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Lettre à Louis XIV de Fénelon

Commentaire de texte : Lettre à Louis XIV de Fénelon. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  31 Décembre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 910 Mots (8 Pages)  •  5 615 Vues

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Lecture analytique Lettre à Louis XIV de Fénelon

Objectifs : - Retrouver les caractéristiques de la lettre comme discours écrit et sa force argumentative ;

                     - Découvrir quel regard un auteur du XVIIe siècle pouvait porter sur la situation de la France et comment il dénonçait certains dysfonctionnements.

Introduction

Sur l’auteur- qui était exactement Fénelon ? 

Aristocrate du XVIIe siècle (1651-1715), il est écrivain, mais également prêtre. Il se consacre à la littérature argumentative et appartient au courant des moralistes. Grâce à l’appui de Mme de Maintenon, il occupe le poste important de précepteur du petit-fils du roi Louis XIV. Plus sa carrière avance, plus Fénelon se montre critique vis-à-vis du règne de Louis XIV.

► Sur le contexte

1694 sous le règne de Louis XIV, monarchie absolue. Société inégale (trois ordres) Il passe la moitié de son règne dans des guerres qui absorbent les finances publiques. Le bilan est paradoxal, entre grandeur et gloire d’un côté, misère et inégalités de l’autre.

Sur le texte

Lettre écrite à Louis XIV mais adressée à Mme de Maintenon seconde épouse du roi, qui a joué un important rôle politique auprès de lui. Fénelon dresse un tableau pathétique et critique de la France. Il donne un ensemble de constats accablants dont il accuse Louis XIV d’être le responsable.

► Problématique : Comment Fénelon dénonce-t-il l’injustice sociale ?

La lettre

La lettre repose sur une longue tradition savante et littéraire. L’Antiquité romaine a laissé des modèles célèbres, comme les Lettres à Lucilius de Sénèque, les lettres de Cicéron, qui mêlent à la lettre amicale des débats politiques, moraux ou philosophiques, ou encore les Héroïdes d’Ovide, lettres d’amantes esseulées, abandonnées, ouvrant la voie sentimentale de l’expression amoureuse. C’est à la Renaissance que l’art de la lettre connaît son véritable essor. De grands théoriciens, comme Erasme, dans son De conscribendis epistolis de 1522, lui donnent ses lettres de noblesse, en affirmant sa souplesse et sa capacité à rendre la justesse de la pensée dans une expression jouant de l’effet de proximité.

En effet, la lettre a cette caractéristique propre de proposer un dialogue à distance :

  • Présence de l’émetteur / locuteur : pronom Je, références personnelles, sentiments… ;
  • Qui s’adresse à un destinataire précis (Tu, Vous) ou non (cas de la lettre ouverte qui ne s’adresse à personne en particulier) ;
  • Sur un sujet précis (une lettre est comme un objet clos – date, lieu, en-tête, signature, enveloppe – qui aura cette particularité de discuter sur un thème en particulier).

Cette situation d’énonciation permet d’échanger, de discuter, de critiquer (on connaît la correspondance houleuse entre Voltaire et Rousseau) sans se confronter directement à la pensée, à la réaction de l’autre ou tout simplement de proposer une pensée, une réflexion adressées à tous (par écrit // distance, exil, censure : on sait que Voltaire a écrit ses Lettres philosophiques d’Angleterre alors qu’il était contraint à l’exil).

Retenir qu’une lettre est déjà comme un portrait de celui qui écrit : c’est tant un point de vue sur le monde qui est donné qu’un moyen de se livrer à l’analyse personnelle en même temps que le style nous informe sur la personnalité de celui qui écrit (le style c’est l’homme même).

Il faudra retrouver : - les marqueurs d’énonciation (pronoms, verbes, ponctuations, oralité…) ;

                                - le sujet de la lettre (thèse, sujet polémique ou non…) ;

                                   - le style de destinateur (ironie chez Voltaire par ex…) en fonction ou non d’un destinataire particulier (on ne s’adresse pas de la même manière au Roi qu’à un amant ou un ennemi) ;

                                - la stratégie argumentative (// art de convaincre et / ou persuader).

I – Une lettre argumentative 

1. L’émetteur / le locuteur

 S’implique-t-il personnellement ?  observation des pronoms personnels / à noter : le « nous », l. 12

 - Peu d’implication personnelle : absence de la 1ère personne du singulier.

 Pourquoi s’implique-t-il aussi peu ? Que signifie la présence du pronom « nous », l. 12 ?

 - Il se fait le porte-parole du peuple :

           * beaucoup de références au peuple (les relever, noter leur apparition dès la 1ère phrase)

        * le 2ème paragraphe est presque exclusivement consacré aux opinions et aux sentiments du peuple :

                     le peuple est le sujet de nombreux verbes « le peuple » l. 14, « il » l. 16, « ils » l. 17 ;

                    → Fénelon va même jusqu’à retranscrire les paroles du peuple au discours direct « dit-on ».

Fénelon s’efface pour mieux faire entendre la cause qu’il défend. Il ne parle pas en son nom propre mais au nom d’un peuple misérable dont le roi semble ignorer le sort.

2. Le destinataire

Deux destinataires :

 - Louis XIV : usage de la 2ème personne du pluriel (en faire entourer quelques uns) + appellation respectueuse « Sire » l. 10 et à la fin du texte.

 - Madame de Maintenon, implicitement // paratexte.

Pourquoi l’avoir envoyée à Madame de Maintenon ? Quelles sont vos hypothèses ?

 Fénelon la connaît personnellement ;

 Elle a beaucoup d’influence sur le roi ;

 Le sort du peuple pourrait la toucher davantage (morale catholique)

 La lettre pourrait déplaire au roi  noter le « il faut tout dire » l. 14 : peut-on « tout dire au roi ? », les faire réfléchir à la liberté d’expression au XVIIe et aux risques encourus…

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