Que fait le romancier au travers des personnages?

Le roman est un genre littéraire qui apparaît à la fin du Moyen-Age ; c’est à cette époque un récit de fiction écrit en prose. Dans son début, le roman racontait l’histoire de personnages parfaits et héroïques. Puis, deux grandes tendances se sont dégagées en France : le roman idéaliste (successeur du roman antérieur) et le roman plus réaliste qui s’adresse à un milieu plus populaire et où les personnages sont moins parfaits. Le roman acquiert toute sa légitimité au XVIIème siècle avec le Romantisme. C’est donc le romancier qui choisit des personnages chacun ayant des caractéristiques précises. La question mérite donc d’être posée : que fait le romancier au travers des personnages?

Nous verrons dans un premier temps que le choix des personnages est judicieux et non aléatoire, puis nous verrons l’itinéraire des différents personnages au fil du roman, et enfin, envisagerons l’objectif du romancier.

Le choix des personnages doit donc être judicieux. L’écrivain choisit en premier la couche sociale de ses personnages. Durant les premières années du roman, noblesse, clergé et bourgeoisie sont presque les seuls à savoir lire et écrire. Se sont donc des romans faits par eux, pour eux. Ce n’est donc que la classe « dominante » qui est représentée dans ces romans et plus précisément la société féodale dans les premiers récits. Cela s’explique par la dépendance financière des artistes face aux mécènes. Sont alors écrits des romans comme Don Quichote (qui sera l’un des plus célèbres). Quelques années plus tard, le roman acquiert sa légitimité avec le romantisme où le roman va se détacher de l’ancien modèle, dans laquelle la noblesse était mise en avant. Petit à petit, la bourgeoisie est présentée moyennant le mécénat de certains riches bourgeois qui veulent redorer leur image. Mais c’est le Réalisme de Courbet qui va totalement changer les codes. On ne représente plus l’opulence mais la vie quotidienne, ce réalisme sera qualifié par son chef de file de « Démocratique », puisque représentatif de l’ensemble des couches sociales. Ce fut d’abord rejeté par une partie du public, avec notamment son tableau des « Casseurs de pierres », qui sera affiché à l’exposition universelle de Milan (1849). C’est Zola qui au travers du Naturalisme va accentuer cette tendance, par son recueil : les Rougon-Macquart, vaste fresque en vingt volumes qui raconte l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire, l’ouvrage a notamment comme but d’étudier l’influence du milieu sur l’homme et les tares héréditaires qu’il subit. (Quelques romans de ce recueil : Nana, l’Œuvre, l’Assommoir, Le Docteur Pascal, la Bête humaine…). Depuis le début du XXème siècle, le roman s’est popularisé avec des personnages de plus en plus représentatif de la majorité de la société française avec des romans comme « Voyage au bout de la nuit » de Céline, où les personnages viennent d’un milieu moins favorisé que dans les débuts du roman.

Les valeurs transmises par l’environnement du personnage ont également changé. Depuis que le roman a essayé de se détacher du Moyen-Age, les valeurs de la chevalerie se sont effacées progressivement pour laisser place aux libertinage du XVIIème avec « Manon Lescaut » de l’abbé Prévost mais aussi les « liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos. La première moitié du XIXème est dominée par l’exaltation de la nature et de l’amour. Mais la deuxième moitié de ce siècle prône quant à elle la camaraderie dans le milieu populaire pendant que les classes bourgeoises et nobles ont un culte de l’argent. Enfin, la dernière grande valeur défendue par le roman est le patriotisme durant l’entre-deux guerres et après la défaite de Sedan en 1970 avec « Boule de suif », histoire d’une fille de joie qui refusera de coucher avec un officier allemand par pure esprit patriotique. Dans cet ouvrage, on expose clairement que le patriotisme est un concept défendu par les classes populaires.

Nous avons donc une évolution du héros et plus généralement du personnage romanesque qui va de plus en plus chercher à représenter son lecteur et va reprendre en partie les valeurs de l’auteur. La volonté d’un roman nouveau s’est fait sentir, ceci étant peut-être permis par l’évolution de l’école qui était réservée à l’élite et qui permet aujourd’hui à quiconque de lire et écrire à la fin de sa scolarité.

Le personnage est ensuite confronté à des choix qui définiront son itinéraire.

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