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Par   •  23 Mai 2013  •  Fiche  •  493 Mots (2 Pages)  •  779 Vues

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C’était ce grand jour tant attendu pour les ménagères. La rue était déjà remplie d'une foule compacte et harassante, alors même que les grandes enseignes avaient toujours leurs rideaux clos. Il y avait une ambiance très particulière, un peu comme si on attendait un grand événement. L'attente avait dû être longue pour certains et cela commençait à se ressentir. Les gens se poussaient, hurlaient, s'entassaient ayant pour seul objectif de se rapprocher de quelques centimètres de l'entrée principale, afin d'avoir le privilège d'être un des premiers. On avait l'impression que le monde entier était réuni dans ce boulevard pour se rendre à la grande messe de la consommation.

Plus l'heure tant espérée du lever de rideau approchait, plus le niveau sonore, les braillements, les jacassements augmentaient. Les femmes et les enfants, étaient agglutinés contre les vitrines du magasin de manière anarchique, oubliant toutes les règles d'éducation élémentaires. Tout ceci dans l’hypothétique espoir d'entrevoir entre deux feuilles de papier craft, les tant convoités produits afin d’effectuer un premier repérage avant les autres. La concentration était telle qu'une épaisse buée commençait à se former sur la devanture de cet immense magasin. Ils étaient tous envoûtés par ces quelques chiffres affichés sur la vitrine se prosternant ainsi devant cette ruse banale de la consommation.

Le soleil commençait à éclairer la façade du Printemps et illuminait le boulevard Haussmann, un peu comme la première note d'une somptueuse symphonie dissonante. Ce gigantesque bâtiment, avait tout le faste et la classe de ces palais issuent d'un autre temps et pourtant il paraissait si désuet, un peu comme sorti de nul part, comme un grand décor de théâtre éphémère que l'on oublie après la représentation. Cette grande carcasse sans âme ouvrit son antre à des hordes de touristes, de clients et de curieux venus de toutes parts, impatients de découvrir le cœur des soldes Parisienne.

Comme une fourmilière les entrailles du Printemps se remplirent, et les gens grouillaient dans tous les sens et à toute vitesse. Ils s'arrachaient tout, de la paire de chaussettes à la brosse à dents courant à tout prix derrière cette certaine et si recherché affaire.

C'est un monde particulier où l'homme en est réduit à son état primaire; un animal en chasse. D'étages en étages ils s’arrêtaient devant chaque chose, observant chaque élément, ne voulant rien rater, leurs yeux bovins étincelaient un instant à la vue d'une assiette en faïence, où aux reflets immaculés d'un canapé en cuir. Ignares, du vaste complot commercial qui les entoure, n’achetant pas l'objet mais la réduction et répondant comme de dociles moutons aux sollicitations du grand temple de la consommation. Frêles et cupides clients qui ne savent dire non, happés par les méandres des stratèges et des stratagèmes. Pauvre gens attachés à remplir le vide de leurs vies par le non-sens de ce système commercial et n’étant que les pions dans un jeu d’échec qui les dépasse.

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