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Lecture linéaire La Princesse de Clèves, Mme de Lafayette

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Par   •  16 Février 2021  •  Commentaire de texte  •  2 929 Mots (12 Pages)  •  1 075 Vues

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LECTURE LINEAIRE [pic 1]

La Princesse de Clèves  

La scène de bal

Madame de Lafayette

Eléments de contexte pour bâtir votre introduction :

Mme de La Fayette (1634-1693) est emblématique des rares femmes écrivains de l’époque.

Comme souvent dans les salons littéraires et mondains, elle s’intéresse à la question de la passion amoureuse, dans un roman à dimension historique (XVI° : cour du roi Henri II puis de François II).

Elle narre le destin de Melle de Chartres devenue Mme de Clèves à la suite d’un mariage arrangé.

L’héroïne = éponyme

Cette scène se situe quelques semaines après le mariage de l’héroïne (2 pages avant dans le roman).

Mme de La Fayette a déjà brossé les portraits de nos deux protagonistes dans les premières pages.

Nemours revient à la Cour après une mission en Angleterre= hasard calculé de l’auteur : il est absent lorsque l’héroïne arrive à la cour et il ne la découvre donc qu’une fois mariée.

À l'opposé des roman-fleuve porté par la préciosité la princesse de Clèves est un roman relativement court qui joue peu sur les péripéties (on n’y retrouve ni enlèvement, ni duel, ni naufrage) et s'intéresse à l'analyse psychologique de personnages pris par la passion amoureuse. C'est un roman historique écrit dans un style réaliste, et le début nous présente la cour d'Henri II. On voit ensuite que plusieurs hommes s’éprennent de l'héroïne Mademoiselle de Chartres. C'est finalement le prince de Clèves qui l’épouse. La princesse entend parler de la grande beauté de monsieur de Nemours par la reine dauphine. Un bal est donné pour les fiançailles royales de Claude de France, fille d'Henri II, avec le duc de Lorraine ; c’est là que la princesse va rencontrer le duc dont tout le monde fait l'éloge. Nous nous demanderons comment Madame de Lafayette met en scène un coup de foudre qui posera un problème moral à l'héroïne, qu'elle n'aura de cesse d’essayer de résoudre dans le reste du roman. Le texte nous montre d'abord la rencontre particulière de deux protagonistes avant de les confronter à la dauphine dans un dialogue tendu

  1. La rencontre particulière des deux protagonistes.

L1 « elle passa tout le jour […] au Louvre ». Dans cette phrase, le narrateur indique d’abord l'action de la princesse « passa tout le jour à se parer » puis il donne une explication de cette action entre « pour … Louvre » mais la phrase est aussi interprétée à la lumière du paragraphe qui précède.

On y apprend que la dauphine a réussi à créer chez la princesse de la curiosité à propos de Nemours et même une impatience de le voir. On peut donc légitimement se demander si à l'origine de l'action de la princesse il n'y a pas une raison plus profonde que celle d'être élégante au bal comme c'est la tradition : celle de se faire belle pour le duc de Nemours qu'elle ne connaît pas encore mais qu'on dit extrêmement beau.

D'ailleurs le soin qu'elle accorde à sa parure semble excessif : elle y consacre « tout le jour ».

 L2 / L4 « lorsqu'elle arriva […] à qui on faisait place. » 

Dans les œuvres de Madame de La Fayette, tous les nobles sont beaux. Pour que ces héros soient exceptionnels, il faut donc qu'ils soient encore plus beaux.

Le début de la phrase met en scène cette beauté en montrant l'effet qu'elle suscite sur les autres personnages : « l'on admire ». La conjonction de coordination permet de distinguer deux aspects de la beauté.

 il y a d'une part la beauté physique naturelle, et d'autre part la beauté due aux vêtements. Cela correspond tout à fait aux valeurs de Madame de Lafayette :  celle-ci est précieuse, elle aime donc l'élégance et le raffinement.

La phrase qui intervient après le point-virgule place soudain l'héroïne sur le second plan puisqu’elle n'apparait plus que dans une proposition subordonnée de temps (« comme elle dansait avec monsieur de Guise »).

L 3 - C'est le moment où va intervenir un élément perturbateur : cet élément est introduit de façon à créer un certain suspense avec la tournure impersonnelle relativement vague « il se fit une assez grand bruit »

La suite de la phrase explique à quoi correspond ce bruit, mais elle joue sur l'imprécision qui permet ce suspense. Le nouvel arrivant n'est désigné que par le pronom indéfini « quelqu'un ». On constate que « ce quelqu'un » a comme la princesse le pouvoir de susciter une réaction chez les autres nobles. On retrouve le « on » qu'il les désignait dans la formule euphonique « l’on admira » dans la fin de la phrase (« et à qui on faisait place »).

Ce n'est pas le seul parallèle entre les deux personnages dans ce texte, comme nous le verrons ensuite.

Evidemment on a là un faux suspense :  le lecteur se trouve dans le doute de l'identité de la personne en question.

Le bruit que provoque Nemours est cohérent avec ce qui précède dans le roman :  le duc habitué de la cour en a été absent un certain temps et son retour suscite naturellement des commentaires de la foule présente.

Le lecteur est en fait dans la même situation que la princesse de Clèves :  il attend de voir apparaître le duc de Nemours.

L 4/ 5 :  Cette phrase entretient toujours le suspense puisque le duc de Nemours n'est toujours pas appelé par son nom, mais désigné par une périphrase « celui qui arrivait ».

Madame de Clèves est une femme mariée :  elle prend soin de ne pas salir sa réputation. C'est pourquoi elle ne danse pas toujours avec le même homme. Après sa danse avec de Guise, elle  «cherchait des yeux quelqu'un d'autre avec qui danser »

On remarque que la scène de rencontre qui va se produire est à l'initiative des deux souverains :  c'est la dauphine qui a donné envie à la princesse de rencontrer le duc en lui parlant souvent de lui, et c'est le roi qui donne l'ordre de danser avec lui.

Madame de La Fayette nous montre une cour où les souverains prennent plaisir aux intrigues amoureuses mais surtout si elles sont interdites.

Le fait que les deux héros ne se connaissent pas n’apparaîtra au roi que pendant la danse ; néanmoins le fait qu'il choisisse avec qui la princesse doit danser participe déjà de ce jeu.

L6 / 7 L'élément perturbateur est mise en scène visuellement puisque la princesse « se tourna » : elle est donc interrompue dans son action. La narration adopte soudain une focalisation interne pour que le lecteur soit dans la même situation que la princesse.

Le suspense se poursuit avec le groupe nominal « un homme » et même lorsque son nom est donné il reste une supposition « qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que monsieur de Nemours ». La subordonnée relative qui termine la phrase nous confirme que c'est le duc qui avait produit du bruit à l'entrée et montre le caractère audacieux du personnage : il ne contourne pas les chaises il passe par-dessus.

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