Question sur corpus
Dissertation : Question sur corpus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar inesou01 • 4 Mai 2017 • Dissertation • 16 406 Mots (66 Pages) • 794 Vues
Question sur corpus
- Molière, Le Tartuffe (1669), acte I, scène 4
- Marivaux, L’Île des esclaves (1725), scène 1
- Beaumarchais, Le Mariage de Figaro (1784), acte I, scène
Texte A : Molière, Le tartuffe (1669), acte I, scène 4
De « Ah ! mon frère ! […] à sa convalescence » => vers 223 à 258 (retrouvez le passage dans l’œuvre)
Texte B : Marivaux, L’Île des esclaves (1725), scène 1
Iphicrate et Arlequin sont les survivants d’un naufrage. Ils sont sur l’île des esclaves, un lieu où la hiérarchie traditionnelle entre maîtres et valets est inversée. Iphicrate est particulièrement inquiet. Au contraire, Arlequin, son ancien esclave, ne tarde pas à revendiquer sa liberté.
LA SCÈNE EST DANS L'ÎLE DES ESCLAVES.
LE THÉÂTRE REPRÉSENTE UNE MER ET DES ROCHERS D'UN CÔTÉ, ET DE L'AUTRE QUELQUES ARBRES ET DES MAISONS.
Scène I. − Iphicrate s'avance tristement sur le théâtre avec Arlequin.
IPHICRATE, après avoir soupiré. − Arlequin ?
ARLEQUIN, avec une bouteille de vin qu'il a à sa ceinture. − Mon patron !
IPHICRATE. − Que deviendrons-nous dans cette île ?
ARLEQUIN. − Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim; voilà mon sentiment et notre histoire.
IPHICRATE. − Nous sommes seuls échappés du naufrage; tous nos amis ont péri, et j'envie maintenant leur sort.
ARLEQUIN. − Hélas ! ils sont noyés dans la mer, et nous avons la même commodité.
IPHICRATE. − Dis-moi; quand notre vaisseau s'est brisé contre le rocher, quelques-uns des nôtres ont eu le temps de se jeter dans la chaloupe; il est vrai que les vagues l'ont enveloppée : je ne sais ce qu'elle est devenue; mais peut-être auront-ils eu le bonheur d'aborder en quelque endroit de l'île et je suis d'avis que nous les cherchions.
ARLEQUIN. − Cherchons, il n'y a pas de mal à cela; mais reposons-nous auparavant pour boire un petit coup d'eau-de-vie. J'ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà; j'en boirai les deux tiers comme de raison, et puis je vous donnerai le reste.
IPHICRATE. − Eh ! ne perdons point notre temps; suis-moi : ne négligeons rien pour nous tirer d'ici. Si je ne me sauve, je suis perdu; je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes seuls dans l'île des Esclaves.
ARLEQUIN. − Oh ! oh ! qu'est-ce que c'est que cette race-là ?
IPHICRATE. − Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage.
ARLEQUIN. − Eh ! chaque pays a sa coutume; ils tuent les maîtres, à la bonne heure; je l'ai entendu dire aussi; mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi.
IPHICRATE. − Cela est vrai.
ARLEQUIN. − Eh ! encore vit-on.
IPHICRATE. − Mais je suis en danger de perdre la liberté et peut-être la vie : Arlequin, cela ne suffit-il pas pour me plaindre ?
ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire. − Ah ! je vous plains de tout mon cœur, cela est juste.[…]
IPHICRATE. − Méconnais-tu ton maître, et n'es-tu plus mon esclave ?
ARLEQUIN, se reculant d'un air sérieux. − Je l'ai été, je le confesse à ta honte, mais va, je te le pardonne; les hommes ne valent rien. Dans le pays d'Athènes, j'étais ton esclave; tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort. Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi; on va te faire esclave à ton tour; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là; tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable; tu sauras mieux ce qu'il est permis de faire souffrir aux autres. Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi. Adieu, mon ami; je vais trouver mes camarades et tes maîtres.
Il s'éloigne.
IPHICRATE, au désespoir, courant après lui, l'épée à la main. − Juste ciel ! peut-on être plus malheureux et plus outragé que je le suis ? Misérable ! tu ne mérites pas de vivre.
ARLEQUIN. − Doucement; tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis plus, prends-y garde.
Texte C : Beaumarchais, Le Mariage de Figaro (1784), acte I, scène 2
Figaro, « concierge » du comte Almaviva, doit se marier avec Suzanne. Mais le comte, avec l’aide de Bazile, veut faire valoir son droit de cuissage, qui doit lui permettre de faire de Suzanne sa maîtresse, avant la nuit de noces. Figaro, resté seul, exprime son indignation et réfléchit à une stratégie pour interdire à son maître de parvenir à ses fins.
FIGARO, seul.
La charmante fille ! toujours riante, verdissante, pleine de gaieté, d’esprit, d’amour et de délices ! mais sage !… (Il marche vivement en se frottant les mains.) Ah ! monseigneur ! mon cher monseigneur ! vous voulez m’en donner… à garder ! Je cherchais aussi pourquoi, m’ayant nommé concierge, il m’emmène à son ambassade, et m’établit courrier de dépêches. J’entends, monsieur le comte ; trois promotions à la fois : vous, compagnon ministre ; moi, casse-cou politique ; et Suzon, dame du lieu, l’ambassadrice de poche ; et puis fouette, courrier ! Pendant que je galoperais d’un côté, vous feriez faire de l’autre à ma belle un joli chemin ! Me crottant, m’échinant pour la gloire de votre famille ; vous, daignant concourir à l’accroissement de la mienne ! Quelle douce réciprocité ! Mais, monseigneur, il y a de l’abus. Faire à Londres, en même temps, les affaires de votre maître et celles de votre valet ! représenter à la fois le roi et moi dans une cour étrangère, c’est trop de moitié, c’est trop. — Pour toi, Basile, fripon mon cadet, je veux t’apprendre à clocher devant les boiteux ; je veux… Non, dissimulons avec eux pour les enferrer l’un par l’autre. Attention sur la journée, monsieur Figaro ! D’abord, avancer l’heure de votre petite fête, pour épouser plus sûrement ; écarter une Marceline qui de vous est friande en diable ; empocher l’or et les présents ; donner le change aux petites passions de monsieur le comte ; étriller rondement monsieur du Basile, et…
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