Ovide, Métamorphoses, I, 89-112
Commentaire d'oeuvre : Ovide, Métamorphoses, I, 89-112. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mbordet • 12 Juin 2017 • Commentaire d'oeuvre • 1 197 Mots (5 Pages) • 3 229 Vues
Commentaire : Ovide, Métamorphoses,I, 89-112
Age d’or
La mention de l’âge d’or permet de servir d’ouverture aux Métamorphoses. En effet, le projet de l’auteur est bien de raconter le cycle des Métamorphoses jusqu’à l’apothéose d’Auguste, il convient donc pour lui de commencer par raconter la création de l’humanité. Ovide reprend ici un mythe littéraire qui nous vient d’Hésiode : celui imagine les débuts de l’humanité partagés en cinq races. Ce thème de l’âge d’or (ou race d’or) va être souvent repris et devenir une sorte de miroir des temps présents. L’âge d’or sert de symbole d’un idéal perdu et permet de mettre en valeur la décadence des temps présents. Nous pourrons donc nous demander comment Ovide reprend ici le thème de l’âge d’or.
I/ L’âge d’or comme le premier des âges
- Age inscrit dans un passé révolu
Le premier vers avec le terme de « prima » permet d’ancrer immédiatement l’âge d’or dans le passé. De plus, l’utilisation de l’imparfait « colebant » (v. 2), « aberant » (v.3), « legebantur » (v.4) permet de souligner le fait qu’il s’agit d’un passé révolu : cette période est aujourd’hui terminé. On peut aussi souligner l’anaphore de «nondum» qui montre qu’il s’agit d’une période originelle.
- Âge décrit par des tournures négatives
On peut souligner l’abondance des tournures négatives cf cours. L’âge est ici décrit en « creux », en comparaison avec le temps présent. Il est l’antithèse du monde actuel qui est lui placé sous un angle pessimiste. On peut expliquer cet emploi fréquent des tournures négatives par la difficulté d’appréhender cet idéal (l’idéal ne peut être que par l’absence de ce qui fait le malheur du monde actuel).
II / Les éléments qui caractérisent cet âge d’or
- Une nature bienveillante et généreuse
Au cours de cet âge, l’Homme entretient une relation particulièrement privilégiée avec la nature. Celle-ci apparaît comme extrêmement variée : on peut ainsi relever l’énumération des fruits. Cette évocation des richesses de la nature permet de nous représenter une nature abondante et généreuse. On peut aussi relever la présence des fruits rouges qui sont le symbole de la sensualité et de la fécondité (la nature est féconde). On peut aussi relever la mention des épis lourds qui permet de mettre en valeur cette idée d’abondance cf « gravidis aristis ».
On retrouve dans ce passage le mythe de la nature nourricière cf « tellus ipsa dabat » (cette expression permet de souligner la spontanéité de la Nature qui s’offre à l’Homme). Les fruits sont véritablement offerts par la nature ; l’homme n’a aucun travail à produire cf ablatif absolu v.15 « cibis creatis » qui permet d’insister sur la facilité qu’ont les hommes pour trouver leur nourriture, ils n’ont aucun effort à produire. Par ailleurs, nous pouvons aussi remarquer l’adjectif « contenti » : les hommes sont heureux car ils se contentent de ce que leur offre la nature.
- Une vie paisible et agréable
Tous les éléments semblent participer à cet idéal puisque cet âge d’or est aussi marqué par la douceur de son climat. On trouve ainsi le thème du printemps éternel cf « ver erat aeternum » + « tepentibus auris ». La personnification des zéphirs doux qui caressent « mulcebant » les fleurs marque cette douceur du climat ainsi que la sensualité ambiante. On voit ainsi se dessiner l’utopie d’un endroit idéal, un véritable « locus amoenus ».
- Pureté de la nature
La nature décrite dans cet âge d’or est pure, intacte, vierge : elle a préservé toute sa beauté cf « tellus immunis », « intacta ». On peut aussi souligner la métaphore d’une terre non blessée par le travail agricole cf « saucia » : la terre n’a pas encore été travaillée par l’homme. Elle se trouve donc dans une sorte de beauté originelle.
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