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Madame Bovary, Flaubert, 1857

Commentaire de texte : Madame Bovary, Flaubert, 1857. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Février 2022  •  Commentaire de texte  •  1 261 Mots (6 Pages)  •  415 Vues

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Suzanne DELBECQ.                                                                            LM 3 – PLC

Sujet A : Commentaire composé.

Madame Bovary, Flaubert : chapitre 1 de la troisième partie.

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Flaubert disait à propos de son personnage : « Emma retrouvait dans l’adultère toutes les platitudes du mariage ». Attachée à ses nombreuses lectures, elle oublie de vivre sa propre vie et est illusionnée de mensonges.  Dans ce roman, Flaubert s’attache à dépeindre la réalité de son époque. Courant littéraire qui viendra rompre avec le romantisme, c’est le réalisme. C’est pourquoi Madame Bovary, roman probablement le plus connu de son auteur, traite un sujet extrêmement osé pour l’époque : l’adultère.

Dans le chapitre I de la troisième partie du roman, Flaubert nous témoigne des sentiments enfouis et refoulés qu’Emma a ressenti à l’égard de Léon sont sur le point de rejaillir. Léon ayant quitté Yonville, les futurs amants ne se sont pas vus pendant plusieurs années. Emma décide de renoncer à Léon et l’exprime dans une lettre. Cependant, Emma fixe un énième rendez-vous avec ce dernier pour lui remettre cette lettre. À travers ce chapitre, qui sera au cœur des débats lors du procès de Flaubert pour son roman Madame Bovary en 1857, nous pouvons nous demander comment Flaubert nous dresse le tableau d’une scène particulièrement érotique mêlant comique et subtilité ?

Nous analyserons la dimension religieuse particulièrement présente dans l’extrait, dans une seconde partie, nous verrons en quoi cet extrait témoigne de la fragilité du caractère du personnage principal, enfin, dans une troisième et dernière partie, nous nous attacherons à démontrer que cet extrait nous témoigne d’une scène érotique particulièrement implicite.

  1. L’église au cœur de l’extrait : entre comique et bouleversement des mœurs.
  1. Un lieu pourtant propice à un retour dans le droit chemin
  • Le choix du lieu pour un rendez-vous adultère : une Église. Choix particulièrement scandaleux et très controversé lors du procès de Flaubert pour son roman en 1857. Ce choix de lieu a profondément choqué la société de cette époque.
  • Emma semble vouloir se raccrocher à la morale, à la religion.  
  1. Le rôle comique du Suisse
  • Le Suisse semble prendre son rôle particulièrement à cœur. Ce qui a un effet comique sur le lecteur. « majestueusement » ; « il étendit les bras dans un geste de démonstration ». Flaubert appuie le comique sur ce personnage. Né pour cette mission : il doit retenir Emma pour lui éviter l’adultère.
  • Jusqu’à la dernière minute, il vient rechercher le couple peccamineux aux portes de l’église.
  • Les références auxquelles il fait allusion ont aussi un but comique : « Le jugement dernier » ; « les Réprouvés » ici les réprouvés sont les deux futurs amants.
  1. Un lien déjà rompu avec la moralité synonyme de modernité
  • Emma a déjà connu l’adultère avec Rodolphe, pourtant, semble vouloir retrouver sa place auprès de son mari et lui rester fidèle.
  • Un argument pourtant bien faible sera l’élément déclencheur de ce second adultère : la modernité. « Cela se fait à Paris ».
  1. Un destin bouleversé : Léon maître du jeu.
  1. Léon aux commandes de leur destin.
  • Léon est le personnage le plus présent de l’extrait. Dans les dialogues notamment. Mais aussi, Flaubert s’attache à montrer ses émotions au début de l’extrait ce qui nous offre un véritable duel entre Léon (symbolisant l’adultère) et le Suisse (symbolisant l’Église). « se mordant les lèvres, trépignait » ; « de dire un seul mot, de faire un seul geste » parallélisme de construction qui accentue l’impatience de Léon. Il veut absolument sortir de cette église car il a l’impression qu’Emma lui échappe. D’abord impuissant face à la situation, il prendra les commandes pour obtenir ce qu’il veut.
  1. La passivité d’Emma
  • À côté de Léon, Emma est beaucoup plus passive.
  • Presque absente des dialogues. La seule fois où elle prend la parole, elle est hésitante, en témoigne les points de suspension « Ah ! Léon !... Vraiment…, je ne sais… si je dois… ! »
  • « voile baissé, sans détourner la tête »
  1. Une symbolique présente tout au long de l’extrait
  • le mariage : « la femme pleurant à ses genoux »
  • le papillon blanc : « la lettre qu’Emma avait écrite à Léon sans laquelle, elle renonçait à leur amour, décidant de rester fidèle à Charles, son mari. Une fois venue la consommation de leur amour, elle déchire la lettre (implicite) « déchirures de papier, qui se dispersent au vent et s’abattirent plus loin, comme des papillons blancs » La symbolique du papillon blanc : sagesse spirituelle : contraste choisi de la part de l’auteur ?
  1. Une scène érotique implicite
  1. Une focalisation externe choisie synonyme de contrainte
  • On ne sait pas ce qu’il se passe dans le fiacre. Personne ne sait à part les personnages. Certainement voulu par Flaubert, ne pouvant décrire une scène aussi osée.
  • Le lecteur est donc face à la description.  
  • L’espace est clos.  
  1. Une action lente
  • Au début de l’extrait : action lente. S’accélère au moment de quitter l’église. Puis de nouveau lente pour appuyer sur la durée de la scène.
  • Plusieurs points indicatifs : le cochet qui n’en peut plus. « démoralisé, et presque pleurant de soif, de fatigue et de tristesse ». Les chevaux aussi « ses deux rosses tout en sueur »
  • Description très précise des lieux par où les deux jeunes amants passent. Non pas pour offrir au lecteur une belle description de la Normandie mais pour appuyer sur la durée de l’acte.
  1. Le choix d’une description où l’éros y est implicite : lieux, verbes…
  • Ne pouvant offrir de description à ce qu’il se passe dans le fiacre et par choix aussi peut-être, Flaubert a décidé de nous offrir certains détails à aller chercher dans la description. Premièrement avec les verbes : « descendit » ; « doucement » ;…
  • Mais également les lieux « Trois-Pipes » ; « Lescure » ;
  • La description du paysage peut nous faire penser qu’ici Flaubert décrit son personnage féminin : « le long d’une terrasse toute verdie par des lierres »
  • Le fiacre roule au hasard : échappatoire (à la morale)

Flaubert nous dresse donc ici une facette déjà bien connue d’Emma : la fragilité. Il a eu l’audace de mêler religion et adultère ce qui lui vaudra ce procès. Emma qui avait pourtant choisi de renoncer à Léon, y cède facilement contre un argument de modernité. L’extrait nous témoigne d’une scène érotique très implicite, cachée par de nombreuses descriptions qui méritent une analyse profonde afin d’en comprendre le véritable sens.

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