Plonger dans l’inconnu pour trouver du nouveau / Baudelaire. Dans quelle mesure la poésie vérifie t elle cette mission?

Dissertation

«Plonger dans l’inconnu pour trouver du nouveau»

• Dans quelle mesure la poésie vérifit-elle cette mission?

     Baudelaire affirme: «Plonger au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau!», mais cette phrase s’applique-t-elle vraiment à la poésie?

Tout d’abord, expliquons ce qu’est l’inconnu et le nouveau. L’inconnu est quelque chose d’abstrait dont on ignore l’existence ou la nature. Le nouveau lui, est inédit, connu depuis peu. Mais alors comment la poésie pourrait-elle plonger dans l’inconnu pour trouver du nouveau? Pour répondre à cette question, il est tout d’abord nécessaire de s’interroger sur si, effectivement, la poésie plonge dans l’inconnu et y trouve du nouveau et s’il ne serait pas réducteur d’y voir là la seul mission de la poésie.

     On peut penser que, effectivement, la poésie plonge dans l’inconnu et y trouve du nouveau. En effet, notre connaissance est limitée. Si nous nous arrêtons à nos acquis et ne cherchons pas plus loin, notre inspiration serait très vite restreinte. Pour cela, certains poètes cherchaient même du nouveau à travers les drogues (cannabis, absinthe, opium…), c’est le cas de Rimbaud qui dit «Le poète se fait voyant» (il écrit «les Lettres du Voyant»), avec sa large consommation de drogues. De Baudelaire dans «Paradis artificiels» ou il décrit l’ivresse que procure le cannabis. D’Edgar Poe, sous l’influence de cocaïne et d’alcool, écrit «le Corbeau» (son plus grand succès). Ou également d’Apollinaire qui écrit «Alcools». Ils se droguaient principalement pour avoir une nouvelle perception du monde et une nouvelle source d’inspiration, donc pour trouver du nouveau. A contrario, certains poètes et écrivains préféraient voyager pour découvrir du nouveau à travers le regard éloigné, tel que Voltaire (Allemagne, Angleterre, Suisse, Ferney,…), Chateaubriand (Amérique, Orient,…), ou bien encore Victor Hugo exilé à Bruxelles, Jersey et Guernesey. Nous pouvons aussi retrouver ce regard éloigné dans «Le Petit prince» de Saint-Exupéry et dans «Des Cannibales» de Montaigne.

Pour Baudelaire, la mort serait le voyage suprême qui apporte le bonheur. Il enlève l'ennui et le temps. La mort permet de reconstruire quelque chose : c'est une nouvelle source d'inspiration pour le poète, et est présentée comme l'espoir de l'homme pour reconstruire un nouveau monde.

     Cependant, ce n’es pas toujours vrai; il serait réducteur d’y voir là la seule mission de la poésie. Certains poèmes existe pour dénoncer, critiquer ou défendre; avec le plaidoyer ou la poésie engagée, exemple du «Plaidoyer contre la peine de mort» de V.Hugo (qui dénonçait beaucoup la misère et les inégalités au IXXème siècle, exemple de «Mélancholia»), ou le plaidoyer de Zola pour les animaux, ou encore «Les Tragiques» d’Aubigné qui défend les protestants pendant les guerres de religion. En outre, la poésie permet aussi l’expression des sentiments (la poésie lyrique), comme dans le poème «Lise» de V.Hugo qui traduit la joie des amours d’enfance, ou globalement «les Contemplations» du même auteur, ainsi que dans la partie «Spleen» des «Fleurs du Mal» de Baudelaire. La poésie peut aussi célébrer: c’est l’éloge, il peut concerner une personne, une situation ou même une chose. Exemple de la célébration de la Femme chez Eluard, Aragon, Ronsard… . Mais encore, la poésie sert aussi à inventer (une langue/un monde). La matière du poète, c’est le langage. Le Parnasse recherche la perfection formelle, il n’y a donc pas de message à transmettre, le seul objectif est d’écrire un beau texte. La poésie n’a donc pas pour unique but de plonger dans l’inconnu pour y trouver du nouveau.

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