Regrets Du Bellay

Regrets

Introduction

Au XVIème siècle, un mouvement culturel et littéraire, appelé Renaissance, voit le jour en Italie, puis touche toute l’Europe. Les intellectuels de cette époque sont appelés humanistes car ils placent l’Homme au centre du monde. Ils redécouvrent les savoirs de l’Antiquité. La poésie trouve sa place dans ce mouvement grâce à un groupe de poètes, formé par Ronsard, la Pléiade dont fait partie Joachim Du Bellay.

En 1553, ce dernier part pour 4 ans à Rome, plein d’espoir envers cette ville antique. D’abord enthousiaste, il rentrera très déçu malgré la rédaction de 3 recueils de poèmes dont les Regrets (1558) dans lequel il évoque sa déception.

Nous étudierons le sonnet XXXII de ce recueil à partir de la problématique suivante : comment ce sonnet illustre-t-il le cheminement d’un poète humaniste ? Dans un premier temps nous aborderons les ambitions d’un humaniste, puis dans un second temps nous verrons les désillusions du poète.

I] L’expression du rêve humaniste

Les humanistes sont convaincus que l’éducation est essentielle, ce qui se traduit par la récurrence du verbe « apprendre » vers 4 et 7 et l’anaphore de « je me ferai » V1 et v3. L’apprentissage s’il représente un effort doit permettre de « s’enrichir » intellectuellement V10.

• Les savoirs de l’esprit

Le 1er quatrain est une longue énumération qui met en valeur des disciplines intellectuelles comme la philosophie, les Mathématiques la médecine et le droit. La philosophie est placée en tête car c’est la plus noble selon le modèle donné par les auteurs antiques tels que Platon, Aristote. Les mathématiques viennent juste après car à cette époque les disciplines littéraires et scientifiques ne sont pas séparées. (C’est mieux qu’opposées).

Le poète insiste sur deux domaines qui permettent de comprendre le monde et de le gouverner (« légiste » V3 et « les secrets de la théologie » V 4). Désormais, avec les humanistes, les questions religieuses ne sont plus limitées seulement au clergé mais ouvertes à tous. Cela indique, aussi, que Du Bellay veut se rapprocher de Dieu.

• Les apprentissages du corps

Le 2nd quatrain définit d’autres apprentissages qui consacrent le corps selon le précepte de l’Antiquité « mens sana in corpore sano ». Il s’agit de développer des facultés artistiques. Les arts sont essentiels durant la Renaissance, ils sont évoqués par des métonymies « luth » V5 pour la musique et le « pinceau » V 6 pour la peinture. « L’escrime (sport noble) » et le « bal » (danse)  sont des pratiques sportives qui doivent permettre d’enrichir les relations sociales, car l’humaniste ne s’isole pas du reste de la société, bien au contraire.

L’auteur emploie des verbes au futur « ferai » V1 et 3, « apprendrai » V4 ce qui confirme sa confiance dans l’avenir et son enthousiasme. Cette impression est confirmée par une utilisation de la 1ère personne très marquée par de nombreux pronoms et déterminants possessifs, « j’» et « ma «  vers 5 par exemple.6 au total : (

• Le voyage en Italie

Les livres ne sont pas le seul moyen d'apprendre, le voyage aussi est source de savoir. Les humanistes du XVIème siècle sont de grands voyageurs. Le voyage en Italie est placé au milieu de ce poème. Ce vers 8 fait la transition entre le rêve exprimé dans les 2 premières strophes et la déception exprimée dans les 2 dernières. Joachim-du-Bellay utilise une proposition circonstancielle de temps « quand » V 8, placée à la fin de la phrase pour évoquer le voyage le vers 8 permet également de comprendre pourquoi on passe du futur (V 1 à 6) à l'imparfait (V 6 et 7), cela signale que le rêve est terminé et que maintenant la place est à la déception.

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