Lecture analytique incipit de l' Etranger Camus
Commentaire de texte : Lecture analytique incipit de l' Etranger Camus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar praline57 • 27 Mai 2017 • Commentaire de texte • 2 714 Mots (11 Pages) • 2 157 Vues
Objet d’étude : Le personnage de roman du XVIIe à nos jours
Séquence 2 L’Etranger d’Albert Camus
Texte1 : L’incipit « Aujourd’hui, maman est morte…n’avoir plus à parler. »
INTRODUCTION
Biographie faite par les élèves.
Albert Camus
Né le 7 novembre 1913 à Mondovi, en Algérie, Albert Camus est le fils d’un ouvrier caviste , mort à 28 ans suite à la bataille de la Marne (1914). Sa mère, Catherine Sintès , d’origine espagnole, émigre alors à Alger où elle s’installe dans le quartier populaire. Pour élever ses deux fils, Albert et Lucien, elle fait des ménages. Camus éprouve pour elle une affection sans borne, mais pas de véritable communication entre l’enfant et sa mère, à demi sourde et presque analphabète. Camus est surtout élevé par une grand-mère autoritaire et par un oncle boucher, passionné de lecture.
A l’école, dans le quartier de Belcourt à Alger, l’instituteur de Camus, conscient de ses capacités intellectuelles, le prépare au concours qui fera de lui un élève boursier du lycée d’Alger.1957 Le Discours de Suède : Camus recevra le prix Nobel de Littérature et dédiera sa remise de prix à cet instituteur, Louis Germain.
Les années de formation
Camus, adolescent, est heureux de vivre, sensuel, amoureux de la mer et des paysages algériens. Excellent nageur. Passion pour le théâtre, joue dans un groupe d’amateurs. Il poursuit des études de lettres supérieures. Atteint de tuberculose, il doit se mettre au repos et suivre une cure, ce qui l’empêchera de passer l’agrégation de philosophie, alors qu’il se destinait au professorat. Il se marie hâtivement en 1934 et divorcera 2 années plus tard. Il rompt avec le parti communiste qui l’avait sommé de réviser ses convictions (il est favorable aux revendications musulmanes).
Un journaliste engagé
Camus fonde en 1935 le journal Alger républicain (journal qui tranche avec le silence complice des autres quotidiens). Camus fait scandale avec ses prises de position contre l’oppression coloniale, contre une tutelle qui maintient dans la misère et l’asservissement le peuple musulman. En 1939, le journal est placé sous surveillance. Camus est sommé de quitter l’Algérie, il part pour Paris où il est engagé au journal Paris-Soir. En 1941, il s’engage dans la Résistance, participe au journal clandestin Combats. Il en assure la direction jusqu’en 1947, il dénoncera la sauvagerie de la justice expéditive française d’après-guerre (à l’encontre des ex-collabos). « Nous faisons dans ce cas-là ce que nous avons reproché aux Allemands de faire. »
Un homme engagé
En 1949 : appel en faveur des communistes grecs condamnés à mort. En 1952, démission de l’Unesco qui admet en son sein l’Espagne franquiste. En 1956 : protestation contre la répression soviétique en Russie.
Un écrivain humaniste
Récits : La Peste – La Chute – L’Etranger
Essais : L’homme révolté – L’Eté – Le mythe de Sisyphe
Théâtre : Caligula – Le Malentendu – Les Justes
Après une amitié de huit ans avec Jean-Paul Sartre, celui-ci rompt avec lui car il reproche à Camus son anticommunisme et sa soumission aux valeurs bourgeoises. Camus obtiendra sa revanche car il sera reconnu par le Tout-Paris intellectuel et artistique en 1957 lors de son prix Nobel de littérature. Mais le 4 janvier 1960 Albert Camus meurt dans un accident de voiture.
L’œuvre de Camus
Camus a exprimé une pensée complexe, contradictoire, allant du constat angoissé de l’abandon et de la solitude de l’homme à l’exigence d’une solidarité et d’une participation plus grande à l’aventure collective.
Cette réflexion, cette pensée antagoniste se retrouve dans deux thèmes :
- Celui de la lumière : la joie et ses images de soleil – de soif de vivre- de goût du bonheur
- Celui de la misère : image de vie sans lendemain, l’abandon de l’homme et de sa souffrance
« Il n’y a d’amour de vivre sans désespoir de vivre » = faille d’où va surgir l’absurde
L’absurde : C’est le divorce entre le besoin d’absolu dont la splendeur prometteuse du monde a éraillé la soif et la condition d’homme, mortelle, faite de misère et de laideur. A l’homme plein d’espoir répond le silence du monde et sa déraison. Dans l’Etranger , sur les ruines du monde vide de sens, Meursault est prêt à affronter la mort , il se dresse pour crier l’amour de sa vie.
L’œuvre
L’Etranger fait partie de ce que Camus appelle « le cycle de l’absurde » et qui transpose en roman sa philosophie de l’absurde, selon laquelle l’existence n’a pas de sens et seule la fatalité et le hasard guident nos pas.
Le récit de Meursault illustre effectivement ces idées : il se contente de décrire les événements de manière distante et détachée, même lorsque quelque chose le touche de près, comme la mort de sa mère dans l’incipit.
Situation du texte de l’extrait
Incipit du livre : extrait qui livre sans préambule au lecteur , à travers un récit à la première personne, les réactions d’un homme qui se trouve confronté à la mort de sa mère. Pour le comprendre et le connaître, le lecteur n’a qu’un texte écrit à la 1ère personne, par le personnage. Situation initiale lente, le lecteur découvre l’homme sans précipitation excessive. => Le lecteur est déconcerté par l’attitude du « Je » qui fait penser à un journal.
QUESTION ET PLAN
En quoi cet incipit remet-il en cause les conventions romanesques ?
- Les éléments conventionnels
- Les éléments déroutants
I. Les éléments conventionnels
1. Le cadre spatial temporel précis et réaliste
a. Le cadre spatial
Le cadre spatial est précis/réaliste : nous pouvons le situer dans l’espace précisément : avec la référence à deux villes existantes « L’asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d’Alger » (ligne 7-8), « au restaurant, chez Céleste » (ligne 27-28).
b. Le cadre temporel
Le cadre temporel est également précis grâce à beaucoup d’indications : « Aujourd’hui » (ligne1), « hier » (ligne 2, ligne 6), « demain » (ligne 4), « à deux heures » (ligne 9 et 26), « après-midi » (ligne 10), « demain soir » (ligne 11), « après demain » (ligne 20), « après l’enterrement » (ligne 22-23). Nous avons des repères spatiotemporels ponctuels qui permettent de situer l’action dans une chronologie précise. L’époque qui se dégage est contemporaine de celle de l’écriture : « le télégramme » (ligne 3), « l’autobus » (ligne 9-26). Le récit commence le matin, ce qui s’inscrit dans la tradition romanesque.
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