Louise , Gérard Berliner
Commentaire de texte : Louise , Gérard Berliner. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar OSNem3sis • 28 Février 2017 • Commentaire de texte • 2 527 Mots (11 Pages) • 4 246 Vues
Louise
Mais qui a soulagé sa peine
Porté son bois porté les seaux
Offert une écharpe de laine
Le jour de la foire aux chevaux
Et qui a pris soin de son âme
Et l'a bercée dedans son lit
Qui l'a traitée comme une femme
Au moins une fois dans sa vie
Le bois que portait Louise
C'est le Bon Dieu qui le portait
Le froid dont souffrait Louise
C'est le Bon Dieu qui le souffrait
C'n'était qu'un homme des équipes
Du chantier des chemins de fer
À l'heure laissée aux domestiques
Elle le rejoignait près des barrières
Me voudras-tu moi qui sais coudre
Signer mon nom et puis compter,
L'homme à sa taille sur la route
Passait son bras, la promenait
L'amour qui tenait Louise
C'est le Bon Dieu qui le tenait
Le regard bleu sur Louise
C'est le Bon Dieu qui l'éclairait
Ils sont partis vaille que vaille
Mourir quatre ans dans les tranchées.
Et l'on raconte leurs batailles
Dans le salon après le thé
Les lettres qu'attendait Louise
C'est le Bon Dieu qui les portait
La guerre qui séparait Louise
C'est le Bon Dieu qui la voyait
Un soir d'hiver sous la charpente
Dans son lit cage elle a tué
L'amour tout au fond de son ventre
Par une aiguille à tricoter
Si je vous garde Louise en place
C'est en cuisine pas devant moi
Ma fille prie très fort pour que s'efface
Ce que l'curé m'a appris là
Et la honte que cachait Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a cachée
Le soldat qu'attendait Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a vu tomber
Y a cinquante ans c'était en France
Dans un village de l'Allier
On n'accordait pas d'importance
A une servante sans fiancé
Le deuil qu'a porté Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a porté
La vie qu'a travaillé Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a aidée
Gérard Berliner 1982
corrigé pour l'oral.
Dans le cadre du projet annuel, le conflit en Art et littérature
En 1982, alors qu'il n'a que 26 ans, Gérard Berliner chante Louise, portrait de femme amoureuse et esseulée, prise dans la tourmente et les drames de la Première Guerre mondiale. L'interprétation est lyrique, emphatique, vibrante, elle saute aux oreilles, et visiblement au cœur de milliers d'auditeurs émus. Pendant plusieurs mois, l'histoire déchirante de Louise résonne sur toutes les radios. Chanson à la fois populaire et littéraire. Le disque se vend à plus d'un million et demi d'exemplaires. Gérard Berliner avait su retrouver la scène et le public au milieu de la décennie 2000 en rendant hommage à son héros de mots, Victor Hugo. De longues semaines, il avait ainsi présenté au Théâtre Marigny son évocation, mi-parlée, mi-chantée, du grand homme (Mon alter Hugo, avec la complicité musicale de Roland Romanelli, accompagnateur de Barbara). Ce Berliner-là portait une barbe blanche, à l'image d'un Hugo vieillissant, mais gardait l'œil très vif et malicieux. Il semblait même prendre un plaisir quasi physique à se glisser dans la peau d'un tel personnage, et à propager sa parole. Loin des FM, qui l'avaient depuis longtemps oublié, son Hugo lui avait valu une nomination aux Molières 2006, dans la catégorie « Meilleur spectacle musical ». Louise, chanson au titre éponyme illustre la place de la femme modeste pendant la première guerre mondiale. C'est pourquoi nous nous demanderons comment cette ode au titre éponyme de Louise parvient-elle à émouvoir ? Dans un premier temps nous nous intéresserons à la construction du récit en poésie, Une Ode à Louise, femme humble sensuelle romantique, puis dans un deuxième temps aux images évocatrices du contexte social, Dommages collatéraux, cruauté, réalisme, cynisme, Enfin, nous terminerons sur l'émotion à travers un Lyrisme moderne.
Cette chanson est écrite en vers. Il s'agit d'une ode, à savoir : à l'origne il s'agit d'un poème destiné a être chantés, pour les grecs. Poème lyrique divisé en strophes semblables entre elles par le nombre et la mesure des vers et destiné soit à célébrer de grands événements ou de hauts personnages (ode héroïque), soit à exprimer des sentiments plus familiers, il s'agit aujourd'hui de Poème mis en musique. Gerard Berliner a parfaitement respecté le genre. Treize couplets ou strophes présentent le portrait de Louise. Il s'agit de quatrains tous composés d'octosyllabes. Les rimes sont croisées. Le rythme n'est pas soumis à la ponctuation, mais suit la musique d'accompagnement qui rappelle lorsqu'on l'écoute des thèmes lyriques ou pathétiques. De même , une ode peut être un poème musical mêlé de chant, de récitatif noté et parlé, et dans lequel l'orchestre joue un rôle très important. Dans cette chanson, L'auteur intercale des discours parlés, Louise ou son employeur, et des pauses musicale en fin de couplet qui offre une importance au lyrisme musical porté par les instruments. C'est une ode en effet. Une Ode qui peut prendre les allures d'hymne à l'intention de Louise. Les émotions dominent le textes esquissent le portrait d'une femme humble néanmoins sensuelle et romantique. L'humilité du personnage est mise en exergue par le champ lexical du labeur difficile : «soulagé sa peine » ligne 1, « Porté son bois porté les seaux » ligne 2 . De même la description du cadre spatial dans lequel vit Louise est modeste «sous la charpente Dans son lit cage » enjambement renforce l'image d'un lieu à la fois modeste et réducteur, construit l'humilité du personnage. Louise énonce elle-même l'humilité de sa personne « « Me voudras-tu moi qui sais coudre, Signer mon nom et puis compter, ». Les effets sur le lecteur sont immédiats, l'humilité du personnage la rend digne de compassion. C'est une femme sensuelle, Louise est tenue par l'amour, le verbe tenir laisse supposer le caractère sensuel de son attachement « L'amour qui tenait Louise » la métaphore « Le regard bleu sur Louise » sans doute les yeux de son amoureux donne au regard la sensualité qu'éprouve le personnage. L'image « Et l'a bercée dedans son lit
Qui l'a traitée comme une femme » composée à partir du verbe Bercer pour être traitée comme une femme, permet d'imaginer la douceur sensuel de sa relation amoureuse, d'autant que le lieu est précisé « dedans son lit » une figure d'instance, dedans, à l’intérieur, en soi. Louise est une romantique, romanesque. Elle prend des risques, elle est amoureuse avec passion. « À l'heure laissée aux domestiques Elle le rejoignait près des barrières » Elle se confie sans honte avec hardiesse « « Me voudras-tu moi qui sais coudre, Signer mon nom et puis compter, » en discours direct elle fait son propre éloge, et espère être acceptée. Louise attend malgré la séparation «Les lettres qu'attendait Louise », «Le soldat qu'attendait Louise ». la répétition du verbe attendre renforce l'attachement amoureux de Louise. Romantique et romanesque, Louise humble et sensuelle doit néanmoins subir les lois cruelles de son époque.
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