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Les Essais de Michel de Montaigne

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Par   •  3 Juillet 2022  •  Analyse sectorielle  •  1 181 Mots (5 Pages)  •  423 Vues

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Les Essais sont l'œuvre majeure de Michel de Montaigne, philosophe et humaniste français de la Renaissance. Il y consacra un travail d'écriture et de réécriture à partir de 1572, pratiquement jusqu'à sa mort. Dans son œuvre, il traite de nombre de sujets, sans ordre apparent : médecinearts, livres, maladie… auxquels Montaigne mêle des réflexions sur sa propre vie et sur l'Homme. C’est une œuvre universelle, qualifié souvent comme étant le « seul livre de son espèce », car il permet une réflexion sur nombre de sujets que nous rencontrons en qu’en tant qu’homme et membre d’une société. Les Essais se composent de 3 tomes contenant 107 chapitres. L’extrait à l’étude, issu du chapitre 1 du livre 2, s’intitule « de l’inconstance de nos actions ». Il s’interroge sur le rapport entre les actions d’un homme et sa vraie nature.

Comment Montaigne expose-t-il l’inconstance de l’homme (du soi) ?

  1. Montaigne s’oppose à l’idée que l’homme est constant et qu’on peut facilement le définir
  2. Il dépeint sa vision d’un homme changeant et qu’on ne peut juger simplement sur ses actions extérieures

  • « il y a quelque raison à juger d’un homme par les actes les plus ordinaires de sa vie » Montaigne commence par donner son opinion sur un fait qui paraît établit ; on pense souvent pouvoir définir qqn à travers ce qu’il fait, ce qu’on voit de ses actions
  • « il m’a semblé » : présence directement de l’auteur qui donne son avis, expose sa réflexion sur la question. Reflète bien le genre de l’œuvre qui n’a pas de visé scientifique mais donne un avis personnel sur des questions de la vie
  • Ainsi Montaigne s’oppose à ce fait. « vu la naturelle instabilité de nos mœurs et opinions » : pour lui ce n’est pas raisonnable de penser qu’on connaît qqn simplement à travers ses actions. Nous sommes insaisissables/indéfinissables, car nos actions peuvent changer.
  • « les bons auteurs mêmes ont tort de s’opiniâtrer à former de nous une constante et solide contexture » : pourtant beaucoup de personnes se risquent à cette pratique, notamment les auteurs, auxquels Montaigne le reproche
  • Montaigne leur reproche de vouloir faire rentrer leur personnage dans un « caractère universel », qu’ils pensent avoir déterminé. Selon lui, ils contraignent leurs personnages (« rangeant » « interprétant » « ne peuvent assez tordre ») à des traits de caractère qu’ils supposent majoritaires. Ainsi quand leur personnage se montrent différent des grandes caractéristiques qu’ils lui prêtent ; ils « dissimulent », cad leur attribuent une certaine hypocrisie.
  • « plus malaisément à leur constance qu’à tout autre chose, et rien plus aisément qu’à leur inconstance » : parallélisme de construction qui souligne son incrédulité face à la constance et l’évidence qu’est l’inconstance pour lui.
  • C’est pourquoi il est contre la généralisation et déclare qu’une étude de chaque action par elle-même serait plus proche de la réalité : « pièce à pièce, trouverait plus souvent à dire vrai »
  • S’ensuit ensuite un passage descriptif, d’observation. L’auteur va illustrer l’inconstance des hommes à travers quatre propos/ arguments.
  • « les inclinations de notre appétit, à gauche, à dextre, en haut, en bas » « le vent des circonstances nous emportent »: Montaigne décrit l’homme comme vagabond, ils semble aller au hasard, emporté au vent des circonstances.
  • « ce que nous voulons qu’à l’instant où nous le voulons » : les pensées et actions des hommes sont éphémères, car seulement issues d’un ressenti/une réflexion à un moment donné
  • « changeons comme cet animal qui prend la couleur du lieu où on le couche » : métaphore de l’homme en tant que caméléon. Montre encore une fois son inconstance en disant qu’il s’adapte aux circonstances, que l’environnement et situations changent l’homme et la façon dont il agit
  • « nous le changeons tantôt, et tantôt encore retournons sur nos pas » : parallélisme de construction qui répand l’image d’un déplacement incohérent, issu d’un être perdu/hésitant
  • Ainsi il conclut que tout chez l’homme n’est que « mouvement et inconstance ». L’homme est inconstant, changeant et imprévisible. Il rejette catégoriquement ce qu’il avait annoncé au début : il n’est pas possible de déterminer un homme par ses actions, par ce que l’on voit de lui de l’extérieur

Dans le passage en italique, il cite différents auteurs latins dans le but d’illustrer son propos sur l’inconstance de l’homme

  • « nous sommes tous des lopins » : métaphore pour illustrer le fait que chaque homme est une partie d’un tout qu’est l’humanité/les sociétés. « si informe et si diverse » : met en lumière la complexité de chaque homme, qui est changeant, difforme dans ses choix
  • « autant de différences de nous à nous-même que de nous à autrui » : paradoxe qui souligne le fait que l’homme évolue tellement que son lui présent semble être plus différent de celui qu’il était, que d’un autre
  • Montaigne reprend Sénèque, philosophe stoïcien du Ier siècle ap JC « Magnam rem puta unum hominem agere » : Sois persuadé qu’il est difficile d’être toujours un seul et même homme : A travers cette citation il affirme sa vision d’un homme versatile, intrinsèquement changeant. Chacun héberge un autre en lui, est le théâtre de ses différents soi.
  • Accumulation de termes « ambition » « vaillance, tempérance, libéralité, justice » : pour lui une passion serait à même de changer un homme, en lui inculquant d’autres besoins, sentiments…
  • Pour appuyer son propos, il l’illustre des deux exemples suivants : celui d’un garçon de boutique et d’une jeune fille
  • « avarice » « oisiveté » : opposition. L’avarice change ce garçon
  • « se jeter » « à la merci des vagues » « Neptune courroucé » « frêle bateau » : métaphore de la mer, d’une tempête dangereuse dans laquelle le garçon de boutique s’est jeté poussé par sa passion
  • « résolution et hardiesse » : comme avec Neptune, allusion à l’intervention divine (Vénus). Cette passion qu’elle insuffle à la jeune fille la fait désobéir, comme le montre aussi les citations de Tibulle. Elle est poussée à désobéir, alors qu’elle ne semble être qu’une jeune fille pure.
  • Ainsi, que ce soit le garçon de boutique où la jeune fille, ils ne sont courageux que par avarice ou passion amoureuse. Leur courage n’est donc qu’extérieur, motivé par une autre passion : ils sont avares et amoureux. Montaigne montre ainsi qu’il ne faut pas seulement juger de l’extérieur « ce n’est pas acte de sage intelligence que de nous juger simplement sur nos actions du dehors », mais qu’il faut aussi prendre en compte l’intérieur, afin de voir la personne en entier
  • « voir par quels ressorts est donné le mouvement » : métaphore
  • Cependant tout cela est une opération complexe, il y a des risques d’erreurs. C’est pourquoi Montaigne nous parle d’une entreprise « hasardeuse », il nous conseille de ne pas trop juger « je voudrais que moins s’en mêlasse », porter d’avis sur les autres car c’est trop compliqué.
  • Montaigne se montre sceptique, selon lui il y a lieu de douter de tout. Cela rejoint bien sa devise « que sais-je ».

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