Lecture linéaire Zone, Apollinaire
Commentaire d'oeuvre : Lecture linéaire Zone, Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Louann.p • 11 Avril 2022 • Commentaire d'oeuvre • 1 281 Mots (6 Pages) • 882 Vues
ZONE, Guillaume Apollinaire
Lecture linéaire n°1
À la fin tu es las de ce monde ancien
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine
Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
Seul en Europe tu n’es pas antique ô Christianisme
L’Européen le plus moderne c’est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d’aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers
J’ai vu ce matin une jolie rue dont j’ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J’aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l’avenue des Ternes
Introduction :
Guillaume Apollinaire, écrivain et poète français du XXe siècle. Il publie le recueil Alcools en 1913 qui révolutionne le genre poétique grâce à ces vers libres, notamment sans la présence de ponctuation. Nous allons donc étudier “Zone”, placé en tête de ce recueil. Ce poème aborde et renvoie au quotidien urbain moderne.
Ainsi, nous verrons en quoi ce poème célèbre-il la modernité. Dans un premier temps nous étudierons la confrontation du passé et du présent, des vers 1 à 10. Puis, dans un second temps nous verrons l'évocation d’un monde moderne, des vers 11 à 24.
Lecture linéaire :
Nous allons donc procéder à la lecture linéaire de ce poème.
Pour commencer, nous verrons le premier mouvement qui est la confrontation du passé et du présent, des vers 1 à 10.
Nous pouvons affirmer cela grâce à la lassitude vis-à-vis du passé, des vers 1 à 3. Nous pouvons constater que les trois premières strophes, qui ouvrent “Zone”, sont des monostiches
Le premier vers (vers 1) “A la fin tu es las de ce monde ancien”, est un vers classique, plus précisément un alexandrin qui fait partie d’une certaine tradition poétique. Cependant le poète souhaite annoncer un renouveau poétique. Effectivement, la diérèse sur le mot « ancien » donne l’impression que l’adjectif se brise « anc-i-en » et donc que le passé s’efface.
V1 —> poème commence par « a la fin » alors que nous sommes au début du poème, il y a donc un paradoxe + présence de l'attribut du sujet « l’as » : met en évidence le désir de rupture d’apollinaire + le poète utilise le pronom personnel « tu » pour ce designer, le lyrisme (= évocation des sentiments personnel) est donc mis à distance
V2 —> Apollinaire abandonne l’alexandrin pour un vers à 16 syllabe et inscrit la modernité poétique au sein de ce poème + or il y’a quelque élément de la poésie traditionnelle comme le « o » lyrique montrant un élan lyrique pourtant placé juste devant un symbole fort de la modernité « la tour Eiffel », cette référence précipite le poème dans l’espace
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