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Madame Bovary

Fiche : Madame Bovary. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  10 Janvier 2016  •  Fiche  •  13 090 Mots (53 Pages)  •  1 155 Vues

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Gustave Flaubert naît à Rouen le 12 décembre 1821. Dès le collège, puis au lycée, il écrit de nombreux textes. Septembre 1851, il commence la rédaction de Madame Bovary.  achève ce « livre si simple » le 30 avril 1856. Madame Bovary paraît dans La Revue de Paris, revue de son ami Maxime du Camp. Le 29 janvier 1857 et le 7 février suivant, Madame Bovary fait l’objet d’un procès, pour atteinte aux bonnes moeurs et à la religion. Flaubert est acquitté. Il commence le dernier chapitre de Bouvard et Pécuchet lorsqu’il meurt d’une hémorragie cérébrale à Croisset, le 8 mai 1880. Cette œuvre inachevée sera publiée à titre posthume en mars 1881, chez l’éditeur Lemerre.

Ses amis Louis Bouilhet et Maxime du Camp lui suggèrent d’écrire un roman d’après un fait divers normand : le suicide de Madame Delamare, deuxième épouse d’un officier de santé, établi à Ry, en Normandie. Cette jeune femme a, comme Emma, trompé son époux (qui se suicide de chagrin), contracté des dettes importantes et laissé une petite fille, que l’on retrouve dans le personnage de Berthe. Flaubert connaissait également une autre histoire d’empoisonnement,

racontée dans les Mémoires de Madame Ludovica, ouvrage consacré aux déboires sentimentaux et financiers de l’épouse de son ami sculpteur, Pradier. Il affirme pourtant que « Madame Bovary est une pure invention », la rédaction de ce roman a été difficile, voire douloureuse (novembre 1851 à Louise Colet). « La Bovary m’ennuie » Madame Bovary paraît en 1857, sous Napoléon III. D’après les deux seules dates mentionnées au début du roman (1812 et 1835), l’action se situe entre les deux révolutions de 1830 et 1848, sous le règne de Louis-Philippe appelé « Monarchie de juillet »

La génération de Zola, Maupassant et Flaubert vit dans un monde où toutes les convictions se trouvent ébranlées. La France connaît neuf régimes politiques différents entre 1789 et 1890 ; la monarchie, pouvoir traditionnel, s’est effondrée ; la religion, remise en cause lors de la Révolution, n’est plus universellement reconnue comme une vérité. Elle est remplacée par l’argent et la réussite sociale.

La littérature du XIXe est-elle fortement marquée par la désillusion, la mélancolie et le pessimisme. Les artistes, qu’ils soient romantiques ou réalistes, jugent sévèrement ce monde qu’ils trouvent médiocre, sans idéal et matérialiste. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, on est passé de la mélancolie romantique à une vision plus angoissée, plus pessimiste encore de l’existence. L’ennui et le dégoût de vivre remplacent la tristesse dans cette génération marquée par l’échec de deux révolutions (1830 et 1848) et le désastre de la guerre de 1870. Flaubert est lui aussi atteint par ce désenchantement, qui est en quelque sorte un « second mal du siècle ».

La relation de Flaubert avec le romantisme est assez complexe, se place en opposition au romantisme, tout en ressentant le même dégoût pour son époque et la même nostalgie qu’un écrivain comme Musset. Revenu de l’illusion romantique, trop douloureuse une fois déçue ; ses personnages, comme Emma ou Frédéric Moreau (dans L’Éducation sentimentale) sont romantiques : trop loin de la réalité qu’ils idéalisent et totalement inadaptés au monde dans lequel ils vivent, ils sont voués à l’échec.

Le désir de vraisemblance pousse les auteurs réalistes à faire de leurs protagonistes non plus des héros exceptionnels mais des hommes ordinaires, dont la difficulté de vivre fait partie de l’intrigue. Madame Bovary en est une parfaite illustration.

Le naturalisme se développe entre 1865 et 1890, n’est pas une école fermée mais plutôt une tendance, regroupant, autour de Zola, quelques écrivains comme Maupassant, Huysmans, les frères Goncourt, Les naturalistes prennent en compte l’influence des progrès scientifiques et techniques et des changements économiques et sociaux de cette seconde moitié du XIXe, qui vont bouleverser la société et les modes de pensée. Le roman devient alors un lieu d’expérimentation, les romanciers naturalistes comme Zola vont plus loin encore que les réalistes dans la description de la réalité : ils désirent en découvrir les ressorts cachés ; ils décrivent en effet les ravages de l’argent, de la misère sociale, ils montrent la médiocrité de la vie quotidienne. Les auteurs comme Flaubert et Maupassant décrivent un mal, plus profond. Leur regard sur la société, sa médiocrité, sa mesquinerie et sa bassesse est sans espoir. Le mal-être dont souffrent leurs personnages n’est pas seulement lié à des conditions sociales mais aussi à une insatisfaction propre à la mélancolie. De ce sentiment-là on ne guérit pas ; une immense lassitude, irrémédiable et qui peut aller jusqu’au dégoût de vivre, s’empare des personnages, atteints par ce mal.

Le titre Madame Bovary est en soi énigmatique. En effet, « Madame » renvoie à une bourgeoise Le lecteur

sait donc tout de suite à quel niveau social se situe l’héroïne Emma a acquis une existence sociale de petite bourgeoise grâce à son mariage avec Charles Bovary ; de fille de paysan, elle monte d’un degré dans l’échelle sociale et devient Madame Bovary. Être femme de médecin implique une bonne place dans la société, mais ce titre sous-entend également toute la lourdeur de Charles, tout le poids que supporte Emma de la part de son mari, chaque jour. Le patronyme « Bovary », peut évoquer la lourdeur et la lenteur des bovins. Ce patronyme est-il moqué dès les premières pages du texte et la femme d’un tel homme, porteur d’un tel patronyme, ne peut pas être heureuse. Elle qui rêvait d’une vie sociale éblouissante au bras d’un mari spirituel et homme du monde, elle devient l’épouse d’un homme, victime depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte. C’est parce qu’elle a épousé Charles Bovary, qu’Emma a l’impression de passer à côté de sa vie, c’est donc bien le titre de « Madame » qui donne tout son poids à cette histoire.

Le sous-titre, Moeurs de Province, évoque, quant à lui, les sous-titres de Balzac dont Flaubert était un grand admirateur. Le romancier, qui a vécu la plus grande partie de sa vie en Normandie, connaît bien les moeurs de sa province, des petites villes et de l’esprit étriqué qui y règne souvent, surtout à son époque. Le sous-titre enferme Emma dans une sorte de fatalité, dont elle ne pourra pas sortir, et que l’auteur condamne et rejette.

Flaubert a accordé autant d’importance à la structure, à l’écriture qu’à la psychologie de ses personnages. La composition de ce roman est l’un de ses soucis constants, comme en témoignent sa correspondance, les nombreux scénarios et plans de Madame Bovary. Madame Bovary est divisé en trois parties de longueur inégale et comporte en tout 35 chapitres. C’est le personnage de Charles qui ouvre et ferme le roman, tandis que l’histoire de son épouse, personnage éponyme, en forme le centre. À l’image des trois parties inégales du roman, les chapitres sont de différente longueur, en fonction de l’importance des événements narrés, selon le point de vue d’Emma. La structure du roman est donc liée à la subjectivité de la protagoniste.

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