Phèdre, Racine, 1677, acte V, scène 7
Commentaire de texte : Phèdre, Racine, 1677, acte V, scène 7. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar chimchim • 25 Juin 2017 • Commentaire de texte • 1 022 Mots (5 Pages) • 5 103 Vues
COMMENT LES DRAMATURGES CLASSIQUES CHOISSISSENT-ILS DE REPReSENTER LA MORT AU THEÂTRE AFIN DE RESPECTER LES REGLES DE BIENSEANCE ET DE VRAISSEMBLANCE ? EN QUOI CES REGLES ILLUSTRENT-ELLES L’IDEALISME MORAL DU XVII ?
Phèdre, Racine, 1677, Acte V scène 7
Jean Racine est un dramaturge et poète français du XVIIe siècle, considéré comme l'un des plus grands auteurs de tragédies de la période classique en France, il écrit la tragédie Phèdre en 1677. Composée de V actes et en alexandrins, elle retrace les péripéties amoureuses d’une reine maudite de Crète. Phèdre, femme de Thésée le croyant mort, et sous le joug de la malédiction de Vénus elle va s’éprendre de son beau-fils Hippolyte qui la rejettera par la suite. L’extrait étudié est la scène 7 de l’acte V, il sert la catharsis de cette tragédie, Phèdre avoue ses péchés en présence de Thésée et Panope après s’être empoisonné.
- LE SUICIDE DU PERSONNAGE EPONYME
- Cette scène allie tout d’abord suicide et vraisemblance. Il s’agit d’anéantir la passion. La mort apparait nécessaire pour respecter la vraisemblance (Phèdre ne peut échapper à la passion qu’en mourant). Il y a une opposition d’EROS et de THANATOS. Racine s’inspire des Phèdre d’Euripide où Phèdre se pendait, et de Sénèque ou Phèdre se transperçait le cœur.
- Elle allie également suicide et bienséance. Le suicide par poison permet de respecter la bienséance, d’où son utilisation. Aussi cette mort par poison permet à Phèdre de s’exprimer une dernière une dernière fois, une ultime confession.
- Et enfin, elle noue suicide et souillure. Elle cherche à se confesser et selon un enjeu de vie ou de mort, elle se libère de ses passions. Elle ne cherche pas le pardon mais à se libérer du poids de sa culpabilité et à délivrer le monde de sa souillure. Elle cherche la purification, laver l’outrage que sa présence constitue. Le « froid inconnu » V24 correspondant au poison abolit le feu présent dans « ses brulantes veines »(la souillure). Le choix du poison ne peut que susciter la pitié chez le spectateur.
- UN DENOUEMENT TRAGIQUE PAR EXCELLENCE
- Est-elle coupable ou victime ? La structure syntaxique met en valeur le pronom personnel « moi » et affirme en ce mettant en avant dans son rôle qu’elle est celle qui est coupable et a vu Hippolyte d’un œil incestueux. Au début de sa tirade, Phèdre se fait sujet de l’action. La noirceur de son désir est particulièrement mise en valeur grâce à la double diérèse des adjectifs antonymes placés à la rime « incestueux »et « respectueux ». Mais immédiatement après elle devient la victime et subit la passion. Elle accuse le ciel puis blâme OEnone qui selon Phèdre « aurait conduit tout le reste ». De plus Le suicide d’OEnone laisse présager le suicide de Phèdre. Elle se présente plus comme innocente en éludant sa part de responsabilité.
- La présence du chant funèbre fait que l’arrangement passe inaperçu puisque le personnage effectue un travail rythmique et mélodique. Il y a dans cette sorte de chant un côté incantatoire. Il est notamment dans les rimes et l’allitération « flamme »et « funeste » ainsi qu’une allitération aux deux derniers vers avec un son dur exprimant la douleur accompagnant ses ultimes paroles. Il y a également des décalages de césure.
- Se produit enfin l’accomplissement de la catharsis. L’intensité musicale des propos de Phèdre traduit l’émotion du personnage, une émotion qui s’étend au public pris entre terreur et pitié (registre tragique). La rapidité de l’aveu contraste avec la lenteur de son agonie. ce qui permet pleinement l’accomplissement de la catharsis.
IN FINE dans la mythologie grecque, Phèdre se suicide avant que Thésée ne découvre la vérité. En mettant en scène les aveux de Phèdre dans ce dénouement, Racine prend des libertés par rapport au mythe et érige son héroïne non pas en coupable mais en véritable victime tragique. La vraisemblance et la bienséance sont respectées grâce à l’emploi d’une des trois morts autorisées, à savoir la mort par empoisonnement, faisant de cette tragédie un chef-d’œuvre du théâtre classique.
La grande crise religieuse du XVIIe siècle opposant jésuites et Jansénistes se retranscrit dans le théâtre. Dom Rodrigue du Cid de Corneille luttant pour le salut de son âme est le parfait héros jésuite, les règles du théâtre classique n’étant nullement respectées. L’héroïne Janséniste Phèdre ne pouvant lutter contre un destin déjà tracé vient en réponse au Cid paru plus tôt et impose les règles du théâtre classique se devant d’être respectées. Ainsi, Le Cid de Corneille, œuvre baroque et instable serait l’antithèse même de Phèdre de Racine.
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