Properce

        Properce est un auteur élégiaque latin né aux alentours de 47 av. J-C, sans doute à proximité de la ville actuelle d'Assise située en Ombrie. Orphelin de bonne heure, il vint étudier à Rome; mais son aversion pour les harangues et les ambitions du Forum était extrême; il se voua uniquement aux lettres, pratiquant surtout les poètes alexandrins, en particulier Callimaque et Philétas. A environ dix-huit ans, il rencontra une femme, belle et galante, nommée Hostia, et s'éprit pour elle d'un amour passionné;  Les vicissitudes de cette liaison sont connues par les aveux poétiques de l'amant dans ses Elégies où il la nomme « Cynthia ». Le texte étudié est extrait du livre II d’Elégies, il s’agit du poème élégiaque 14 où Properce raconte sa nuit d’amour avec Cynthie et dit souhaiter que cela dure toujours. Ainsi il sera intéressant de se questionner sur la philosophie de Properce découlant de ce poème d’amour. L’étude se portera dans un premier temps sur la forme élégiaque du poème puis sur l’amour sans limite exposé par l’auteur, et enfin sur l’opposition entre la philosophie épicurienne et le Carpe Diem transparaissant dans ce poème.  

L’élégie est naît en Grèce au VIIe siècle av. J.-C, littéralement appelée « chant de mort », elle se caractérise par une forme métrique originale. Ce poème élégiaque est ainsi particulier. C’est une pièce plutôt courte, composée en distiques élégiaques, couple de deux vers, à savoir l’hexamètre dactylique « errat qui finem vesani quaerit amoris » composé de 6 pieds, et le pentamètre « versus amor nullum novit habere modum » composé de 6 pieds aussi malgré son nom, en effet le 3e et 6e pieds sont composés d’une seule syllabe, ils sont dit catalectiques et donc incomplets. C’est un poème lyrique qui a généralement pour thème la fuite du temps, l’amour, notamment les peines de la vie amoureuse, la mort, la mélancolie…

Tous ces thèmes font partie de la vie quotidienne des auteurs, ainsi, Properce utilise des expressions connues des Romains comme « Solveres suos crines », en effet, les femmes romaines dénouaient leur cheveux en signe de deuil, ce texte informe donc sur certain us et coutume de l’époque romaine, comme le confirme « calathis strata » qui donne des informations sur les habitudes alimentaires des Romains.

 Properce exprime ses sentiments à travers ce poème d’amour, en effet il utilise le registre lyrique comme le montre les phrases exclamatives de la traduction « Si dederis omnia oscula, pauca dabit » auxquelles se lie un champ lexical de l’amour « vesani amoris », « verus amor », « oscula », « amantes ». De plus, le mot « amoris » est mis en relief grâce à la coupe trihémimère du pentamètre  « verus amor nullum novit habere modum ». Les sentiments exprimés par Properce démontrent un amour sans limite, voire destructeur.

Properce base le développement de son amour sans limite avec Cynthie sur un adynaton qui s’étend du vers 3 à 7 « Terra prius falso partu deludet arantes et citius nigros Sol agitabit equos fluminaque ad caput incipient revocare liquores aridus et sicco gurgite piscis erit ». Il exprime ainsi la profondeur et l’incommensurabilité de ses sentiments.

Ce message relatant une experience personnelle prend ainsi une dimension universelle. En effet la valeur injonctive des derniers vers « Fructum ne desere vitae » auquelle s’ajoute le système énonciatif « tu modo dum lucet » donne à ce poème une dimension universelle, en effet l’auteur s’adresse directement aux amants éperdus d’amour comme lui « amantes nunc » et leur conseille voire leur ordonne de profiter de la vie, ce poème a donc une valeur philosophique.

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