Olympe de gouges
Commentaire de texte : Olympe de gouges. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar florinemlt • 4 Janvier 2022 • Commentaire de texte • 2 634 Mots (11 Pages) • 6 317 Vues
Lecture linéaire « Homme, es-tu capable… »
Introduction
Olympe de Gouges est une femme de lettre de la seconde moitié du 18eme siècle. Son combat contre les injustices et ses œuvres progressistes l’inscrivent dans le courant des Lumières. Mais ce qui singularise Olympe de Gouge, c’est surtout sa volonté d’obtenir l’égalité de droit entre hommes et femmes, principe qu’elle défend dans la Déclaration des droits et de la femme et de la citoyenne. Par ses discours et ses œuvres, elle défend les réformes du mariage favorables aux femmes et aux enfants ainsi que l’abolition de l’esclavage. Elle accompagne la Révolution par ses brochures qui encouragent des réformes sociétales vers davantage d’égalité entre les citoyens. C’est en 1791, peu après la révolution française de 1789 que ce texte est écrit. Cette déclaration des droits de la femme et de la citoyenne fait suite à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui a pour but de définir les droits naturels et imprescriptibles que sont la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l’oppression. Cette déclaration des droits de l’homme a été rédigée par des hommes. Or, Olympe de Gouges entend impliquer les femmes dans les fonctions politiques et sociales. Cette déclaration réécrit la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 pour énoncer les principes de l’égalité entre les deux sexes. Le texte analysé ici est un texte provocateur et polémique, il se rattache au genre de l'essai mais il prend un tour très oral, et s'apparente davantage à un discours ; il met en avant une véritable confrontation de l'auteur et d'un interlocuteur masculin. Nous nous demanderons en quoi ce texte polémique met à mal la prétendue domination de l’homme sur la femme. Pour y répondre, nous identifierons trois mouvements : les lignes 1 à 5 permettent à l’auteure d’interpeller l’homme pour le défier ; les lignes 6 à 10 reposent sur l’éloge de la nature qui discrédite alors les agissements de l’homme ; les lignes 14 à 20 dévalorisent l’homme en le rendant notamment coupable de son comportement
1 : Interpeller l’homme pour le défier et le placer face à la réalité
Olympe de Gouges s’adresse aux hommes et elle interpelle directement son destinataire dès le premier mot de son texte « Homme ». En outre, elle le tutoie, comme le montre l’emploi du pronom personnel sujet « tu » (l.1) ou encore le déterminant possessif « tes » (l.3), afin de mettre en avant non seulement un rapport familier mais aussi pour montrer que l’homme et la femme sont sur le même pied d’égalité. Le tutoiement est aussi une manière plus directe de s’adresser à son destinataire, ce qui renforce les propos virulents de l’auteure. En effet, Olympe de Gouges ne mâche pas ses mots et attaque directement l’homme en remettant en cause sa droiture. Pour mettre en évidence son manque de respect du droit et de l’équité, elle lui demande : « es-tu capable d’être juste ? ». Cette phrase interrogative, formée grâce au point d’interrogation et à l’inversion du sujet, est une interrogation totale directe. Comme l’auteure pose cette question pour interpeller l’homme et qu’elle n’attend aucune réponse de sa part, cette phrase devient une question oratoire. L’attaque d’Olympe de Gouges se poursuit puisqu’elle s’empresse de spécifier à son destinataire : « C’est une femme qui t’en fait la question » (l.1) ; elle souhaite le provoquer et elle se sert également pour cela d’une antithèse entre les mots « homme » et « femme » pour renforcer leur opposition défendue par le sexe masculin. Enfin, elle dit : « tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. » (l.2) Il s’agit d’une phrase négative dont la négation repose sur l’emploi des adverbes de négation « ne » et « pas » qui entourent le verbe « ôter », conjugué au futur simple. Cette négation est totale car elle porte sur la totalité de la phrase et signifie que l’homme ne peut pas retirer à la femme le droit de s’exprimer. Elle termine par cette question « Dis-moi ? »(l.2) pour insister sur l’idée que l’homme ne devrait pas oser remettre en cause la liberté d’expression d’une femme. Elle enchaîne ensuite avec trois interrogations, toujours dans le but d’apostropher l’homme. La première question, « Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? »(l.2), met en exergue la domination despotique et cruelle exercée par l’homme sur la femme. Olympe de Gouges emploie le champ lexical de la tyrannie dans une seule phrase (l.2) pour renforcer cette idée avec les mots : « souverain », « empire » et « opprimer ». De plus, à la ligne 5, elle écrit « empire tyrannique » qui complète le champ lexical précédemment cité et souligne encore une fois le règne d’autorité certaine. L’auteure souhaite montrer l’emprise de l’homme sur la femme et sa domination constante. Olympe de Gouges reste discrète dans les premières lignes et n’apparaît que sous le substantif « femme » (l.1) ou encore quand elle dit « mon sexe » pour parler de la gente féminine. Elle agit ainsi car elle ne parle pas en son nom propre mais se positionne en tant que porte-parole de toutes les femmes. Elle remet en question le pouvoir de l’homme sur la femme et donc sa légitimité et se demande d’où lui vient ce droit de dominer la femme. Elle interroge alors son destinataire pour connaître l’origine de ce droit : il lui vient de sa « force » ou de ses « talents » ? En faisant cela, elle sous-entend que ce n’est pas une raison suffisante pour régner sur les femmes. Pour convaincre l’homme de se confronter à la réalité, elle argumente en lui donnant des injonctions précises. L’emploi de l’impératif avec « Observe » (l.3), « parcours » (l.4) et « donne-moi » (l.5) montre non seulement que l’auteure donne des ordres à l’homme mais qu’elle insiste surtout sur sa manière d’agir. Il faut que l’homme regarde autour de lui et se rende compte qu’il n’existe pas dans la nature une telle tyrannie, une telle domination au sein de la même espèce. De plus, « l’empire tyrannique » de l’homme s’oppose à la « sagesse » du créateur, Dieu, et à la « grandeur » de la nature. Ces éléments élogieux ne font que renforcer le blâme de l’homme. Elle finit par défier l’homme car elle sait pertinemment qu’il ne trouvera pas d’exemple d’une telle domination et qu’il n’y a que lui pour agir de manière si vile envers les femmes. Le défi et la provocation résident dans l’emploi de la proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de condition introduite par la conjonction de subordination « si » qui met en évidence une éventualité, une hypothèse. Olympe de Gouges laisse à l’homme la possibilité de la contredire mais elle sait très bien que cela ne se fera pas. Elle fait preuve d’une grande lucidité.
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