Les animaux malades de la peste, Jean de la Fontaine
Fiche : Les animaux malades de la peste, Jean de la Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar philomin • 3 Janvier 2018 • Fiche • 1 294 Mots (6 Pages) • 1 502 Vues
Fiche Bac Français
Les animaux malades de la peste Jean de la fontaine
Intro : Au XVII ème siècle, la France est bouleversée par l’instauration de la monarchie absolue de droit divin. Cependant Louis XIV, le maitre absolu, passionné par les arts permet à de nombreux artistes tels que Molière, Racine ou Jean de La fontaine de s’épanouir. Ce dernier, s’inspirant des anciens et notamment de Phèdre, écrit trois recueils de fables dont le but et d’instruire et de plaire aux lecteurs. Le choix de l’augmentation indirecte lui permet de critiquer les comportements humains et ceux de la cour sans être inquiété par la censure. Le livre VII de son deuxième recueil, paru en 1678, s’ouvre sur la fable « les animaux malades de la peste ». Le monde animal créé ainsi par la Fontaine est une représentation de la société du XVII siècle ou il prête aux animaux les qualités et les défauts de l’homme. Cette fable offre un tableau particulièrement sombre d’un monde frappé par une épidémie de peste et un point de vue pessimiste sur la nature humaine. De quelles ressources La Fontaine use-t-il pour proposer à son lecteur une satire de la société et de son temps ? Pour répondre à cette problématique nous allons dans voir comment La Fontaine uses des ressources tragiques pour décrire une épidémie dont le coupable sera désigné lors d’une parodie de procès, prétexte à une satire de la société.
- Un récit tragique
- Récit tragique qui raconte les ravages de l’épidémie de peste au XVII siècle :
- lexique de la mort qui prédomine avec la répétition du verbe mourir (V 7 et 9), emploi du terme Achéron (V 5) faisant référence aux fleuves des enfers (cf. mythologie grecque) ;
- situation tragique mise en exergue par l’oxymore « mourante de vie » (V 9) (= les vivants frappés par la maladie n’ont plus le gout de la vie) ;
- récurrence des négations (V 10 à 14) insiste sur le fait que les animaux ne se comportent pas comme d’habitude (plus, nul, ni) ;
- emploi de l’imparfait (jusqu’au V 14) : fléau qui dure.
- Véritable châtiment divin :
- Lexique de la faute et du châtiment divin : céleste courroux, se sacrifie (V 19), péché (V 37) (font référence à la punition imposée par les dieux sur Thèbes dans Œdipe Roi)
- Périphrase de la Peste (V 1 et V 3) : personne n’ose en prononcer le nom
- Elle n’épargne personne : Chiasme V 7 « ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés »
- Mise en relief de la punition divine avec l’emploi de la diérèse « es-pi-er » (V 62) + altération « r » (terreur, fureur)
- Châtiment divin qui se dénoue par un sacrifice
- Sacrifice de l’âne, envoyé au ciel (cf le bouc lors des fêtes de Dyonisos) pour obtenir la guérison commune (V 20), animal marginalisé avec l’emploi de l’adjectif démonstratif ce (V 58), exagération de la faute commise par l’âne (V 57 : maudit, pelé, galeux), l’emploi du on collectif (V 62) impose à l’âne de se soumettre à la décision collective
- Champs lexical du sacrifice : se dévouer, périsse (V 23), mort (V 61), se sacrifice (V 19)
Coupable désigné après une parodie de procès, mettant en scène un jugement satirique [pic 1]
- Une parodie de procès
- Structure satirique de la fable (satire des différents personnages)
- Gradation de la prise de parole en fonction de la puissance et de la culpabilité : V 15 interruption de l’imparfait et emploi du passé simple le lion tint conseil : prise de parole en 1erdu lion qui est le roi des animaux mais n’est pas le plus innocent. Puis les autres animaux des autres puissances (V 45) jusqu’aux simples mâtins (V47) avouent leur crime. C’est l’âne le plus faible et le plus innocent qui parle en dernier.
- Discours hypocrite des courtisans (renard en 1er) pour flatter le roi :
- utilisation du lexique de l’éloge (V34 à 38) trop bon roi, délicatesse, scrupules= éloge du mal transforme en bien !(coupable innocents et vice versa) ;
- hypocrisie soulignée par des phrases exclamatives (V60) manger l’herbe d’autrui ! quel crime abominable ! vers hyperbolique soulignant l’exagération du crime par les courtisans pour trouver un coupable
- Emploi du on collectif (V62) : preuve de la flatterie de la cour (pronom indéfini qui illustre la force brute liguée contre l’âne)
- Esprit manipulateur du roi :
- Emploi des expressions : mes chers amis (V15) (ton léger tranchant avec situation grave), je crois que, peut-être (V 16 et 20) (or ils sont tous acquis à sa cause !!)
- Fourberie à son paroxysme lors du Rejet de berger V 29 : traduit une hésitation pour inviter les autres à désigner un coupable
- Une fable prétexte à une satire de la société du temps de La fontaine : ironie de la fable
- Critique de la cour :
- présentation péjorative avec (par ex) le hiatus V55 à ces mots on cria haro sur le baudet : mise en exergue de la violence de la foule avec répétition de la même voyelle (dureté du vers).
- L’euphémisme V62 on le lui fit bien voir provoque un effet de chute par sa mise en relief et montre le sadisme des courtisans (jugement expéditif)
- Adjectif démonstratifs ce V 58, marginalise l’âne, le déprécie aux yeux du lecteur
- Critique du discours religieux :
- Lexique de la religion (V16 à 19) péché, céleste courroux, montre que la société contaminée par la confession religieuse contrôlant tout.
- Présentation de la peste comme un châtiment divin : présentation fanatique du pouvoir et du peuple qui confond épidémie et punition divine, mais discours religieux peu fiable (expression indécise : peut-être (V 20) basée sur des croyances infondées
- Critique de la parole et du pouvoir :
- L’antithèse blanc, noir (V64) montre que la parole judiciaire est blâmée : association de la couleur de l’innocence à la puissance et du noir aux faibles/coupables Les jugements sont faux, injustes.[pic 2]
- La Gradation de la prise de parole dans l’ordre de la puissance et culpabilité met en exergue l’injustice de la justice
- Le ton léger du roi mes chers amis (V15), je crois que (V6) montre que la puissance des mots dépend du pouvoir du locuteur : la parole est détenue par le pouvoir pour exercer son autorité aux dépens des faibles.
Conclusion : Le registre, la parole et l’ironie permette à La fontaine de présenter une satire de la cour dont l’image est négative : lieu ou la force prime sur le droit, lieu d’apparence et de mensonge. La peste est une maladie physique mais aussi une peste morale qui fausse valeurs et jugements. Mise en lumière de la mauvaise foi des courtisans et du pouvoir des mots car ce sont les mots du pouvoir. Cette fable fait référence à une autre fable moraliste le loupe et l’agneau « la raison du plus fort est toujours la meilleure »
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