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Rabelais, Pantagruel

Commentaire de texte : Rabelais, Pantagruel. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  1 Août 2018  •  Commentaire de texte  •  2 236 Mots (9 Pages)  •  1 252 Vues

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Correction du commentaire du texte de Rabelais, Pantagruel

Rabelais, un humaniste du XVIème siècle. Après  avoir été moine et médecin, il transpose les réalités de son temps dans une œuvre qui retrace les aventures de géants. Pantagruel, paru en 1532, est le premier livre de cette fresque qui sert à caricaturer les travers de l’époque et à proposer un idéal de justice et d’éducation. Dans le chapitre 8, le narrateur reproduit une lettre que Gargantua envoie à son fils Pantagruel pour lui fixer une ligne de conduite alors que le jeune homme est parti étudier à Paris. Au delà d'un programme d'étude, cette lettre expose tous les idéaux de l'humanisme.

En 1532 paraît donc à Lyon le livre, Les Horribles et Epouvantables Faits et Prouesses du très renommé Pantagruel roi des Dipsodes, plus communément appelé Pantagruel. Rabelais y conte les histoires d’une famille de géants de manière humoristique et grossière. Ce récit se poursuivra d’ailleurs en 1534 avec La Vie très horrifique de grand Gargantua, père de Pantagruel. Ces oeuvres merveilleuses et outrancières ne recherchent pas simplement le comique, mais font aussi passer un message humaniste qui dérange, puisqu’elles subissent la condamnation et la censure.

L’extrait étudié ici se présente sous la forme d’une lettre d’un père à son fils, de Gargantua à Pantagruel, dans laquelle il lui demande de s’instruire et expose ses attentes. La lettre détaille tout un programme d’étude intense et diversifié. Elle rend compte des savoirs à maîtriser d’après les humanistes pour comprendre le monde.

Nous nous demanderons dès lors comment ce texte nous présente l’idéal humaniste de la Renaissance.

Pour ce faire, nous analyserons dans un premier temps le genre épistolaire de ce texte, pour ensuite étudier la dimension éducative et encyclopédique du message, ainsi, dans une une troisième partie nous verrons que cet extrait présente les caractéristiques de l’éducation humaniste.

Nous pouvons tout d’abord remarquer que ce texte est une lettre d’un père à son fils.

En effet, il en comporte toutes les caractéristiques : des indications de date et de lieu, l’indication des identités de l'émetteur et du destinataire ainsi que la signature. Le texte se présente aussi comme un discours par l'usage du présent, l'implication du locuteur et du destinataire à travers le jeu des pronoms « je » et « tu » et toutes les formes d'injonctions. Des indices de lieu sont également donnés : le père est en utopie et le fils à Paris. Nous voyons donc dès à présent que ce texte cherche à conjuguer l’idéal au réel.

Cette lettre exprime de manière nette la volonté d'un père dont l'autorité ne saurait être remise en question. Pour s’adresser à son fils, Gargantua utilise des verbes de volonté et d'obligation : « je te conjure » ; « je veux que » ; « il te faudra ». Plusieurs propositions conjonctives au subjonctif expriment aussi l’assujettissement du fils au père « que tu apprennes les langues », « que tu formes ton style », « qu’il n’y ait d’histoire… ». L’utilisation du mode impératif « continue », « sache », « relis » souligne également l’autorité du père.

Ce père est toutefois un père aimant et attentif au bien être de son fils, en témoignent les modalisateurs positifs comme « bien profiter », « bien t'éduquer ». Le temps des études est considéré par le père comme une période privilégiée d'épanouissement : « cette tranquillité et le repos de l'étude. » et l'on peut penser qu'un père plus égoïste eût gardé son fils près de lui. Le père s'impose aussi un sacrifice affectif et cela apparaît sobrement dans les dernière lignes : « reviens vers moi, afin que je te voie une dernière fois et que je te donne ma bénédiction avant de mourir. » Au seizième siècle, la vie humaine est brève et Gargantua prend vraiment le risque de ne plus revoir son fils ; les termes « que je te voie une dernière fois » ne sont pas dictés par la raison mais seulement par l'amour, lien indissoluble réaffirmé dans l'usage du possessif « ton père ».

Ce père est d'ailleurs lui aussi un éducateur intellectuel puisqu'il a donné un « avant goût » des arts libéraux et cela suggère non seulement que Gargantua s'est occupé du jeune enfant au lieu de le confier à des domestiques mais encore que l'étude pour lui doit être associée au plaisir, au « goût ». Enfin les adjectifs dans « quand tu étais encore petit »  et « devenir un homme et être grand » sont sans doute encore chargé de sentiments : un homme qui a toujours adoré son enfant mais l'éloigne de lui pour justement lui permettre de grandir. Eduquer ne signifie-t-il pas à travers la racine ex-ducere : conduire vers l'ailleurs et donc laisser partir...

Nous voyons ainsi apparaître tous les aspects du projet éducatif : transformer l'enfant en intellectuel, mais aussi en homme achevé selon les principes humanistes. Étudions d'abord l'acquisition du savoir.

Étymologiquement Pantagruel signifie celui qui a soif de tout et Epistémon signifie Science, c'est bien une inextinguible soif de science et de connaissances qui animent ces géants de la Renaissance.

Notre extrait commence par un hymne au savoir de la Renaissance ; commençant par « maintenant » et finissant par « aujourd'hui », ce paragraphe célèbre la modernité. Cette célébration du présent est tout d'abord fondée sur une vision cyclique de l'histoire, comme un retour à un brillant passé. Les repère intellectuels se situent en effet dans l'antiquité tant pour les langues (le grec, hébreu, chaldéen, ancienne langue de la Mésopotamie, le latin) que pour les penseurs : Platon philosophe grec, Cicéron penseur et homme d'Etat romain, Papinien juriste romain. A la culture du Moyen-âge confinée et  pleines d'erreurs, Gargantua oppose la culture libre et juste de la Renaissance, ainsi la multiplication des adjectifs indéfinis « tous » (« toutes les disciplines» , « tout le monde » - reliée à « partout ») souligne que l'imprimerie a rendu le savoir universel et accessible à tous, or c'est précisément cette diffusion qui empêche les erreurs comme le suggère l'énumération  « de gens savants, de précepteurs très doctes, de librairies très amples » c'est à dire bibliothèques très bien fournies : tout cela est le fruit de l'imprimerie. Dans cette phrase le rythme ternaire, les hyperboles et l'accumulation suggèrent l'enthousiasme. A la fin Gargantua compare même l'Antiquité à la Renaissance et insiste sur la supériorité de cette dernière pour l'accès au savoir. Ainsi après une longue décadence la civilisation serait revenue à son point culminant et reprendrait son essor.

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