Melancholia de Victor Hugo
Commentaire de texte : Melancholia de Victor Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Tilia70 • 29 Décembre 2022 • Commentaire de texte • 1 619 Mots (7 Pages) • 297 Vues
Commentaire de "Melancholia", de Victor Hugo
Victor Hugo est un poète et romancier du XIXe siècle qui, à travers son œuvre et son action politique, s'est très souvent engagé pour défendre la cause des plus défavorisés. Dans ce poème intitulé "Mélancholia" et extrait du recueil Les Contemplations écrit en 1838, le poète dénonce le travail des enfants dans des conditions horribles, réalité du XIXe siècle qu'il avait cotoyée. Par quels moyens tente-t-il de sensibiliser le lecteur à cette réalité cruelle ?
Après avoir décrit la vie terrible de ces enfants dans l'univers infernal de l'usine, il laisse éclater son indignation pour mieux persuader le lecteur de son temps qu'il faut arrêter au plus vite ce nouveau massacre des innocents.
Dans ce poème, Victor Hugo propose une description frappante du travail des enfants dans un environnement lugubre.
En effet, le décor et les personnages sont effrayants. Les lieux sont d'abord caractérisés par l'obscurité, comme l'indiquent les termes "sombre" (vers 7), "ombre" (vers 8), et les repères temporels "de l'aube au soir" (vers 5) et "il fait à peine jour" (vers 13). Les enfants ne voient jamais la lumière du jour et se retrouvent dans l'obscurité de l'usine, ce qui est confirmé par le repère spatial "sous des meules" (vers 4). Aussi le contraste avec leur pâleur est-il saisissant, d'autant qu'il connote la fatigue et la maladie, « la cendre est sur leur joue ».
Cet environnement hostile est d’ailleurs décrit dans toute son horreur grâce à la gradation dans les termes "prison" (vers 6), "bagne" et "enfer" (vers 9). Il semble même se métamorphoser en univers fantastique peuplé de créatures maléfiques : la personnification de la machine en "monstre hideux" (vers 8) confirme le caractère terrifiant de l'endroit. Cette personnification devient une métaphore filée avec les termes "dents" (vers 7) et "mâche" (vers 8), qui connotent la destruction : les enfants sont brisés par la fatigue, "ils sont déjà bien las", (vers 13), dévorés par les machines, broyés par un travail inhumain.
Car si le cadre est affreux, la durée et le caractère répétitif du travail sont plus terribles encore, comme en témoignent les indications de temps, "quinze heures" (vers 4), "de l'aube au soir" (vers 5), qui deviennent hyperboliques avec l'emploi de l'adverbe "éternellement" (vers 5). Le poète accentue la monotonie du travail à l'aide de parallélismes (vers 6 et 11) et de leurs répétitions, "même" et "jamais". La structure des vers renforce cette impression avec l'absence de coupes des vers 7 à 10 et le rejet expressif de "ils travaillent" qui, en allongeant le vers 9, semble lui-aussi prolonger la durée de la journée de travail des enfants. Enfin, le vers 11 intensifie l'horreur de la situation et la résume avec le parallélisme "Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue", terrible constat du poète et des petites victimes elles-mêmes, à travers l'emploi de l'indéfini "on".
En conséquence, devant ce traitement inhumain réservé à des enfants, le poète ne peut que s'apitoyer et crier son indignation et sa colère.
Il est vrai que les sentiments du poète sont visibles tout au long du texte.
Ainsi la pitié s'exprime dès les premiers vers avec un groupe ternaire de questions étranges et mystérieuses dont l'accumulation met en valeur la réponse qui se développe des vers 4 à 13 :" où vont tous ces enfants…? Ils s'en vont travailler…". Pour mieux apitoyer le lecteur, Victor Hugo utilise un champ lexical de l’innocence et de la fragilité des enfants, "doux êtres pensifs", "filles de huit ans", "innocents", "anges", "petits", "âge tendre",
"jeunesse en fleur" (vers 1 à 27). L'image est d'autant plus poignante que ces enfants sont détruits par leurs conditions de travail dont les conséquences sont affligeantes : "maigrit" (vers 2), "quelle pâleur", "la cendre" (vers 12), "rachitisme", "étouffant" (vers 18). Leur aspect fantômatique et leur délabrement physique ajoute à l'apitoiement, qui est à son comble lorsque le poète rapporte la parole des enfants au style direct, "Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue" (vers 11), "Petits comme nous sommes, Notre Père, voyez ce que nous font les hommes !" (vers 15-16). Le vocabulaire, simple et enfantin, renforce la tonalité pathétique de la plainte. La pitié est alors un sentiment partagé par le lecteur et elle permet de justifier parfaitement la colère du poète.
En effet, l'émotion du poète se change en une indignation véhémente qui s'exprime de plusieurs façons. La violence des apostrophes aux vers 17 et 18, "O servitude infâme", "Rachitisme!", est saisissante.
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