Rhinocéros, Ionesco

Montrez que, dans Rhinocéros, Ionesco dénonce le dangereux phénomène de massification.

À la suite de la 2e Guerre mondiale et de la Guerre Froide, il y eut bons nombres de bouleversements sociaux et de remises en question qui ont apporté beaucoup de changements dans notre mode de vie et nos réflexions. Un nouveau courant littéraire a fait son apparition, l’existentialisme, qui permettait aux hommes d’écrire sur le sens de leur existence. Est apparu, du même coup, le théâtre de l’absurde, qui, de biais avec l’existentialisme est la situation de la société à l’époque, démontrait le sentiment d’absurdité que l’homme ressentait. Eugène Ionesco, qui avait vécu cette situation peu de temps auparavant en Roumanie, s’est senti interpellé et a publié l’œuvre Rhinocéros, en 1952, afin  de dénoncer le totalitarisme et la déshumanisation par l’absurde. Dans cette pièce, Ionesco invente une épidémie de rhinocérite qui attaquera tous les habitants de la ville. Il y montre aussi les caractéristiques de théâtre de l’Absurde autant par les personnes que par la mise en scène de la pièce de théâtre.

Ionesco dénonce le phénomène de massification  en identifiant des personnages qui suivent le mouvement de masse. En effet, on peut clairement voir, dans la pièce,  la progression des personnages vers un tout uniforme. Au premier et au deuxième acte, il y a qu’un seul rhinocéros, puis un deuxième s’ensuit et les habitants s’affolent. Puis, il s’en rajoute au fur et à mesure que la pièce avance, c’est la ‘’contamination’’. Rapidement, on s’y habitue, et plus personne ne s’étonne des troupeaux de rhinocéros qui s’est formé à cause de la maladie.  Au début, les personnages qui se sont transformés en Rhinocéros se trouvent  laids et anormals, mais plus il y en a qui sont transformés comme eux, plus cela devient fantastique, d’être un rhinocéros : << C’est ça, les gens. Ils ont l’air gai. Ils se sentent bien dans leur peau. Ils n’ont pas l’air d’être fous. Ils sont très naturels. Ils ont eu des raisons>>. P.156  Ionesco tente de nous démontrer que nous sommes comme cela, les êtres humains. Lorsque quelque chose nous arrive, nous nous affolons, mais nous ne faisons rien pour le régler. On finit par suivre les autres afin d’être ‘’normal’’, et non original. Aussi, les personnages ne sont pas facilement identifiables. La plupart n’ont pas de nom et sont appelés par leur fonction, ce qui nous donnes l’impression qu’ils n’ont pas d’identité. Cette perte d’identité est une des nombreuses caractéristiques du théâtre de l’absurde. Le fait qu’il n’ait pas de nom ou que deux personnages ait le même nom  crée un effet de massification. Béranger est le seul qui est différent, qui se démarque. Il a son propre nom et est bien identifié dans l’œuvre. Mais évidemment, il ne veut plus être original, il veut être comme tous les autres : << (...) J’aurais dû les suivre à temps. Je ne peux plus changer. Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J’ai trop honte!>>  Les êtres humains sont comme un troupeau, ils veulent tous se ressembler, jusqu’à en perdre leur identité.

L’auteur dénonce aussi la massification et nous le démontre en adaptant  la mise en scène de la pièce. Premièrement, Ionesco a choisi l’image du Rhinocéros comme intrigue principal afin de mettre l’emphase sur les caractéristiques de cette bête, puis de les attribuer à l’homme. Le rhinocéros reflète l’abrutissement des hommes  ainsi que leur déraisonnement et leur insouciance.  Ionesco a choisi cet animal car il renvoie à nos instincts animaux et aussi à l’origine de notre évolution. Il cherche aussi à ce qu’on voit la ressemblance entre les rhinocéros et les humains ainsi que les conséquences qu’on la massification.  Ionesco utilise aussi la dislocation du langage pour amplifier l’absurde et illustrer la massification par les commentaires des personnages. En effet, ils réagissent tous de la même façon, comme s’ils seraient un troupeau, face à l’arrivée des rhinocéros : (la serveuse, Jean, l’Épicière, Daisy à tour de rôle) <> (p41-42) Il y a aussi absence de communication réelle, donc les phrases sons souvent répétées : L’épicier <>/ Le patron à l’épicière <> p.53  Le phénomène de masse y est démontré dans ces extraits et dans plusieurs autres car ils montrent une suppression des caractères.

...