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Les animaux malades de la peste, Jean de la Fontaine

Commentaire de texte : Les animaux malades de la peste, Jean de la Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Mai 2017  •  Commentaire de texte  •  2 280 Mots (10 Pages)  •  1 518 Vues

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LES FABLES – LES ANIMAUX MALADES DE LA PESTE

JEAN DE LA FONTAINE

INTRODUCTION

Jean de la Fontaine, grande figure du classicisme du XVIIème siècle, remet au goût du jour le genre de la fable, en s’inspirant des Anciens, Esope et Phèdre. Jean de la Fontaine a écrit deux recueils de fables, divisés en livre, le premier ayant vocation à mettre à l’honneur le Dauphin de France. Jean de la Fontaine déclarait « je me sers d’animaux pour instruire les hommes », cela lui permettait de porter un regard critique sur la société dans laquelle il vit et de dénoncer les injustices, tout en évitant la censure. La forme de la fable correspond parfaitement à l’idéal classique du « plaire et instruire ». C’est bel et bien l’objet de la fable « Les animaux malades de la peste », issue du deuxième livre ; elle conte les ravages causés par la peste, qui est vue comme un châtiment divin, puis elle se concentre sur la recherche d’un bouc-émissaire à sacrifier afin de stopper l’épidémie. Cette fable se construit par les discours successifs du lion, du renard puis de l’âne, pour arriver à une morale sur l’injustice qui caractérise les relations entre les puissants et les faibles.

De quelle manière La Fontaine nous apporte-t-il un témoignage engagé sur son époque ?

Dans un premier temps, nous détaillerons les éléments qui rendent ce discours vivant et allégorique puis nous analyserons la portée satirique du texte.

1. UNE FABLE PLAISANTE

1. Une fable dramatisée :

1. Cette fable est construite comme une tragédie

1. Des lignes 1 à 14, La Fontaine expose le drame. Comme au théâtre, l’action commence en pleine crise. Une crise qu’annonçait déjà le titre : « Les Animaux malades de la Peste » : le plus souvent, les titres des Fables donnent le nom d’animaux en particulier (Le Rat et l’Huître, Le Loup et l’Agneau…) et non pas comme ici un terme collectif (les animaux). De plus, il est rare de connaître la situation initiale dès le titre et que celle-ci soit si sombre. On peut rappeler que la peste est une épidémie qui fait encore très peur à l’époque.

2. L’exposition de la crise commence par évoquer les causes du « mal » (l1-5) puis ses effets (6-14). La description de la peste reprend un des thèmes les plus utilisés dans la littérature antique. La Fontaine emploie alors plusieurs moyens pour dramatiser la situation : l’anaphore du mot « mal », la rime « terreur/fureur », l’allitération en [r] dans les vers 1 à 3. La peste est évoquée comme un châtiment divin grâce à l’opposition entre le « Ciel » (représentant les dieux) et la terre (représentant les mortels) et au champ lexical de la faute : « punir », « crimes ». Ainsi, les trois premiers vers constituent deux périphrases désignant la Peste. En effet, celle-ci n’est nommée qu’au vers 4 : la majuscule est significative : la maladie est allégorisée, ce qui renforce son pouvoir. La parenthèse est une intervention du fabuliste qui souligne son emploi de périphrases comme si le simple fait de prononcer le mot « peste » suffisait à provoquer une épidémie. On remarquera ici l’emploi de l’alexandrin comme pour mimer l’ampleur du mal qui peut se répandre partout. Le vers 5 poursuit la dramatisation en évoquant le pouvoir destructeur, meurtrier de la peste par le biais d’une référence antique : l’Achéron, fleuve des Enfers, évoque la mort puisqu’on le traversait pour se rendre au royaume des morts. La référence n’est pas sans ironie puisque La Fontaine utilise le verbe « enrichir » pour évoquer une perte, celle de la vie. Enfin, le vers 6 achève de plonger le lecteur dans un univers inquiétant. Le mot « guerre », à la rime, est mis en relief : il permet de filer l’allégorie de la Peste et d’évoquer une autre calamité tout aussi mortelle.

3. Puis dans les vers 7 à 14 La Fontaine décrit les conséquences de l’épidémie : reprise des animaux par le pronom anaphorique « ils », emploi d’un chiasme avec la répétition du mot « tous », et le passage de la négation à l’affirmation. Le choix de l’alexandrin permet d’accentuer l’ampleur des dégâts : tout le monde est contaminé. De plus, les animaux n’ont plus la force de se battre car les souffrances causées par la peste ne permettent pas d’avoir une véritable existence. C’est ce qu’exprime l’oxymore : « une mourante vie ». Les négations sont récurrentes dans ces vers : « ne…point », « nul … n’… », « ni…ni … », et la dernière renforcée par un parallélisme de construction « Plus d’…plus de ». Tous les instincts vitaux des animaux leur sont retirés : ils n’ont guère envie de se nourrir, guère envie de chasser, ni même d’aimer. Tout bonheur est désormais impossible comme le montre le vers 14 qui révèle l’épicurisme de La Fontaine.

1. Des personnages types

1. Dans la suite de la fable apparaissent enfin les animaux dans leur individualité et non plus sous la forme d’un groupe indifférencié. Tels les personnages d’une pièce, chacun va jouer son rôle. En effet, La Fontaine recourt à la symbolique traditionnelle des animaux : Ainsi la tourterelle symbolise l’amour simple et tendre, le renard la ruse et la flatterie, l’âne la bêtise, etc. Mais la hiérarchie animale renvoie à la hiérarchie humaine : le lion bien évidemment désigne le roi, le renard le courtisan, le « tigre », « l’ours », et « les autres puissances » (v.45) les grands seigneurs, les mâtins les petits seigneurs ou les bourgeois.

2. L’ordre d’intervention des personnages suit d’ailleurs cette hiérarchie : on passe du lion, qui a l’initiative de la parole, au « baudet ».

3. Les humains ne sont pas absents (le berger, v. 29, 39-40, les moines, v.50) mais ils n’apparaissent qu’à l’arrière-plan, comme s’il ne constituaient qu’un monde à part (« ces gens-là »), et n’ont pas de prise sur les animaux (« sur les animaux/Se font un chimérique empire »).

4. C’est avec l’apparition du premier animal que l’action s’enclenche comme le montre le passage de l’imparfait au passé simple au vers 15 ; « tint », « dit ».

1. Le dialogue, moyen des péripéties

1. La forte présence du dialogue accentue la dimension théâtrale de la fable.

2. Le discours du roi lance l’action en proposant de trouver

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