Question sur le corpus poésie : Baudelaire, Cros , Roubaud
Commentaire de texte : Question sur le corpus poésie : Baudelaire, Cros , Roubaud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Morgane Saperlipopette • 12 Mars 2018 • Commentaire de texte • 844 Mots (4 Pages) • 1 340 Vues
Correction question sur le corpus (poésie)
Notre corpus se compose de trois poèmes : un premier de Baudelaire "l'Albatros" issu des Fleurs du Mal (1857), un sonnet intitulé "avenir", du recueil Le Coffret de santal composé en 1879 par Charles Cros et enfin un autre sonnet, contemporain (1983) dont le titre est "Le Lombric" provenant des animaux de tout le monde créé par Jacques Roubaud. Ces oeuvres proposent toutes une conception originale du rôle du poète. Mais quelles sont-elles ? Et Quels sont les moyens employés pour les faire partager au lecteur ? C'est ce à quoi nous tenterons de répondre.
Chacun des auteurs souligne le rôle du poète, dans ce qui devient presque un art poétique. Baudelaire montre la fonction ingrate du poète, non reconnu par les hommes vulgaires, méprisé, calomnié, voir insulté. L’albatros est un infirme aux yeux des marins ("L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !"), son handicap est très grand, mais le poète, lorsqu’il est dans son élément, c’est-à-dire le ciel, est dans un monde supérieur, comme le souligne l'expression le 'prince des nuées" (vers 13). Baudelaire ne parle pas de sa tâche, ni des sentiments qu’il éprouve, mais il en donne une image valorisante, même si les humains ne se rendent pas compte de l’effet réel produit. Quant à Charles Cros, il nous montre un poète préoccupé d’avenir, comme l’indique le titre du texte ("Avenir"), un homme sensuel, intéressé aux sentiments et à la richesse des évocations provenant d’objets du passé (une "lettre jaunie", une "tabatière", un "trictrac"), et surtout intéressé à produire une littérature qui entraînera le même genre d’émotions chez ses lecteurs ; c’est donc la communauté des états d’âme qui est importante ici. Le poète est donc valorisé aussi dans ce deuxième texte. Jacques Roubaud, lui, présente surtout le travail sur la langue et les mots, par la comparaison entre l’action du ver de terre sur la terre : ce travail est lent mais répond à une sorte d’exigence ("effort incessant"), de devoir, pour que vivent les mots, pour qu’ils se renouvellent, pour apporter de l’air au monde. La valorisation est celle du travailleur, du tâcheron, dont la tâche est invisible, le résultat peu perceptible, mais nécessaire. C'est pourquoi de nombreux verbes d'action sont présents dans les deux quatrains : "étirant", "fore", "travaille", "laboure", ...
Dans les trois textes, la poésie est représentée par un être qui est décrit dans son activité, ou une partie de cette activité, soit sous forme de comparaison, soit sous la forme directe d’un discours ; dans tous les cas le lecteur est destinataire d’un message qu’il lui faut partiellement décrypter, plus ou moins facilement : il s’agit de montrer le poète. Chez Baudelaire, c’est la comparaison du « Poète » à un animal à valeur symbolique, dans une forme de parallélisme assez précis : la strophe finale exprime la comparaison, au vers 13 "Le Poète est semblable au prince des nuées", et continue la métaphore de l’albatros, commencée au vers 2 ; mais de manière rétrospective, le début du poème peut se lire comme une définition du poète. La poésie elle-même n’est pas explicitement définie, mais le poème est une application par l’exemple de ce qu’elle peut produire. La beauté même de l’albatros peut avoir comme but de décrire la beauté poétique. Chez Roubaud le procédé est semblable, c’est le lombric qui est le point de comparaison, le poète/poème s’adresse au lecteur pour lui dire cette comparaison, dans une structure assez semblable au poème de Baudelaire : la première partie du texte, les quatrains, sont consacrés au ver de terre, dans une sorte de récit un peu énigmatique, non dépourvu d’un certain mystère, et au vers 9 ("Le poète, vois-tu est comme un ver de terre") arrive la comparaison, qui définit cette fois le rôle et l’action du poète. De la même manière que chez Baudelaire, le début du poème peut être relu une fois le mystère éclairci, et la métaphore filée du lombric prend plus de sens. Cependant Charles Cros utilise un procédé légèrement différent, puisque c’est un discours adressé directement aux lecteurs du poème par un auteur ("O lecteurs à venir", vers 12), mais un discours posthume ("mes os décomposés"), montrant la pérennité de l’écriture poétique. La comparaison est faite entre le contenu du poème, évoquant un certain érotisme des relations amoureuses adolescentes, et l’érotisme latent chez les lecteurs de poésie amoureuse. L’humour présent chez Roubaud se retrouve aussi chez Cros, notamment dans le vers final du sonnet, qui mêle le macabre et l’érotisme : "Vos amours font jouir mes os décomposés".
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