Peut-on dire qu'une grande œuvre littéraire est toujours une critique sociale?

“L'œuvre littéraire sert de miroir au public. L'auteur s'y reflète et le lecteur y trouve son image.” Jiang Zilong

Dans les faits, l’œuvre est le produit de l’Homme. Si ce produit relève du domaine de la littérature, ce qui est lié aux connaissances qui permettent de bien écrire et lire comme l’art de la poésie, la rhétorique ou la grammaire; il en devient alors une œuvre littéraire.

Pourtant l’œuvre littéraire peut être une arme pointée vers un gouvernement. Elle peut être une critique à l’intention du pouvoir, une ressource à l’intention du sage, une échappatoire face à la société ou une histoire tout simplement. L’œuvre littéraire peut être un miroir et critique sociale, un jugement de la société actuelle. C’est de par cette définition non exhaustive de Jiang Zilong, auteur chinois, que nous allons nous demander si une grande œuvre littéraire est toujours une critique sociale. Afin de répondre à cela, nous verrons dans un premier temps en quoi les grandes œuvres littéraires sont le reflet mais aussi la critique d’une société, avant d'analyser si cela est invariablement le cas ou non.

Il est impossible d’affirmer que le papier est étanche à la société. Plutôt, il est certain que celui-ci s’en imprègne. Le Rouge et le Noir de Stendhal en est la preuve. Ce roman social, de sa fiction réaliste va brosser le tableau de la société pour critiquer son fonctionnement. Plus précisément, Stendhal fait vivre ses personnages dans sa société et c’est au lecteur herméneute de se rendre compte des défauts qui la constituent. Pour d’autres auteurs, le message sera moins subliminal. Dans Le mariage de Figaro, écrit par Beaumarchais un siècle plus tôt, ce sont directement les personnages qui font la critique de la société. C’est alors à travers leur discours que transparaît la critique. Marceline, personnage du Mariage de Figaro met cela en avant dans une de ses tirades: “Mais dans l'âge des illusions, de l'inexpérience, et des besoins, où les séducteurs nous assiègent, pendant que la misère nous poignarde, que peut opposer une enfant à tant d’ennemis rassemblés?” La société à sa prise sur l’auteur, puisqu’il vit en son sein. Il est donc pour certains nécessaire de la critiquer, ne serait-ce que pour permettre de l’améliorer ou dénoncer une injustice. C’est le cas par exemple des Fables de la Fontaine qui dénoncent les défauts des Hommes, des personnes au pouvoir… Pour les fables, les animaux utilisés par Jean de la Fontaine servent de bouclier: eux peuvent librement émettre leur jugement sans craindre une quelconque représaille.

Toute œuvre littéraire porte sur elle une trace de la société, et c’est ainsi que le plupart vont la critiquer, mais est-ce rédhibitoire? Il s’agit de comprendre si une grande œuvre littéraire est nécessairement un roman social, car si la société imprègne ces œuvre, ils n’en font pas tous la critique.

C’est l’adverbe “toujours”, qui fait la nuance. À la question: “Peut-on dire qu'une grande oeuvre littéraire est toujours une critique sociale?”, la réponse ne peut être oui à cause justement de cet adverbe. Comme démontré auparavant, la société à sa place dans les grandes oeuvres littéraires, camouflée ou non, mais il n’est pas nécessaire

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