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Phèdre de J. Racine, acte I, scène 3 Extrait n°1. Vers 239 à 264

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Par   •  6 Mai 2020  •  Analyse sectorielle  •  1 886 Mots (8 Pages)  •  565 Vues

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Phèdre de J. Racine, acte I, scène 3

Extrait n°1. Vers 239 à 264

Vers 239 – 240.

- Cette Q d’Oenone (notée désormais O) s’inscrit dans une longue série de Q. Phèdre (notée désormais P) a exprimé son mal-être ; O, nourrice et confidente dévouée, joue son rôle : elle cherche à obtenir de P les raisons de son mal-être afin de pouvoir la consoler.

- Cette Q a aussi un double objectif : elle s’inscrit dans la double énonciation. C’est aussi le spectateur ou lecteur qui se pose la Q. Nous sommes encore dans l’acte d’exposition ; jusque là les personnages principaux ont été évoqués, le contexte aussi ; il manque le nœud de l’action : quel est le problème qui motive cette pièce. Même si le spectateur connaît la mythologie, on attend la version de Racine, sa virtuosité et sa propre perception du mythe.

- noter le vouvoiement vous qui indique le statut social d’O.

- L’instauration du dialogue direz-vous avec P justifie son rôle. Elle demande une explication claire ; elle joue son rôle de confidente.

- L’interjection grands dieux (ce qui explique la synérèse sur dieux) montre son impatience voire son exaspération. A ce stade, elle n’a pas encore compris le mal qui ronge P. Autre explication : elle a saisi les enjeux mais attend que P soit explicite.

- le vers 240 vient justifier sa demande.

- Noter les premières marques du registre tragique (interjections grands dieux, voc péj horreur, CL mort expirer)

- voc soutenu propre à la tragédie

- à mes yeux : O emploie différentes stratégies afin de connaître la ou les raison(s) de son mal. Elle se met en jeu, elle s’implique me/vous, vous/mes. Elle met en jeu leur relation depuis l’enfance : elle peut donc tout entendre. Elle fait appel aux sentiments, aux liens tissés entre elles = persuader.

Vers 241 – 242.

- Réponse de P introduite par un CCTemps qui se révèle aussi une condition quand tu sauras mon crime.

- noter le tutoiement tu qui respecte la hiérarchie sociale : P est reine, O sa suivante.

- présentation catastrophique de la situation avec le voc spécifique de la tragédie crime, sort, mourrai (x2), coupable.

- rôle prépondérant de la 1ère pers du sing mon, m’, je (x2) : elle assume pleinement, elle reconnaît son rôle, sa responsabilité. Elle est également consciente de la gravité de la situation : rappel : elle est amoureuse de son beau-fils Hippolyte, alors qu’elle est mariée à Thésée.

- Remarquer la structure binaire de son propos : mon crime et le sort, je n’en mourrai pas moins, j’en mourrai.

- v. 242 est très riche : parallélisme de construction, asyndète, emploi de la négation, antithèse. La raison de ce « mal » est grave voire très grave car la seule issue est la mort.

- Encore une fois, elle tait la raison de son mal. Elle répond certes, mais elle diffère la vraie raison : avouer un inceste est inavouable.

- la rime riche accable / coupable est riche de sens : elle nous donne une piste sur la gravité de la situation.

Vers 243 – 244 - 245.

- Le terme d’adresse Madame implique un changement de ton de la part d’O. Elle implore P de s’exprimer, elle rappelle implicitement son lien avec P.

- 2 CCcause : au nom des pleurs… et par vos faibles.. Elle argumente pour faire avouer P. Elle est déterminée. Elle l’implique davantage avec un CCbut pour vous. Elle cherche à persuader P du bienfondé de l’ « aveu ».

- Par une expression imagée faibles genoux que je tiens embrassés, elle souligne son attitude ancillaire : nourrice et confidente, cette fois de façon explicite ; elle se doit de savoir, pour venir en aide dans un second temps à sa maîtresse.

- emploi de l’impératif : il est temps que P s’exprime, elle la presse.

- Synecdoque + épithète péjorative funeste associée à doute : O comprend la gravité de la situation, elle soupçonne ou sait intuitivement que l’enjeu est majeur.

Vers 246.

- Stichomythie pour souligner l’accélération du rythme, accélération de l’action. Accélération soulignée également par emploi de phrases brèves S +V + Complément et de 2 impératifs. Noter également la construction chiasmatique SVC-Impératif / impératif-SVC. L’annonce est proche : le spectateur comme O va enfin savoir… L’instant est solennel.

Vers 247.

L’interjection en début de phrase Ciel ! (synérèse car ce n’est qu’une interjection) et les 2 phrases interrogatives soulignent la difficulté à dire.

Ainsi l’aveu est pourtant différé : virtuosité de Racine.

P semble perdue, elle ne sait plus comment exprimer clairement et simplement ce qui la ronge, tant la douleur est grande (la culpabilité aussi ?).

- Les mots sont simples dire, commencer. Faut-il qu’elle dise les choses simplement ? Ce qui lui paraît impossible car si les mots en soi sont simples (j’aime H), la réalité l’est moins : elle avouerait explicitement son amour pour H, son beau-fils. Comment réagirait Thésée son mari ? Dire n’est-ce pas déjà un acte posé ?

Commencer : faut-il qu’elle retrace la chronologie des évènements ? Dans quel but ? se justifier ? rejeter la culpabilité ?

Vers 248.

Vers bref d’O qui s’impatiente CCCause + épithète péjorative vaines. Le terme de frayeurs montre aussi qu’elle s’alarme. La tension monte, le ton change cessez de m’offenser car P a différé son aveu : cela devient un affront pour O.

Vers 249 – 250.

- Bel exemple de registre tragique : interjections spécifiques ô, phrases nominales, phrases exclamatives, voc fort haine, fatale, colère, égarement (= perte de la raison). La fatalité s’acharne, elle va l’expliquer ensuite.

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