Madame Bovary: la chosification des hommes
Dissertation : Madame Bovary: la chosification des hommes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Daniella ARRIETA • 15 Mars 2017 • Dissertation • 3 197 Mots (13 Pages) • 899 Vues
LA CHOISIFICATION DES HOMMES
Introduction
Balzac ainsi que Flaubert font un travail de description de mœurs humaines du XIXe siècle. Par contre Flaubert dépasse les idées de Balzac, en n’admettant pas un mouvement littéraire spécifique. Ce qui lui donne la liberté d’intégrer différents éléments propres au Réalisme et au Romantisme pour en construire une critique. Pendant cette période la société européenne subit divers évènements qui ont stimulé son style novateur. Un exemple d’innovation est la révolution industrielle qui commence au Royaume-Unis, ainsi le boom ferroviaire des années 1840 coïncide avec le début d’écriture du roman de Mme Bovary en 1851. Flaubert propose des personnages vraisemblables, voir stéréotypés, qui représentent la société de son époque et à travers lesquels il construit sa critique. Mme Bovary est paru en 1857, étant la première grande œuvre de Flaubert qui origine du scandale. La genèse d l’œuvre vient de plusieurs faits divers (qui ont eu lieu en Normandie), par exemple celui de Delphine Delamarre qui était mariée à un officier de santé, et finit par se suicider en s’empoisonnant; ainsi que de l’affaire Lafarge, où Marie Lafarge est soupçonnée et reconnue d'avoir empoisonné son époux, Charles Lafarge. Elle est condamnée en 1840.
Madame Bovary est un pur exercice de style dans lequel Flaubert essaye d’expurger ses écritures romantiques. Le sujet de la chosification des hommes devient un outil de cette critique. Le terme « hommes » est trompeur du fait qu’il dirige le lecteur dans une logique qui établirai un lien directe avec le genre masculin, puisque, Emma Bovary, qui est la seule femme à jouer un rôle important dans l’œuvre, est cerné d’une présence majoritaire d’hommes. L’homme plume envisage un sens plus large et universel du terme “hommes” en se référant plutôt a toute l’humanité en général.
Est-ce-qu’on peut dire que la chosification accentue une critique de la société qui prévaut valable du XIXe siècle à nos jours ?
Flaubert fait une chirurgie descriptive qui chosifie les hommes. Autrement dit, il fait une description méticuleuse en insistant sur la composition physique des sujets. À travers ces descriptions, Flaubert devient en quelque sorte un chirurgien qui “démembre” ses personnages. Ceci n’est pas étrange puisqu’il a grandi à l’Hôtel Dieu, un hôpital à Rouen, qui a pu influencer sa pensée. De plus, il a toujours été fasciné par le thème de « devenir-chose », un procédé qui a comme but de transmuter ses personnages en les objectivant jusqu’à réduire leur humanité. Il s’agit d’un travail très délicat et même silencieux, car la plupart du temps ce n’est pas évident superficiellement et sa demande une lecture détaillée de l’œuvre. Effectivement, pour aboutir l’effet désiré, notre auteur profite dans plusieurs occasions, de faire des descriptions d’ensemble, c’est-à-dire, une description collective, qui rend ce procédé plus facile à repérer. Nous avons choisi trois extrait, qu’à notre critère, jouent un rôle important dans le développement de l’œuvre et au même temps, illustrent cette caractéristique du bovarysme. Le premier extrait correspond aux Bals de Vaubyessard, une soirée qui marque Emma pour toujours et qui aggrave ses désirs démesurés : “les éventails peints s’agitaient, les bouquets cachaient à demi le sourire des visages, et les flacons à bouchon d’or tournaient dans des mains entrouvertes dans les gants blancs qui marquaient la forme des ongles” (p.102 chap 8, partie I) . Flaubert utilise une longue énumération pour montrer la vaste quantité et variété de produits que les femmes de la bourgeoisie du XIXe siècle possédaient. Nous en tant que lecteur on comprend qu’il est en train de les décrire, mais quand on lit, les personnages qui portent ou utilisent ces objets, disparaissent derrière ces derniers. Ensuite on trouve un autre exemple qui prend place lors de la veille du mariage de Charles avec Emma Rouault : ”tout le monde était tondu a neuf, les oreilles s’écartaient des têtes”. Ici on peut voir clairement comment les personnages sont démembrés, et plus important encore, on voit que Flaubert spécifié sa description sur une partie du corps, dans ce cas on parle des “oreilles”, qui caractérisent les invités. Enfin, le dernier extrait est la soirée à Rouen qui a comme but d’assister à l’opéra de Lagardy: “tous les mouchoirs tirés épongeaient les fronts rouges (p.300, chap 15, partie II) . Une autre fois, l’auteur est en train de généraliser et un élément commun aux trois extraits est qu’il y une inversion évidente par rapport à la réalité. Les objets deviennent le sujet de la phrase, comme s’ils avaient un esprit, une existence propre, quand normalement ils dépendent des humaines qui les utilisent. Ainsi, Flaubert crée une vision plutôt dévalorisante de ses personnages en les transformant dans des produits “industrialisés”. Par contre, le sujet est un être dit pensant. En effet, c’est quand il pense “je” que l’être humain se distingue des animaux et des objets, mais dans ce cas, Flaubert fait disparaître ce “je”. Alors le sujet n’aboutit pas à développer une conscience par rapport au monde extérieur, ce qui limite sans pouvoir sur soi-même. Donc si la conscience est si essentielle pour l’humanité, pourquoi Flaubert deprive-t-il l’homme de ce qu’il a de plus propre? Il le fait parce qu’on enlevant aux individus sa singularité et sa particularité ils deviennent des “produits en série”. Les personnages deviennent des “produits de consommation” avec un caractère uniforme et une nature impossible à identifier .Notre auteur déclenche une perte du privé et du particulier, remplacée par une acquisition d’un caractère général et partagé. Lorsque Flaubert chosifie ses personnages, il les rend des êtres vides qui ont perdu leur essence. Cette idée est accompagnée par l’industrialisation , qui générer une accélération de la production en masse, alors ce qui est une nouveauté devient très vite quelque chose d’obsolète. La modernité ne cesse pas de se renouveler et le fait chaque fois plus efficacement , par conséquent l’être humain s’habitue à l’aspect éphémère de la vie. Généralement, les hommes se caractérisent de vouloir dominer tous les aspects qui composent leurs vie, surtout en ce qui concerne le contrôle du temps. En effet, les hommes croient pouvoir le dépasse mais a vrai dire ils ne se rendent pas compte que c’est lui qui est supérieur et va donc les soumettre. Pour cette partie on a décidé de choisir un exemple plus précis, par exemple , après du Bal, Emma est découragée car elle revient à la monotonie du quotidien et est a l’attente de recevoir une nouvelle invitation à un autre Bal. Son bonheur dépend strictement d’une ambition futile et indéfendable, ce qui détruit ses forces et la mène à se réfugier dans le “Temps” , devenant susceptible a la manipulation. La citation suivante le prouve: “mais chaque matin, à son réveil, elle l’espérait pour la journée(…) toujours plus triste, désirait être au lendemain. Le printemps reparut (…) Dès le commencement de juillet, elle compta sur ses doigts combien de semaines lui restaient pour arriver au mois d’octobre, pensant que le marquis d’Andervilliers, peut-être, donnerait encore un bal à la Vaubyessard. Mais tout septembre s’écoula sans lettre ni visites” (p.117, chap IX, partie I). Emma devient effectivement un objet inanimé et le temps devient le maitre de sa motivation.
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