Rhinocéros, Eugène Ionesco
Dissertation : Rhinocéros, Eugène Ionesco. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lily Breton • 26 Octobre 2020 • Dissertation • 565 Mots (3 Pages) • 1 505 Vues
Eugène Ionesco fut très marqué par la déshumanisation de l’homme. Ayant été témoin des deux grandes guerres mondiales, il fut marqué par les atrocités engendrées par les régimes totalitaires et le fanatisme qui en découle. C’est, de plus, en pleine guerre froide que naît la pièce Rhinocéros. Influencé par les surréalistes et les dadaïstes, l’auteur, en utilisant l’humour noir du théâtre de l’absurde, illustre la déchéance humaine qui résulte des idéologies totalitaires. Par les dialogues de ses personnages et le réseau d’images utilisé dans la pièce, entre autre la thématique du monstre, il dénonce le phénomène de massification menant à l’uniformité et au contrôle de la masse.
Les dialogues de la pièce sont construits pour illustrer l’uniformisation de la population. La répétition est utilisée pour illustrer une lacune par rapport à la pensée critique et le trop grand conformisme des individus. Par exemple, le manque d’originalité des exclamations de la foule; «Oh! Un rhinocéros!», «Ça alors!». C’est là un bel exemple de théâtre absurde. L’insignifiance des dialogues montre le manque de communication réelle entre les personnages. Les répliques qui s’entrecroisent montrent que les individus sont sermonnés par la même source; «C’est compliqué. C’est simple au contraire. C’est facile pour vous peut-être, pas pour moi. Faites un effort de pensée voyons. Appliquez-vous.». L’absurdité du langage utilisé, les paroles creuses et le manque de contenu dénonce le phénomène de massification, ce dernier illustré par la passivité des gens atteints de la rhinocérite. Il y a également une progression, la rhinocérite se répand dans la ville comme une maladie. Par exemple, Bérenger, qui tout d’abord est un anti-conformiste, passe par une phase de résistance et finalement ressent de la culpabilité à ne pas avoir suivi le mouvement. Une remise en question qui met en lumière la dualité entre individualité et conformité.
De plus, l’image du rhinocéros est en elle-même très puissante, un animal brutal et difficile à arrêter. Le rhinocéros illustre le pouvoir fasciste. Ionesco explore la thématique du monstre en utilisant un champs lexical qui souligne la laideur de la bête, tel que «monstruosité», «fauve» et «quadrupède stupide», retirant ainsi l’humanité et le raisonnement logique des disciples de ce mouvement. Il amplifie d’avantage l’image de la déshumanisation et la critique du besoin d’appartenir absolument à un groupe avec des «À perte de vue, pas un être humain», ou bien « Une armée de rhinocéros!». La manière dont les personnages sont présentés dénonce également l’uniformisation de la masse. La rigidité et le dogmatisme de Jean, qui souhaite que Bérenger se plie à une certaine ligne de conduite, montre cette pression à s’uniformiser. L’auteur se moque de l’intellectualisme avec le personnage du logicien en lui faisant faire des déductions logiques mais aux conclusions complètement saugrenues. Celui-ci n’a pas de prénom, tout comme la majorité des personnages de la pièce, tel que le vieux monsieur, la ménagère et l’épicière. Ils sont présentés par leurs statuts et ainsi on leur enlève leur individualité.
Cette pièce, par le moyen de la caricature et la dérision, dénonce la massification de la population et les dangers de brider la liberté d’expression. Les dialogues d’une population dogmatisée et privée de son jugement critique, sont dénués de tous sens. Le rhinocéros totalitaire obnubile les personnages qui s’uniformisent sous sa propagande animale. Rhinocéros d’Eugène Ionesco, par son humour noir reflète l’incohérence de la quête du conformisme. C’est un sujet intemporel, sur lequel en tant qu’individus nous devons nous interroger.
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