Les souffrances du jeune werther de Goethe

 LES SOUFFRANCES DU JEUNE WERTHER

(1774)

Introduction :

Les Souffrances du jeune Werther, parut en 1774 est le premier roman de Goethe, qui rencontra un succès troublant en Allemagne comme en France. Ce petit roman épistolaire influença les premiers romantiques et on dit de cet ouvrage et de son succès qu’il marque l’avènement du romantisme, mouvement littéraire apparu à la fin du 18ème siècle qui se caractérise par la dominance de la sensibilité et de l’émotion sur/ au détriment de la raison et la morale. (Lecture) Nous chercherons au fil de notre analyse à déterminer quelle entrée dans le roman se met en place ici/dans cet incipit. Dans un premier temps nous étudierons la façon dont se noue le pacte romanesque puis comment le personnage est présenté dans cet incipit.

I:Le pacte romanesque

Ce roman n’a pas une forme traditionnelle+=, l’histoire de Werther et de ses souffrances dont il est question dans le titre n’est pas racontée à la troisième personne, par un narrateur omniscient car/non car ce roman est un recueil de lettres présentées par un préambule de dix lignes. Dans ce préambule il est dit qu’elles ont été « rassemblées avec soin », ce qui semble vouloir dire que ce sont de vraies lettres qui sont présentes dans le roman (à moins que tout ceci soit fiction…)

C’est Werther, l’auteur de ces lettres, qui sont destinées à un ami « mon ami », écrit-il, « toi que j’aime, toi dont j’étais inséparable » (l.1-3). Et nous, dans la position du lecteur, sommes invités à lire ces lettres qui ne nous sont pas destinées et à nous retrouver dans la position de cet ami. C’est le principe de la double énonciation qui se met en place ici, ces lettres écrites pour cet ami, sont lues par d’autres, les lecteurs, et donc il s’agit bien d’un roman épistolaire, œuvre fictive, et non de la publication de lettres réelles (une correspondance). Ces lettres sont écrites par un auteur, pour des lecteurs, (stratégie narrative) il utilise donc le point de vue interne du personnage de Werther pour livrer le récit de sa vie, lettre après lettre.

Le préambule qui présente ces lettres comme vraies présente aussi et surtout le personnage. (Le lecteur est d’emblée invité à lire des lettres qui n’étaient pas vouées à être publiées et qui auraient été écrites par quelqu’un qui connut un sort malheureux). Le lecteur est également appelé à admirer l’auteur de ces lettres et à pleurer sur son sort : « Vous ne pouvez refuser votre admiration à son esprit, votre amour à son caractère, ni vos larmes à son sort » on peut à ce moment-là imaginer que le personnage subira une fin terrible qui provoquera de la tristesse chez le lecteur. Le lecteur est aussi appelé à s’identifier au personnage : « toi, bonne âme, qui souffres du même mal que lui ». Ces premières lignes qui préfacent la première lettre de Werther en avertissant le lecteur du destin malheureux, peut-être funeste de ce dernier ont pour but d’attiser une sorte de curiosité et un suspens quant au destin de ce personnage.

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