Rinocéros de Ionesco

Montrez que, dans Rhinocéros, Ionesco dénonce le dangereux phénomène de massification.

Le 20e siècle a été touché par la Seconde Guerre mondiale causé par la montée du nazisme. Cet évènement tragique a permis au peuple Européen d’avoir une remise en question de l’humanisme et des valeurs conservatrices. Par conséquent, il y a l’apparition de deux nouveaux courants littéraires ; l’existentialisme et le théâtre absurde. Le théâtre absurde évoque la problématique de l’absurdité de la condition humaine. L’un des auteurs marquant de ce courant est Eugène Ionesco. Les principaux sujets qu’il abordait dans ces pièces étaient les problématiques sociales, l’absurde et l’angoisse. Rhinocéros est assurément l’une de ses pièces les plus appréciées. Il traite l’un de ces sujets : les problématiques sociales. Dans cette œuvre, l’auteur dénonce le dangereux phénomène de la massification au tant dans le contenu que dans la forme de la pièce.

Le propos de la pièce expose les dangers de la massification par son contexte et par les personnages. À première vue, l’environnement est propice à la rhinocérite au premier acte. Ce n’est pas un hasard si cette folie y apparait dans la petite ville de province. Bérenger, le premier, dénonce le conformisme : «on s’ennuie dans cette ville» (p.14). Jean qui expose le fait que tous les habitants sont soumis aux mêmes normes sociales : « Vous avez huit heures de travail, comme moi, comme tout le monde …» (p. 37). Toute la population illustrant la bêtise et la naïveté : «Le rhinocéros d’Asie a une corne, le rhinocéros d’Afrique, deux» (p.52). C’est pourquoi, la ville est un lieu propice à l’intolérance et à la violence, en d’autres mots au conformisme. Leurs attitudes et leurs discours incohérent nous révèlent un lieu où règnent à la fois l’ennui, la méchanceté, l’égoïsme et la bêtise.

D’une autre part, la dépersonnalisation des personnages contribue à la massification. Les personnages de l’œuvre sont difficilement identifiables, créant ainsi un effet de masse. L’une des caractéristiques importantes du théâtre absurde est la caricature. « Moins il est individualisé, plus son aspect symbolique semble évident» (p.70). Ainsi, chaque personnage peut être classé dans différente catégorie. Jean est l’incarnation même du conformisme. « J’ai de la force parce que j’ai de la force […] parce j’ai de la force morale» (p.31) Il se croit supérieur et rejette tout ce qui n’est pas conforme à ses idées faisant de lui une personne qui tombera vite dans la rhinocérite. Cependant, Jean ne fait que représenter la masse. Son prénom permet au lecteur d’associé sa personnalité aux autres personnages. Ainsi, les habitants sont facilement assimilables à Jean puisque le conformisme règne en eux. Botard fait preuve de mauvaise foi comme Jean : «Moi, je ne suis pas dans le brouillard. Je calcule vite, j’ai l’esprit clair!»(p.47) Cette réplique n’est qu’un exemple que les personnages sont tous pareils. Ils se croient supérieurs et n’ont aucune ouverture d’esprit. Seul Béranger échappe à cet effet de masse puisqu’il est différent. « Je se sens mal à l’aise dans l’existence, parmi les gens. » (p.30) Malgré tout, à l’acte III, le personnage le plus individualisé, Béranger, se remet en question sur sa nature. « J’aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant! Je suis un monstre!» (p.162)  Le pouvoir de contagion qu’exerce la masse amène Béranger à se culpabiliser et à se voir maintenant comme un monstre parce qu’il est différent des autres. C’est inversion du mal et du bien. La fin nous révèle les dangers de la massification. Bref, l’environnement propice au conformisme et les personnages qui sont facilement assimilables contribue aux dangers de la massification.

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