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Les grandes théories du nationalisme

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Par   •  31 Mars 2022  •  Fiche de lecture  •  3 174 Mots (13 Pages)  •  295 Vues

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Les grandes théories du nationalisme, Antoine Roger, Paris 2001
Fiche de lecture de Martina Balestrieri, n. étudiant 22102077


L’auteur
Antoine Roger est actuellement professeur de science politique à Sciences Po Bordeaux depuis 2007 après avoir enseigné à Sciences Po de Toulouse pendant deux années, entre 2005 et 2007 et avoir été maître de conférences de 2002 au 2005 à Science Po Bordeaux. Il est aussi chercheur au Centre Émilie-Durkheim, centre de recherche formé en janvier 2011 à Bordeaux. Ses domaines de spécialisation sont l’économie politique, la sociologie politique et la sociologie des sciences.
Antoine Roger est aussi membre de l’Institut universitaire de France, un service du ministère français de l'enseignement supérieur qui distingue chaque année un nombre limité de professeurs universitaire pour l'excellence de leurs recherches, attestée par leur reconnaissance internationale. Seuls 2% des professeurs d'université français sont actuellement membres de l'Institut Universitaire de France. Dans un premier temps, Antoine Roger a concentré ses études dans le domaine de l’économie politique du nationalisme et c’est pendant cette période qu’il a écrit, en 2001, l’ouvrage
Les grandes théories du nationalisme, publié par l’éditeur Armand Colin. Aujourd’hui il mène des recherches sur l’organisation politique du capitalisme et sa dernière publication le démontre : Le capitalisme à travers champs. Étudier les structures politique de l’accumulation, Lormont, Le Bord de l’eau, collection « Documents », 2020.


L’ouvrage
L’ouvrage présente les théories principales du nationalisme en les mettant en comparaison et en analysant leurs liens et différences. Pour atteindre ce but, l’auteur dispose les théories sur deux axes principaux qui se croisent. Le premier axe oppose les théories qui considèrent le nationalisme comme une résultante structurelle, à savoir la conséquence des transformations économiques et sociales, à celles qui le décrivent plutôt comme le résultat des choix d’acteurs souverains. Le deuxième axe, cependant, confronte les théories qui décrivent le nationalisme comme un agent de cohésion à celles qui le considèrent une arme utilisée par les dominés afin de s’émanciper.

Résumé de l’ouvrage

Première partie : Le nationalisme comme résultante structurelle

Les théories qui décrivent le nationalisme comme la réaction naturelle aux changements économiques et sociales excluent la possibilité de le considérer comme la volonté d’un individu ou d’un groupe d’individus mais l’associent plutôt à des facteurs extérieurs.


Une logique d’homogénéisation culturelle

Gellner considère l’industrialisation comme l’étape fondamentale pour le conséquent développement du nationalisme car elle exige une réorganisation sociale et économique en promouvant l’homogénéisation culturelle. Effectivement, le stade agraire n’admettait pas la mobilisation sociale, tout rôle social était hérité : « Les rapports sociaux sont fondés sur des statuts connus de tous, et que personne ne songe à mettre en cause » (p.11). On observait, par conséquent, une nette différence entre « haute culture » réservée à l’élite et « basses cultures ». Avec le déclenchement de l’industrialisation, le progrès prend la place de l’ancienne stagnation et « la mobilisation sociale devient une norme sociale. […] Rien ne s’oppose plus à ce qu’un individu se déplace d’une catégorie sociale à une autre ». (p.16). La culture devient ainsi autonome, elle n’est plus liée à une seule classe sociale mais, au contraire, elle est accessible à toute la collectivité. Il est donc nécessaire d’avoir une unité politique qui promeut cette unité culturelle. Le problème se pose lorsque les différentes basses cultures qui composent la collectivité ne sont pas homogènes entre elles : certaines, déjà plus proches à la haute culture, vont facilement s’intégrer au nouveau noyau commun, les autres vont en rester exclues et le rejeter. Elles vont inévitablement former une entité politique séparée et s’opposer au nouveau noyau commun qui, par conséquent, cherchera à s’imposer encore plus brutalement. Le nationalisme consistera ainsi « en ces formes outrées – mais vitales – d’affirmation ». (p.26)

Une logique de communication sociale

Comme Gellner, Detsch considère l’industrialisation comme un passage fondamental car elle « impose la construction d’un espace de communication homogène » (p.31) où les différents individus de la collectivité peuvent se déplacer librement. Il détermine ainsi deux facteurs fondamentaux qui interagissent l’un avec l’autre : l’assimilation sociale, à savoir la capacité d’une collectivité d’adapter son organisation ancienne aux nouveautés amenées par la modernité, et la mobilisation sociale. Cette dernière représente les transformations réelles impliquées par l’industrialisation. Pour qu’un équilibre existe, la capacité d’adaptation doit au moins être équivalente aux changements sociaux qui ont lieu. En revanche, si la mobilisation progresse plus rapidement que l’assimilation, le nationalisme aboutit.

Selon Detsch le problème ne se pose pas dans une société agraire car il ne la considère pas immuable comme Gellner, mais il considère sa possibilité de progression « contenue ». Par conséquent, la mobilité sociale ne dépassera jamais l’assimilation. Selon lui, la progression consiste en deux étapes : une première d’intégration linguistique qui comporte le bilinguisme de la collectivité (une langue commune s’ajoute à la langue locale et spécifique) et une deuxième étape d’intégration des principaux canaux de communication, à savoir la construction des moyens de transports, d’un roseau postal… Une identité nationale apaisée peut ainsi se créer car « un peuple est constitué précisément lorsqu’il est possible à chacun d’entrer en contact régulièrement et de façon normalisée avec des individus plus ou moins éloignés ». (p.33)
À propos de la première étape d’intégration, l’historien Benedict Anderson se concentre sur le processus d’homogénéisation linguistique et souligne l’importance de l’imprimerie qui permet l’abandon des langues mortes, la consécutive légitimité acquise par les langues vernaculaires et la centralisation administrative qui contribue à standardiser la nouvelle langue commune et rejoindre une homogénéisation culturelle.
En revanche, lors du passage à la société industrielle, si les individus trouvent les transformations imposées par la modernité incompatibles et trop en décalage avec leur tradition, ils se trouvent bloqués dans la première étape d’intégration. Ainsi, « chacun s’y sent en territoire étranger » et le nationalisme devient une « réaction immunitaire que cet organisme oppose aux chocs imprimés par la modernité ». (p.40).

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