'attestent les expressions « se faire de la bile » ou, plus familièrement, « se mettre la rate au court bouillon ». Chez Baudelaire, le spleen devient une des composantes essentielles de l'angoisse d'exister. « Les Limbes », second titre envisagé pour Les Fleurs du Mal, visait à « représenter les agitations et les mélancolies de la jeunesse moderne ». Baudelaire préfère lui donner le sens qu’a le mot mélancolie au XIXème : folie, dérèglement, fureur. Baudelaire donne exactement à son spleen le sens que la psychologie donnera ensuite à la dépression. En 1869, quelques mois après sa mort, un ensemble de poèmes en prose, écrits entre 1853 et 1864, paraît sous le titre Le Spleen de Paris.
Avant Baudelaire, le terme spleen a été employé par des écrivains romantiques anglais et allemends. Le Spleen est constitutif de la poésie baudelairienne car c’est cela qu’il raconte et met en scène, son mal être, son incapacité à vivre dans le monde qui est le sien. Beaucoup de poètes de son époque ressentent la même inadaptation (voir Musset).
Problématique : Comment le spleen est-il moteur de l’écriture poétique ?
Mouvements :
– 3 premières strophes : environnement et état d’âme : la description du spleen baudelairien ;
– 2 dernières strophes : invasion et victoire du spleen sur le poète ?
Strophe 1 : Baudelaire traduit dès le début la sensation d’écrasement et d’oppression perceptible ici par la présence du ciel qui semble littéralement tomber sur la tête du poète avec la comparaison au vers 1 « comme un couvercle » soulignant à la fois l’idée de poids et d’étouffement, reprise d’ailleurs par « bas », « lourd » et « pèse ». Cette sensation est liée à l’état d’âme de Baudelaire, rongé et envahi par l’angoisse. Ceci est confirmé par les pluriels « longs ennuis » et « nuits » qui terminent les vers 2 et 4 et qui donnent une impression de durée et de souffrance profonde ainsi que par l’oxymore « jour noir » évoquant la domination du désespoir et l’absence de lumière. Le poète raconte l’invasion du spleen et sa contamination à tout son être : le ciel, matérialisé en couvercle au vers 1 paraît devenir liquide au vers 4 au moyen de la métaphore « Il nous vers un jour noir ». Ainsi l’âme du poète est plongée, noyée par la noirceur du spleen. Le pronom complément « nous » comprend le poète mais aussi tous ceux qui sont victimes de cet état mortifère. Baudelaire évoque donc une expérience que le lecteur a pu ou peut partager et vivre, ce « semblable », ce « frère » (poème liminaire).
Strophe 2 : À la sensation d’écrasement s’ajoute celle de l’enfermement : de même que le ciel se rétrécissait en « couvercle », la terre se rapetisse en « cachot ». La « terre » (v.5) fait écho au « ciel » (v.1), deux sortes d’espaces dans lesquels l’âme est comme enfermée. La comparaison de « l’Espérance » (v. 6) devenue chauve-souris se profile en métaphore évoquant alors l’impossibilité de sortir de cet état d’angoisse ; l’animal connote déjà un aspect négatif mais ses agissements font en plus de la chauve-souris un être vulnérable, affolé et blessé. Ceci est suggéré grâce aux deux participes présents et à leurs compléments dans les premiers hémistiches « S’en va battant les murs » (v.7), « Et se cognant la tête » (v.8). Les deux derniers hémistiches des vers 7 et 8 marquent l’impuissance : que peut la fragilité d’une « aile timide » de chauve-souris face à la dureté des « murs » ?
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